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2021
03 – Allier

Gannat – Zone d’activité du Malcourlet

Opération préventive de diagnostic (2021)
Responsable d’opération : Clémence Roger

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Département de l’Allier

Roger C. 2022 : Gannat, Zone d’activité du Marcoulet (Auvergne-Rhône-Alpes, Allier, 03118), rapport de diagnostic, Moulins, Sapda.

Texte intégral

1Cette opération de diagnostic archéologique, menée suite à une demande anticipée, dans le cadre du projet d’extension de la zone d’activité du Malcourlet dans la commune de Gannat, a été réalisée par les équipes du Sapda à l’automne 2021. L’emprise de ce diagnostic, de 8 ha, a livré un ensemble d’aménagements qui témoignent d’une occupation relative à différentes périodes chronologiques.

Fig. 1 – Plan des sondages réalisés au terme de l’opération et réseaux présents sur l’emprise

Fig. 1 – Plan des sondages réalisés au terme de l’opération et réseaux présents sur l’emprise

DAO : (Sapda).

Vestiges protohistoriques

2Parmi les vestiges les plus anciens recensés, on compte de rares structures en creux qui ont livré du mobilier protohistorique, dont une fosse de plan quadrangulaire contenant du mobilier de l’âge du Bronze. Le quart nord-est de l’emprise a également livré du mobilier céramique de cette même période. Bien qu’il ne soit associé à aucun contexte, sa faible fragmentation suggère des déplacements limités dans l’espace et pourrait suggérer l’existence d’une occupation de cette période dans un périmètre proche.

3La fin de la Protohistoire est peu représentée, avec un contexte, seulement : un fossé linéaire profond d’environ 0,50 m et qui a livré un lot céramique daté de La Tène C ou D. Au nord de l’emprise, est supposée l’existence d’un enclos quadrangulaire qu’il n’a pas été permis d’investiguer davantage dans le cadre de cette opération.

Antiquité : des vestiges d’adduction

4L’occupation de la zone est attestée par l’existence de deux aménagements en creux de plus d’un mètre de profond, semblables à des systèmes d’adduction et de transport de l’eau. La topographie du terrain suggère qu’elle devait circuler selon un axe sud-ouest – nord-est. Ces aménagements sont datés, par terminus post quem, entre la deuxième moitié du iie s. et la première moitié du iiie s. apr. J.‑C. Des dispositifs analogues ont été observés non loin de là, à Bassat, Monteignet-sur-l’Andelot. La présence de ce type d’aménagement hydraulique témoigne d’une volonté d’alimenter en eau un secteur d’occupation sans doute important, qui peut trouver un lien avec les anomalies de terrains repérées par prospection aérienne par B. Dousteyssier et située à proximité de la zone investiguée ici (MSH UCA).

La voie aménagée F121

5La voie F121 orientée sud-sud-ouest – nord-nord-est apparaît comme un élément marquant du paysage antique de ce secteur. Elle a été identifiée sur près de 95 m de long au nord-est de l’emprise mais son tracé se perd dans le tiers nord. Elle est conservée à une cinquantaine de centimètres sous le niveau de sol actuel, mesure entre 4 et 5 m de large et est constituée de gros blocs ou dalles calcaires bien scellés et localement aménagés, de sorte à former un niveau plat adapté à la circulation (fig. 2). Notons que les tronçons dégagés n’ont pas permis d’identifier des ornières ou de traces d’usure en lien avec la fréquentation de cette chaussée, probablement en raison de l’érosion de la bande de roulement. Les accotements ne semblent pas avoir fait l’objet d’aménagements spécifiques. La difficulté de lecture des vestiges en creux dans l’encaissant limono-argileux brun n’a certainement pas permis d’identifier ni de creusement d’installation de la chaussée, ni des fossés bordiers.

Fig. 2 – Vue de la chaussée de la voie antique F121 (SD 7) lors de l’ouverture de la coupe, depuis le sud

Fig. 2 – Vue de la chaussée de la voie antique F121 (SD 7) lors de l’ouverture de la coupe, depuis le sud

Cliché : (Sapda).

