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2021
43 – Haute-Loire

Le Puy-en-Velay – 1 rue de la Visitation

Opération préventive de diagnostic (2021)
Responsable d’opération : Daniel Parent

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Parent D. 2021 : Le Puy-en-Velay (Haute-Loire, Auvergne-Rhône-Alpes) 1 rue de la Visitation, rapport de diagnostic, Clermont-Ferrand, Inrap.

Texte intégral

1Le couvent moderne de la Visitation au Puy-en-Velay, qui date du xixe s., occupe un vaste tènement clos de murs au pied du rocher portant la statue de Notre-Dame de France. Divers bâtiments composent cet ensemble monumental qui occupe un grand terrain de plus de 7 000 m2, regroupant une chapelle, le couvent des religieuses et un jardin en terrasse qui domine les bâtiments de la congrégation des sœurs hospitalières de Saint-Joseph, accessible depuis la rue des Farges. Il se développe entre les places Saint-Maurice, au sud, et Monseigneur de Galard, au nord, l’adresse officielle se situant 1 rue de la Visitation, rue qui, avec la rue Gouteyron longe la parcelle à l’est (fig. 1).

2Cette intervention est motivée par le projet de changement de destination et de rénovation complète du bâtiment.

Fig. 1 – Plan masse avec la localisation des bâtiments et des sondages sédimentaires 1 à 7

Fig. 1 – Plan masse avec la localisation des bâtiments et des sondages sédimentaires 1 à 7

DAO : Inrap.

3Les religieuses visitandines, installées primitivement place de la Plâtrière, avant la Révolution, firent leur retour au Puy-en-Velay en 1808 et s’installèrent dans l’ancien couvent Saint-Maurice-du-Refuge, qui avait été reconstruit vers 1687. L’histoire de la congrégation comme celle des bâtiments est donc relativement bien documentée. Les bâtiments ont été installés à la place d’un autre établissement religieux dont les constructions, vétustes au moment de leur acquisition, ont été rasées. Les bâtiments actuels ont été édifiés pour l’essentiel durant la première moitié du xixe s. : l’extension de l’aile donnant sur la place Saint-Maurice (aile B) à partir de 1819, la chapelle en 1837 et l’aile principale nord (aile A) en 1846-1847. À ce nœud initial se sont adjointes au xxe s. deux extensions : l’aile L, dans la grande cour, greffée sur l’extrémité est de l’aile A qui condamne les ouvertures ouest du chœur des religieuses, et l’aile F, qui s’insère entre la chapelle et l’aile B. L’ensemble, bien que labyrinthique, et malgré une vision un peu brouillée, due avant tout aux ajouts du xxe s., fournit un ensemble cohérent de l’architecture conventuelle du début du xixe s. Malgré, ou en plus, de cette cohérence, plusieurs traces des occupations antérieures subsistent dans le bâti qui, grâce à cette « épaisseur historique » supplémentaire, permettent d’ancrer plus profondément le couvent dans le développement de la ville.

4Le témoin le plus ancien est constitué par les vestiges de l’enceinte urbaine édifiée entre le xiiie et xive s. (fig. 2). Son empreinte est conservée dans le tracé de la partie septentrionale du mur de clôture du grand jardin, même si les maçonneries ont subi plusieurs reprises. La partie la plus septentrionale a été abattue par les sœurs pour faire place à un petit bosquet et un kiosque néoclassique (détruit), mais le sondage sédimentaire no 1 a confirmé sa présence à cet endroit, établissant ainsi le lien avec le mur épais qui forme la limite parcellaire dans son prolongement ouest.

Fig. 2 – Vestiges du mur de ville médiéval, porte Gouteyron

Fig. 2 – Vestiges du mur de ville médiéval, porte Gouteyron

Clichés : D. Parent (Inrap).

5Aucun élément matériel ne témoigne d’une occupation antérieure à cette enceinte, ainsi qu’entre la fin du Moyen Âge et le début de l’époque moderne. Cette absence pourrait d’ailleurs refléter un réel vide qui a pu être mis à profit lorsque les congrégations religieuses ont utilisé de vastes terrains pour leurs établissements. La taille de la parcelle, inhabituelle en centre-ville, peut refléter la fossilisation de ce découpage ancien.

