1Le diagnostic mené sur les 65 000 m2 de la future extension de la carrière des Monteaux à Vivy a considérablement enrichi notre connaissance de l’occupation anthropique de ce secteur (fig. 1).
Fig. 1 – Plan général de l’opération
DAO : H. Hostein (Inrap).
2L’environnement archéologique connu en amont de l’intervention permettait d’envisager des traces d’occupations humaines remontant pour certaines au Campaniforme. Les données recueillies lors de cette opération ont révélé que celles-ci se rapportent à une chronologie plus large et s’étendent plus largement dans l’espace. Deux précédents diagnostics, réalisés en 1998 et 2000, avaient permis d’identifier une occupation campaniforme à quelques centaines de mètres plus à l’est, qui ne semblait pas – ou seulement de de manière ponctuelle – se poursuivre en direction du sud (Convertini 1998) ni du sud-ouest (Vacher 2000). Le projet actuel a, en revanche, démontré qu’elle se prolonge vers l’ouest.
3Le gisement des Monteaux couvre plusieurs périodes chronologiques et se caractérise par un contexte géomorphologique particulier, qui influe sur la perception des vestiges. En effet, le contexte de vallée – celle de l’Authion, affluent de la Loire – dans lequel s’inscrit le projet induit la présence de dunes de sables éoliens. Sur l’emprise même du projet, une de ces formations demeure encore avec plus de 3 m d’élévation, témoin d’un paysage ancien vallonné. Le site archéologique est ainsi situé au milieu de dunes hautes de 3 à 4 m, en forme de croissant incurvé vers l’est, qui reposent sur les alluvions partiellement ou totalement remaniées de la basse terrasse qui occupe la vallée de la Loire sur sa rive droite, la microtopographie permettant d’identifier encore les bases de ces monticules conséquents de sables.
4Des vestiges datés de l’Azilien final à l’âge du Bronze final, en passant par le Néolithique ancien, le Néolithique récent/final, le Campaniforme et le Bronze ancien, ont été découverts entre ces mêmes dunes, sous 0,70 à 1 m de colluvions sableuses, et ce sur la quasi-totalité de la surface prescrite. Ces vestiges se superposent sur une épaisseur maximale de 0,60 m, dans une matrice de sables éoliens colluvionnés qui recouvrent le sommet de la terrasse. La présence de vestiges conservés dans les colluvions provenant de l’érosion des dunes alentours indique clairement que ces dernières étaient présentes dans le paysage avant même la première occupation connue, datée de 13000 av. J.-C. C’est dire aussi que les grandes crises éoliennes de la vallée de la Loire sont antérieures à cette date, ce que le site azilien des Chaloignes, découvert sur un versant en rive gauche du fleuve proche de Mûrs-Érigné, avait déjà permis de constater. Les dunes ont été alimentées, au moins partiellement, par les sables provenant de l’ablation par déflation des matériaux de la terrasse sous-jacente, processus attesté par la présence de gravillons siliceux éolisés situés au sommet de la terrasse.
5La superposition de niveaux de sables éoliens remaniés sur le sommet horizontal de la terrasse, plus ou moins cimentée, a favorisé le développement d’un horizon d’accumulation de limons fins, à tendance argileuse et organique, à l’interface entre ces deux formations. Cet horizon de couleur grise et noire imprègne sur 0,40 à 0,50 m d’épaisseur la matrice sableuse contenant les sites archéologiques. Il ne s’agit donc pas d’un ou de plusieurs paléosols comme aurait pu le suggérer une lecture sédimentaire superficielle, mais du développement post-dépositionnel d’un horizon dans lequel se trouve les sites archéologiques, ce qui explique que la lecture de structures en creux dans cet horizon s’avère quasi impossible. La présence d’aménagements en pierres (structures de cuisson probables) ainsi que la détection de fosses de l’âge du Bronze dans le secteur sud (épaisseur de l’horizon moins conséquente) confirme toutefois la présence d’occupations aménagées, associées à un mobilier lithique et en terre cuite (céramiques, fusaïoles) particulièrement abondant (fig. 2).
Fig. 2 – Sélection de céramiques provenant du sondage 79
Clichés et DAO : H. Hostein (Inrap).