6La particularité de cet axe de circulation repose sur la quantité et la nature du mobilier associé mis au jour. En effet, 84 restes ont été collectés, parmi lesquels quelques fragments de terre cuite architecturale, des ossements de bœuf mais également de quatre restes métalliques dont une hache de débitage en fer, un fragment de gouttière de fibule et deux clous de chaussures. Le lot céramique, composé de 23 fragments, renvoie, quant à lui, à un usage de la voie sur le temps long puisque « les productions les plus anciennes permettent de supposer qu’elle était déjà utilisée à l’époque flavienne. » Elle pourrait avoir servi encore à l’Antiquité tardive.

7À moins de 9 km au sud de l’emprise, dans la commune d’Aigueperse, des travaux d’archéologie préventive préalables au contournement de la ville ont permis de mettre au jour une ancienne voirie, qui pourrait trouver une équivalence avec le segment découvert ici (Coquidé 1998 ; Lautier 2015). C. Coquidé a ainsi mis au jour plusieurs chaussées. La première répond à une orientation nord-est – sud-ouest et est composée de petits galets et fragments de tuile et tapisse un creusement large de 6 m. La seconde mesure entre 5 et 6 m de large et est aménagée en dalles calcaires disposées à plat disséminées dans un limon brun foncé. La dernière mesure 2 m de large. Elle est composée de petits galets sur 15 cm d’épaisseur (probablement moderne). Elle est bien aménagée à l’est par un blocage de pierres. En 2015, L. Lautier a mis au jour les indices d’un aménagement de voirie antique qui se matérialise par un fossé drainant et une concentration de blocs qui pourraient être les restes d’une chaussée. Dans son rapport d’opération, L. Lautier suggère que cet itinéraire puisse dévier, voire se dédoubler.

8La voie ainsi mise au jour pouvait desservir le bourg antique de Gannat. L. Fanaud, dans son ouvrage Voies romaines et vieux chemins en Bourbonnais, retrace la voie Clermont-Ferrand-Bourges en passant par Artonne, Gannat, Les Chazoux et Bègues. Il propose également la construction d’une voie, basse cette fois-ci, « pour desservir la ville nouvelle de Gannat, devait se rattacher à la voie primitive à Artonne » et suppose qu’elle devait emprunter « la trouée naturelle dans laquelle coule l’Andelot ».

Une zone funéraire en bordure de voie ?

9Les derniers vestiges en lien avec l’Antiquité découverts au terme de cette opération de diagnostic sont trois dépôts céramiques et une sépulture à inhumation mis au jour dans le sondage le plus au nord de l’emprise. Deux dépôts sont identifiés comme des jattes de Limagne connues entre la moitié du iie et le iiie s. apr. J.‑C. Ils présentent des cassures anciennes et une probable US de calage. Bien qu’aucun reste anthracologique ou anthropique ne soit conservé, ces dépôts volontaires pourraient avoir une vocation funéraire. Leur lien avec le troisième dépôt n’est pas assuré. Ce dernier est un dépôt céramique qui apparaît à un niveau plus élevé. L’individu est déposé à l’endroit et écrasé sur lui-même. Il présente une facture différente, avec la présence d’esquilles d’os et de charbons. Un prélèvement de ce dernier propose un rattachement chronologique au Bronze final. Néanmoins, l’hypothèse d’une pollution de l’échantillon n’est pas à exclure. Le contexte de découverte et l’environnement archéologique de ce dépôt suggère une datation plus tardive.

10Dans le secteur, a été mise au jour une sépulture à inhumation orientée sud-sud-est – nord-nord-ouest, endommagée suite au décapage mécanique. Le creusement de la fosse sépulcrale n’est pas perceptible mais n’a pas suivi le substrat marno-calcaire. L’étude anthropologique révèle qu’il s’agit d’un individu adulte inhumé dans un contenant funéraire. La datation de cet ensemble repose sur une monnaie mise au jour dans le comblement de la sépulture et d’une datation radiocarbone qui datent la mort de l’individu au cours du Bas-Empire (fig. 3). Aucun autre vestige analogue n’a été repéré dans les tranchées ouvertes et malgré les fenêtres d’observations réalisées.