6En revanche, des vestiges, tant mobilier qu’immobilier, attestent de l’occupation du site à partir du xviie s. Cinq des sept sondages ouverts dans les deux terrasses du grand jardin nord ont livré du mobilier céramique datant de cette période. Celui-ci est systématiquement concentré dans une couche de remblai située entre -1,60 m et 2,60 m, qui correspond probablement au nivellement de ces terrasses qui a pu être effectué par la congrégation de Saint-Joseph, présente avant la Révolution, puisque les terrasses sont déjà mentionnées dans les inventaires de cet ordre. Le mobilier peut provenir de la vaisselle de cet ordre, ou bien, comme pourrait l’indiquer la forte concentration regroupée dans un seul niveau, de déblais issus de la démolition d’une occupation antérieure. On peut aussi noter la présence assez récurrente de faune portant des traces de découpe que l’on peut rapprocher de la rue de la Boucherie Haute située sous la place Saint-Maurice.

7Des éléments antérieurs aux chantiers des Visitandines sont également conservés dans le bâti. Hormis l’existence des deux terrasses, deux constructions sont figurées sur le cadastre de 1808 : le pigeonnier (J) sur la terrasse inférieure et la maison Dugone (G) adossée à la rue Gouteyron.

8La mouluration des portes intérieures de cette maison appartient au vocabulaire décoratif du xviie s., ainsi que plusieurs ouvertures chanfreinées condamnées dans les façades est et sud. La cave est couverte par des voûtes s’appuyant sur un pilier central, dont la stéréotomie soignée des blocs de brèches (fig. 3) est identique à celles de plusieurs caves du centre-ville datées du xviie s. ou même d’avant. On peut noter la présence de graffiti dans la pièce sud à l’étage, dont un qui figure un chapiteau de style corinthien (fig. 4), qui pourrait, comme le suggèrent les « grilles » de proportions incisées dans le plâtre, être un dessin préparatoire pour ceux qui surmontent les pilastres de la nef dans la chapelle.

Fig. 3 – Cave du bâtiment G : vue générale de la stéréotomie vers l’ouest (travée nord)

Fig. 3 – Cave du bâtiment G : vue générale de la stéréotomie vers l’ouest (travée nord)

Cliché : S. Binninger (Inrap).

Fig. 4 – Bâtiment G, graffiti au premier étage

Fig. 4 – Bâtiment G, graffiti au premier étage

a, pièce sud-ouest au premier étage du bâtiment G. Porte moulurée, solives sur poutre centrale à l’aplomb de la cloison, dessins ; b, dessins de chapiteau et d’un autre décor végétal sur la cloison.

Clichés : D. Parent (Inrap).

9Quelques éléments laissent envisager des configurations antérieures de ce bâtiment. L’accès à la cave a été modifié : au sommet, la feuillure d’une ancienne trappe, dans laquelle est installé l’escalier actuel, et les blocs chanfreinés d’un piédroit situés au droit de l’escalier dans le mur est de la maison, laissent envisager un ancien accès depuis la rue Gouteyron. Plusieurs petites baies chanfreinées qui donnent sur la cour sud et le bassin ovale sont également bouchées. Dans la rue Gouteyron, la présence de deux portes condamnées, qui se recoupent (fig. 5), témoignent également de constructions disparues.

Fig. 5 – Mur qui longe la rue Gouteyron avec plusieurs passages bouchés : deux états de portes dans le mur Goutteyron accolé à la maison G

Fig. 5 – Mur qui longe la rue Gouteyron avec plusieurs passages bouchés : deux états de portes dans le mur Goutteyron accolé à la maison G

Cliché : D. Parent (Inrap).

10Au sein des bâtiments édifiés par les sœurs Visitandines à partir de 1819 et durant les xixe et xxe s., chantiers sur lesquels nous ne revenons pas dans cette étude, subsistent également des vestiges matériels ou des indices indirects de bâtis antérieurs. C’est avant tout dans l’aile (B) donnant sur la place Saint-Maurice que ces éléments sont présents. Construite en premier, dès 1819, l’aile (B) est venue englober une construction préexistante, dont l’emprise se devine dans la façade donnant sur cette place. Les sondages menés dans les élévations intérieures ont confirmé cette hypothèse, mais ils ont également montré que le bâtiment, relativement isolé, ouvrait également par une baie au nord sur un espace non construit. Celui-ci se retrouve sous forme d’un espace (22) fossilisé en sous-sol (fig. 6), qui semble correspondre à une ancienne voie de circulation (ruelle, impasse ?) dont le tracé est présent sur le cadastre de 1809.

