1Le diagnostic archéologique réalisé au sein du Parc des Sources de Vichy a permis l’ouverture de dix-huit sondages, dans un environnement à fortes contraintes. Ces sondages se répartissent sur toute l’étendue du parc et couvrent une surface d’ouverture correspondant à 1,13 % de l’emprise prescrite. Ce faible taux n’a pas empêché de mieux cerner l’évolution de cet espace de l’Antiquité à nos jours et de renseigner les formations de son sous-sol.

2Les sondages mettent en évidence deux espaces à fort potentiel archéologique, au nord et au sud du corps principal du parc (fig. 1).

3Au nord, la parcelle AX 65 renferme les vestiges d’une installation romaine à la construction soignée et riche en matériaux luxueux (plusieurs fragments de marbres et une tesselle de mosaïque : fig. 2). La présence de pièces creusées dans le substrat et d’une importante quantité de mortier hydraulique suggère une installation en lien avec une activité liée à l’eau (piscines ou bassins). Associée à des éléments de démolition antiques, la découverte de concrétions carbonatées suggère qu’une activité utilisant des sources thermales fut effective. La source Chomel, dont le captage antique est attesté, se situe à 50 m au nord de ces découvertes.

4La datation radiométrique du dernier état de sol de l’aménagement antique le situe entre la fin du i^er s. et le début du iii^e s. apr. J.-C (datation Ciram-2914, âge ¹⁴C conventionnel : 1895 ± 27, date ¹⁴C calibrée : 71 AD-220 AD [95,4 %]).

5L’occupation au Moyen Âge du secteur nord ne se saisit majoritairement qu’à travers quelques tessons épars.

6Pour la période moderne, un bâtiment a été observé dans la parcelle AX 65. Cette période est visible dans le sondage SD8 au travers de constructions abandonnées au xvii^e s. Dans la parcelle mitoyenne, AX64, ce sont les restes d’un imposant mur qui apparaissent dans le sondage SD18. Celui-ci correspond au mur gouttereau sud de l’église des Capucins dont le couvent est occupé de 1638 à la Révolution française.

7Au xix^e s., l’important essor du thermalisme entraîne la réalisation de nouvelles constructions. Les thermes de deuxième et troisième classes sont construits en 1857 sur toute l’étendue de la parcelle AX 64. Les fondations du bâtiment ont été reconnues dans le SD10. Le sondage SD11 a mis au jour l’extension de ces thermes en 1898, et, notamment, une cave comblée par les éléments de démolition des anciennes buvettes du Hall des Sources en activité entre 1903 et 1928. La parcelle AX 65 connaît un phénomène similaire, avec l’agrandissement des thermes de première classe sur toute la surface de la parcelle. Les fondations de ces thermes ont été reconnues dans les bermes des sondages SD8 et SD9.

8Au sud du corps principal du parc, au niveau du Square de l’hôpital (AX 69) et du parc réservé de la Source de l’Hôpital (AX 71), une évolution similaire se manifeste.

9Les sondages SD1, SD2, SD3, SD4 et SD17 ont tous livré des niveaux renfermant du mobilier gallo-romain. Dans la partie ouest de la parcelle AX 69, ce mobilier est issu de fosses et de remblais en partie arasés par les fondations de la période moderne (SD3 et SD4). La partie ouest, mieux préservée par l’absence de constructions postérieures, révèle une succession de niveaux de sol et plusieurs murs (fig. 3). Ces vestiges n’ont pas été clairement caractérisés. Malgré la proximité avec le captage antique de la source de l’hôpital, le mobilier renvoie à la sphère domestique.

10À la période moderne, un bâtiment est présent dans la partie ouest de la parcelle AX 69. Le sondage SD4 montre que ces fondations sont déjà présentes au xvii^e s. Ce sondage a révélé l’existence d’une grande pièce et de son annexe au sol carrelé desservie par un escalier. Il pourrait s’agir du faubourg existant avant l’implantation de l’hôpital civil, notamment de la maison de l’abbé Delarbre qui sera donnée au milieu du xviii^e s. pour la création de l’hôpital civil entre 1848 et 1853. À la destruction de l’hôpital, la parcelle est rattachée au Parc des Sources, des arbres y sont plantés et une galerie marchande rayonnant autour d’un kiosque à musique est construite, en 1902.

11Des bains sont construits au xix^e s. contre l’hôpital (AX 71). Ils seront utilisés entre 1818 et 1937. Le sondage SD5 a révélé un très bon état de conservation de ces bains dont les murs sont encore en élévation sur 1,60 m avec leurs enduits. Une galerie souterraine est-ouest traverse les bains de l’hôpital.

12Le corps principal du parc (AX 66, AX 67 et AX 68) correspond majoritairement à l’emprise du marais des Rosières. Il est traversé par un paléochenal du ruisseau des Rosières reconnu dans les sondages SD6 et SD7. Celui-ci est en activité au cours du Moyen Âge et de la période moderne. Un petit aménagement du xiii^e-xv^e s. a été découvert dans le sondage SD13, en bordure sud du marais.

13L’ensemble des sondages réalisés révèle que les zones impactées par le marais ont été rehaussées au cours du xix^e s. Cette période correspond à la mise en place du parc, toujours existant.