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2011
14 – Calvados

Blainville-sur-Orne – Basse vallée du Dan

Sondage (2011)
Responsable d’opération : Cécile Allinne

Entrées d’index

Année de l'opération :

2011

Numéro d’opération :

163093

Nature de l'opération :

opération de diagnostic
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Craham

Texte intégral

1La campagne de fouille programmée de 2011 est la troisième effectuée sur le site. Les années précédentes (2008, 2009), une longue esplanade empierrée, de 8 m de large, tapissant la berge du Dan antique et limitée par un quai, avait été mise au jour. En arrière de la berge, un petit bâtiment entouré d’une cour avait été édifié. L’occupation était limitée par un long mur est-ouest, parallèle au Dan, isolant ainsi une bande construite d’une quinzaine de mètres de largeur s’étirant le long du cours d’eau sur 80 m au minimum (l’esplanade empierrée se voit très bien en photographie aérienne).

2Cette année, l’opération a consisté d’abord à agrandir vers l’ouest la zone de fouille précédemment ouverte en bordure du cours d’eau, de manière d’une part à obtenir une vision plus large de l’organisation du bâti en haut de pente, d’autre part à essayer de mieux comprendre les structures construites s’étirant depuis le quai dans le cours d’eau antique. L’objectif général de l’intervention sur ce secteur était de mieux caractériser les activités économiques du site et leur lien avec le Dan. En haut de pente, l’édifice découvert en 2009 a été fouillé dans sa totalité. Il s’agit d’un bâtiment de 2 pièces, de 45 m2, entièrement construit sur solins. Élevé à la fin du iie s. ou au début du iiie s., il est contemporain d’une phase de restauration de la calade, et recouvre les vestiges d’une petite construction et de 4 foyers, remontant au ier s. Le bâtiment de 2 pièces ouvre à l’est et à l’ouest sur deux espaces extérieurs (cours) au sol de terre battue. Une entrée semble s’être trouvée au sud, permettant l’accès à la berge. Au nord, l’occupation est toujours limitée par le long mur-terrasse, suivi sur 20 m de long. Dans le chenal antique, 2 puissants murs, parallèles entre eux et perpendiculaires au quai, ont été dégagés. Larges d’au moins 2 m, ils ont été fouillés sur 4 m de long mais se poursuivent sous la limite de fouille sud, vers le lit actuel du Dan. Ils limitent un espace en eau de 5 m de large, évoquant un bassin d’appontement. Dans le fond de ce secteur, un vaste empierrement de blocs disjoints tapissait le fond du chenal. D’après ces observations, la profondeur d’eau en avant du quai ne devait pas excéder 80 cm au iiie s. Sur l’ensemble de cette zone de fouille en bordure du Dan, le mobilier archéologique s’est distingué par son abondance et son originalité. Trois blocs calcaires ovales et trapézoïdaux, percés d’un trou à leur sommet, ont notamment été mis au jour. Il pourrait s’agir d’ancres, par comparaison avec des découvertes déjà effectuées. Celles-ci auraient pu servir à immobiliser des barques légères dans un cours d’eau peu actif, comme c’était le cas du Dan antique, ou encore être utilisées pour maintenir des casiers de pêche. Quatre lests de filets de pêche (ou de chasse) en plomb ont par ailleurs été découverts dans le comblement du cours d’eau et en surface de l’aire empierrée. L’ensemble de ces données dessine le contour d’un site à vocation portuaire, même s’il ne s’agit que d’un débarcadère modeste. Corroborant l’hypothèse d’une place d’échange, 78 monnaies ont été mises au jour dans ce secteur, principalement dans le comblement du cours d’eau, dans les épaisses couches de circulation accumulées sur l’aire empierrée, après la fin de son entretien régulier, et dans les niveaux composant les sols successifs de la cour encadrant le bâtiment. L’étude préliminaire effectuée par P.-M. Guihard (Craham, service de numismatique) a montré que ce lot important était composé pour l’essentiel de pièces très usées, de valeur médiocre à l’unité, témoignant de transactions de faibles montants (achats de la vie quotidienne) mais effectuées à un rythme très soutenu. Une partie des monnaies aurait pu être frappée localement, comme en témoigne un lourd cône en fer de 19 cm de long découvert dans le fond du chenal dans des contextes de la fin du iiie s. et évoquant un coin monétaire. Originalité supplémentaire, la période de plus grand dynamisme du site, telle qu’elle est documentée par la numismatique, est la 1ère moitié du ive s. Les études à venir du mobilier archéologique, notamment métallique et céramique, sont dans ce sens très attendues pour préciser la vocation et la fourchette d’occupation du site.

3Deux sondages à la pelle mécanique ont par ailleurs été pratiqués en 2011 sur le flanc du versant, à l’emplacement d’anomalies révélées en prospection géophysique. Absolument vierges de tout vestige archéologique, ils ont essentiellement montré les limites de l’interprétation des cartes de résistivité électrique et magnétique. Un sondage de 75 m2 a enfin été ouvert contre la tranchée effectuée en diagnostic par l’Inrap en 2005. L’objectif était de poursuivre la fouille des structures interprétées comme des unités d’habitation, afin de vérifier l’hypothèse d’un habitat groupé. À cette fin, le sondage a été implanté de manière à recouper ce qui avait été compris comme deux fonds de cabanes. La fouille a en fait révélé une vaste aire de circulation composée de plusieurs niveaux de sols en terre battue très damés, dont les nids-de-poule avaient été comblés par des recharges caillouteuses de formes et de profondeurs variées. Deux fosses parementées, l’une arrondie, l’autre rectangulaire, constituaient les seules structures construites de la zone de fouille. Ces résultats remettent clairement en question l’interprétation de cette partie du site comme une zone d’habitations sur poteaux. Ce secteur est aussi remarquable par le très faible enfouissement des couches archéologiques (15 cm environ sous le niveau du sol actuel), leur état d’arasement et le mélange très net observé dans les couches superficielles avec du matériel contemporain (vaisselle de table des xixe et xxe s., cartouches et douilles de la Seconde Guerre mondiale). Les assemblages de mobilier céramique et monétaire antique renvoient à la même fourchette chronologique que dans le fond de vallée : latente ou sporadique dans la 2e moitié du ier s. apr. J.‑C., l’occupation se densifie à partir du tournant du iiie s. et ne décline qu’à partir de la 2e moitié du ive s.

Fig. 1 – Plan général des vestiges mis au jour le long du Dan

Fig. 1 – Plan général des vestiges mis au jour le long du Dan

DAO : P. Morange, C. Allinne (Craham).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan général des vestiges mis au jour le long du Dan
Crédits DAO : P. Morange, C. Allinne (Craham).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/120868/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 884k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Cécile Allinne, « Blainville-sur-Orne – Basse vallée du Dan » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 22 mars 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/120868

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Auteur

Cécile Allinne

Craham

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Responsable d’opération

Cécile Allinne

Craham

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Droits d’auteur

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