1Situé dans le quart nord-est du département de la Haute-Loire, le Haut Velay s’étend entre la vallée de la Loire à l’ouest (Monistrol-sur-Loire), le Pilat au nord (Saint-Régis-du-Coin, Saint-Sauveur-en-Rue), les contreforts du Vivarais à l’est (Ardèche), et l’Yssingelais au sud.

2Ce secteur couvre environ 650 km² et une vingtaine de communes. Il est traversé par trois affluents mineurs de la Loire : la Semène, la Dunières et le Lignon. L’altitude moyenne des massifs montagneux de ces vallées est comprise entre 750 et 900 m. Ce secteur, majoritairement granitique, est ponctué par quelques formations phonolitiques vers la Semène et d’autres, gneissiques et basaltiques, au-delà du Lignon.

3En Velay, c’est uniquement à partir du xiii^e s. que les textes documentent la présence de castra (rarement avant) et en Haut Velay particulièrement, la présence de castra doubles décrits avec un castrum inférieur et un castrum supérieur est prépondérante. L’enquête archéologique sur le castrum a très peu abordé la morphologie de ces espaces castraux particuliers, alors même que le phénomène de coseigneurie est indissociable de la société élitaire du Moyen Âge.

4Face à ce phénomène, les bourgs ecclésiaux se construisent dans un territoire marqué par une juxtaposition des pôles structurants. L’espace christianisé n’est pas documenté dans les sources écrites avant l’an mil (premières mentions d’églises et de paroisses), et encore moins par l’archéologie.

5Une réflexion est engagée à travers un projet collectif de recherche interdisciplinaire (géographie, histoire, archéologie, céramologie, datation ¹⁴C, géomatique, histoire de l’art, géologie, géomorphologie) afin de mieux reconnaître les dynamiques économiques, sociales et historiques qui ont mené à la structuration particulière de cet espace médiéval. Le projet implique douze participants issus de trois universités (Bourgogne, Jean-Monnet Saint-Étienne, Clermont Auvergne) et cinq structures (laboratoires Artehis, LEM-CERCOR, CHEC, bureau d’études Hadès, association Grav). Pour répondre aux questionnements posés sur cet espace, le projet est structuré en trois axes thématiques : Morphologie des espaces castraux - Territoire alto-médiéval - Géohistoire des paysages.

6En 2021, deux campagnes de prospections multisites d’une semaine ont été menées sur six communes (trois sites castraux, trois bourgs médiévaux, trois sites cultuels). Elles ont été réalisées avec les étudiants de L2 et L3 des universités de Saint-Étienne et Clermont Auvergne, de M1 (Bourgogne et Aix-Marseille) et de doctorants du laboratoire Artehis (Bourgogne). Dix étudiants ont suivi de courts stages d’une semaine en laboratoire (accueil Artehis) afin de traiter les données archéologiques et topographiques. La mise en place d’une méthodologie globale est en cours de construction autour de la création SIG d’étude (géodatabase) synthétisant les données archéologiques (relevés de structures affleurantes et en élévation, mobilier, chronologie), puisque ce territoire a aussi fait l’objet de relevé LiDAR ponctuels en parallèle de recherches menées en archives. Les actions de prospection seront reconduites chaque année avec les étudiants et encadrants pédagogiques des universités et laboratoires partenaires du projet. Le projet est par ailleurs soutenu par le département de la Haute-Loire, les communes de Montregard, Sainte-Sigolène et Saint-Pal-de-Mons et le SRA Auvergne-Rhône-Alpes pour 2021.

Sites castraux

7Les actions menées en 2021 ont créé de nouvelles données archéologiques avec le relevé topographique des structures des sites castraux et/ou de coseigneuries qui donne un nouvel aperçu de leur organisation et morphologie possible, notamment à Carry-Vertamise, au suc de Mons (fig. 1) et à Châteauvieux (Monistrol). Des vestiges d’habitat et d’activités artisanales (ancrage dans le rocher, maçonneries, scories) ont été mis en évidence, ainsi que des vestiges de chemins/circulations, des vestiges de fortifications (fossés, soutènement, accès contraint).

8Une attention particulière a été portée aux vestiges encore en élévation sur le site de Carry-Vertamise (relevé numérique) et à Saint-Julien-la-Tourette (chapelle : fig. 2) située dans la commune de Saint-Pal-de-Mons.

Indices de nouveaux sites castraux

9Sur deux communes, la prospection de lieux-dits a permis de proposer deux nouveaux indices de sites castraux anciens, qu’il conviendra de conforter par la suite dans leurs caractères morphologiques et chronologiques (Châtelard à Montregard et Chanteloube à Saint-Pal-de-Mons).

Structures économiques

10À une échelle plus élargie, l’environnement économique immédiat de ces sites a pu être approché avec le repérage de sites de carrières (site de La Tour à Sainte-Sigolène), de traces parcellaires agraires anciennes (Montregard, Suc de Mons) ou d’aménagement des cours d’eau comme les moulins sur la Dunières et le Lignon à Laval (fig. 3) et Carry-Vertamise.

Sites funéraires

11Sur les sites funéraires anciens, des relevés ont été engagés sur les vestiges de sarcophages et tombe creusée dans le rocher à Dunières (église) et à Lapte (Oratoire Sainte-Marguerite).

Bourgs ecclésiaux médiévaux

12Des prospections-inventaires menées dans les bourgs à partir des cadastres anciens et actuels (Montregard, Saint-Pal-de-Mons, Grazac ; lieux-dits Villedemont, Laval à Saint-Pal de Mons) ont permis d’établir un premier diagnostic de la conservation du bâti ancien dans le bâti actuel : réemploi, parcellaire, chronologie d’essor du bourg.

Mobilier archéologique

13La constitution d’un corpus de mobilier de prospection géolocalisé (dont une monnaie) et la datation ¹⁴C de trois charbons sur trois sites permet d’approcher la chronologie d’occupation des sites castraux sur une longue durée : médiévale à moderne.

14Le corpus d’étude disponible est en cours de récolement, notamment pour ce qui concerne des collections issues de fouilles anciennes conservées en mairie (anciennes fouilles du suc de Mons à Saint-Pal-de-Mons).

Enquête dans les archives

15L’étude sur les lignages anciens apporte aussi un nouvel éclairage sur les réseaux de pouvoir de ce secteur autour de l’an mil, particulièrement à Grazac.

Consolidation de l’approche méthodologique

16La tenue de plusieurs stages de terrain et de post-terrain a permis la mise en place d’une méthodologie de prospection encadrée, confrontant carte ou parcellaire ancien avec la prospection archéologique à vue, suivi de relevés des structures au GPS. Un thésaurus de structures a été élaboré en amont et s’est enrichi au cours des prospections.

17Deux ateliers concernent :

• une méthodologie d’approche géohistorique des cartographies anciennes (lecture critique de la toponymie ancienne sur les cartes Cassini, État-Major et cadastre napoléonien) ;
• l’élaboration d’un SIG d’études pour rassembler l’ensemble des données documentaires.

18Les premières interprétations possibles restent encore au stade du démarrage.