Fig. 6 – Espace no 22 : une ancienne rue en pente (?) sous une dalle béton (xxe s.)

Fig. 6 – Espace no 22 : une ancienne rue en pente (?) sous une dalle béton (xxe s.)

Cliché : D. Parent (Inrap).

11Une autre voie, figurée sur ce plan, a également disparu : la rue de Montferrand montait depuis l’église Saint-Laurent jusqu’à la terrasse inférieure du grand jardin. Elle se prolongeait peut-être, à l’origine, jusqu’à la rue Gouteyron, mais cette configuration n’existait déjà plus au début du xixe s. Seule la disposition de trois caves débordant de l’emprise des bâtiments actuels, mais appartenant probablement à ceux du Refuge, pourrait en marquer le tracé approximatif.

12De façon plus anecdotique, mais suffisamment exceptionnelle du fait de leur variété, un ensemble de planches peintes ont été remployées comme voliges pour la rénovation de la couverture de l’aile principale à la fin du xixe s. Elles présentent des décors variés allant de la simple couleur blanche ou grise à des motifs floraux ou géométriques (fig. 7), et conservent en bordure des bandes de papiers imprimés ayant servi de « bande de joint » pour couvrir les vides entre planches avant l’application de la peinture (fig. 8).

Fig. 7 – Planches peintes remployées comme voliges dans les combles de l’aile A : groupe C

Fig. 7 – Planches peintes remployées comme voliges dans les combles de l’aile A : groupe C

Clichés et DAO : V. de Leonardi, D. Parent (Inrap).

Fig. 8 – Comble du bâtiment A, planches peintes en remploi comme voliges. Utilisation de bandelettes de papier en remploi (pages d’écriture, papiers imprimés) comme « bandes de joint » entre les planches

Fig. 8 – Comble du bâtiment A, planches peintes en remploi comme voliges. Utilisation de bandelettes de papier en remploi (pages d’écriture, papiers imprimés) comme « bandes de joint » entre les planches

Clichés : V. de Leonardi (Inrap).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan masse avec la localisation des bâtiments et des sondages sédimentaires 1 à 7
Crédits DAO : Inrap.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 463k
Titre Fig. 2 – Vestiges du mur de ville médiéval, porte Gouteyron
Crédits Clichés : D. Parent (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 458k
Titre Fig. 3 – Cave du bâtiment G : vue générale de la stéréotomie vers l’ouest (travée nord)
Crédits Cliché : S. Binninger (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 395k
Titre Fig. 4 – Bâtiment G, graffiti au premier étage
Légende a, pièce sud-ouest au premier étage du bâtiment G. Porte moulurée, solives sur poutre centrale à l’aplomb de la cloison, dessins ; b, dessins de chapiteau et d’un autre décor végétal sur la cloison.
Crédits Clichés : D. Parent (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 547k
Titre Fig. 5 – Mur qui longe la rue Gouteyron avec plusieurs passages bouchés : deux états de portes dans le mur Goutteyron accolé à la maison G
Crédits Cliché : D. Parent (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 340k
Titre Fig. 6 – Espace no 22 : une ancienne rue en pente (?) sous une dalle béton (xxe s.)
Crédits Cliché : D. Parent (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 319k
Titre Fig. 7 – Planches peintes remployées comme voliges dans les combles de l’aile A : groupe C
Crédits Clichés et DAO : V. de Leonardi, D. Parent (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 973k
Titre Fig. 8 – Comble du bâtiment A, planches peintes en remploi comme voliges. Utilisation de bandelettes de papier en remploi (pages d’écriture, papiers imprimés) comme « bandes de joint » entre les planches
Crédits Clichés : V. de Leonardi (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/127297/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 909k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Daniel Parent, « Le Puy-en-Velay – 1 rue de la Visitation » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 15 novembre 2022, consulté le 19 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/127297

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Auteur

Daniel Parent

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Responsable d’opération

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