1Le centre de production céramique de Lezoux, qui est particulièrement unique au monde pour sa fabrication de céramiques fines durant l’Antiquité, est constitué de plusieurs groupes d’ateliers de potiers qui couvrent une superficie totale de plus de 100 ha.

2Le terrain qui vient d’être diagnostiqué se trouve dans l’un des trois groupes les plus anciens, celui de Ligonne, dont l’origine remonte au tout début du i^er s. apr. J.‑C., voire même un peu avant. C’est précisément en ce lieu que le site archéologique de Lezoux a été, pour la première fois, découvert au xviii^e s. En effet, lors de vastes travaux de terrassement commandés par Monsieur de Chazerat autour de son château de Ligonne, plus de 70 fours de potiers ont été alors découverts.

3Malgré l’ancienneté de la découverte, notre connaissance des officines de ce secteur est très limitée puisque, après les destructions massives du xviii^e s., la construction individuelle s’y est peu développée après la Deuxième guerre mondiale et deux seules fouilles, portant sur une surface très limitée, y ont été menées dans les années 1960 et 1990.

4Le diagnostic, qui a été réalisé du 13 au 15 avril 2021, a permis de sonder une parcelle où était située la limite méridionale du groupe des ateliers de potiers de Ligonne. Il a permis de mettre en évidence plusieurs points importants concernant l’occupation de ce terrain au cours du temps.

5En premier lieu, la présence d’un atelier de potiers gallo-romains est confirmée, avec la présence d’un four circulaire (F23 : fig. 1) qui a livré, lors de l’opération archéologique, près de 500 fragments de poterie (fig. 2) et tout particulièrement de la terra nigra avec de nombreux ratés de cuisson. Cela confirme la fabrication de céramiques fines durant le i^er s. apr. J.‑C. et de cette catégorie particulière de poterie fumigée à Ligonne. D’autres vestiges antiques se trouvent aux abords de cette structure de cuisson, notamment une large fosse (F02) dont la nature funéraire est très probable (fig. 3).

Fig. 1 – Le four F23

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Vue prise du nord

Cliché : Inrap.

Fig. 2 – Les caisses de mobilier à l’issue du lavage avec un sous-conditionnement en sacs kraft pour permettre un séchage lent sans risque de mélange entre les couches archéologiques

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Cliché : Inrap.

Fig. 3 – Fosse F02 vue en coupe dans la berme orientale de la tranchée 1

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Cliché : Inrap.

6Sous les niveaux de l’Antiquité encore bien en place dans la tranchée 1, nous avons mis au jour des vestiges lithiques (fig. 4) à une profondeur comprise entre 0,90 m et 1,30 m (F08). Un premier examen de ces pièces permet de les attribuer au Paléolithique final. D’autres vestiges situés à une moindre profondeur (F07) ont fourni des indices pour envisager une occupation du secteur au Néolithique ou à la Protohistoire ancienne. Si des éléments pour ces dernières périodes ont déjà été rencontrés furtivement lors de quelques fouilles ou prospections par le passé, ces traces d’une occupation au Paléolithique paraissent bien inédites.

Fig. 4 – Nucleus à éclat

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Dessins : P. Alix (Inrap).

7Enfin, dans la tranchée 3, une dizaine de fosses (F10 à F17) ont été mises en évidence. Elles pourraient témoigner des aménagements (plantations, etc.) effectués par Monsieur de Chazerat en limite de son parc et en bordure de l’allée qui menait à l’étang de l’Île, puisqu’il avait décidé de laisser libre la vue de celui-ci pour les promeneurs.

8Cette opération de diagnostic apporte donc des éclairages nouveaux sur ce lieu, qui avait permis de révéler au monde l’existence du site de production de Lezoux juste avant la Révolution. La connaissance du groupe des ateliers de Ligonne reste cependant très limitée, puisque nous ne disposons réellement, à ce jour, que des données livrées par les deux petites fouilles du Rincé dans la seconde moitié du xx^e s. et qui ne portaient, en tout, que sur 400 m².