11La relation entre cette concentration de vestiges à vocation funéraire et la voie antique F121 dont on perd le tracé dans ce secteur n’a pas été clairement identifiée au terme de cette opération de diagnostic. Les datations avancées laissent néanmoins suggérer que les deux ensembles aient pu être en fonction de façon simultanée.

Fig. 3 – A, vue de la monnaie (ISO 115-1) en contexte ; B, monnaie (ISO 115-1) mise au jour dans le comblement de la sépulture SP 115 (probable As d’Antonin le Pieux)

Fig. 3 – A, vue de la monnaie (ISO 115-1) en contexte ; B, monnaie (ISO 115-1) mise au jour dans le comblement de la sépulture SP 115 (probable As d’Antonin le Pieux)

Clichés et DAO : (Sapda).

Bruit de fond médiéval

12La période médiévale est peu représentée. Les seuls témoins de l’occupation des lieux à cette période tiennent en la présence de mobilier céramique mis au jour hors contexte et bien souvent dans les niveaux supérieurs. Ils sont pour l’essentiel datés, par terminus post quem, du bas Moyen Âge.

13Aussi, il n’apparaît qu’aucun contexte en lien avec la chapelle « de Malcourley » n’ait été mis au jour. En ce sens, cet ensemble est circonscrit et des vestiges en lien avec ce dernier pourraient être conservés plus au nord ou plus à l’ouest, probablement dans des zones déjà artificialisées.

Des terrassements contemporains

14Cette opération de diagnostic a permis d’appréhender une phase de travaux préalable à la construction d’un ensemble industriel en lien avec plate-forme aéronautique de Gannat-Escurolles, destinée à accueillir la Société des avions Caudron (Société française de construction d’avions active entre 1909 et 1946, rachetée par Renault en 1933).

15Ces aménagements se traduisent par la présence de niveaux de remblais pouvant mesurer jusqu’à 0,50 m d’épaisseur, identifiés dans le tiers sud de l’emprise. Ces travaux de terrassements avaient pour objectif de niveler le terrain en raison d’une dépression naturelle de ce dernier et identifiés par l’ouverture d’une transversale dans ce secteur. Des recherches historiques permettent de savoir que les terrains, acquis par expropriations en 1935, ont fait l’objet de premiers terrassements et que des matériaux y ont été déposés. C’est en 1940 que le Ministre de l’Air décide de faire cesser les travaux entamés « des Usines Caudron à Gannat et Saulzet ». Les terrains seront finalement remis au Domaine en 1948.

16C’est dans ce contexte qu’il faut trouver l’origine du bosquet présent au centre de l’emprise du diagnostic.

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Bibliographie

Fanaud L. 2005 : Voies romaines et vieux chemins en Bourbonnais, Éditions de Borée.

Lautier L. 2015 : Aigueperse (Puy de Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes) La Croix Première, rapport de diagnostic archéologique, Clermont-Ferrand, Inrap.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan des sondages réalisés au terme de l’opération et réseaux présents sur l’emprise
Crédits DAO : (Sapda).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/126618/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 856k
Titre Fig. 2 – Vue de la chaussée de la voie antique F121 (SD 7) lors de l’ouverture de la coupe, depuis le sud
Crédits Cliché : (Sapda).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/126618/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 746k
Titre Fig. 3 – A, vue de la monnaie (ISO 115-1) en contexte ; B, monnaie (ISO 115-1) mise au jour dans le comblement de la sépulture SP 115 (probable As d’Antonin le Pieux)
Crédits Clichés et DAO : (Sapda).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/126618/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 386k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Clémence Roger, « Gannat – Zone d’activité du Malcourlet » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 15 novembre 2022, consulté le 18 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/126618

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Auteur

Clémence Roger

Service d’archéologie préventive du Département de l’Allier

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