Date de l'opération : 1989 - 1991 (SU) ; 1987 - 1988 (FP) ; 1984 - 1986 (SP)
Inventeur(s) : Feuillet Marie-Pierre ; Lorans Elisabeth ; Leterreux Colette ; Fehrnbach Xavier ; Sainrat Jean-Guy

1La municipalité de Chinon ayant entrepris la construction d'un complexe culturel dans les vestiges de la collégiale Saint-Mexme, une autorisation de sauvetage programmé a été donnée pour permettre la réalisation d’une étude archéologique d'un établissement religieux des plus importants pour l'histoire de la ville de Chinon (Lorans, 1987a, 1987b, 1987c, 1988a, 1988b, 1989a, 1989b; Sainrat, 1984, 1985a, 1985b, 1985c, 1986). En effet, Saint-Mexme y fonde un monastère au début du V^e s. qui passe au rang de collégiale au X^e s. Il ne subsiste actuellement qu'un avant-corps composé d'un porche encadré de deux tours et le vaisseau central de la nef.

2Pendant le Haut-Empire, l'occupation est de nature indéterminée et reste attestée seulement dans les zones 2 et 3 (Gallia, 1985 : 302-303). Quelques sépultures en sarcophage, pleine terre et en cercueil, peuvent se rapporter à la période de fondation du premier monastère de Saint-Mexme au Bas-Empire.

3Pendant le Haut Moyen Âge, la nécropole s'est développée, livrant des sépultures d'adultes et d'enfants, des sarcophages trapézoïdaux ou de simples fosses. Ces sépultures contenaient quelques objets personnels : perles, fibules, agrafes, etc. Cette phase parait débuter à la fin du VI^e s. avec l'enfouissement des premiers sarcophages et se poursuivre pendant les VII^e et VIIIe s. par des réutilisations successives. Aux IX^e-X^e s., le site a connu une occupation domestique qui a pu coexister avec son usage funéraire : un puits, des foyers et plusieurs fosses à déchets l'attestent, livrant, entre autres, un matériel céramique abondant ainsi que des fragments de vaisselle de verre.

4Au XI^e s., avant 1050, on assiste à la construction de la nef avec un transept à piliers cruciformes et un chœur primitif qui apparaît alors comme une chapelle centrale accostée de deux petites chapelles latérales (Fig. n°1 : Collégiale Saint-Mexme. Plan général). Le chevet primitif est composé d'une abside centrale, précédée d'une travée droite plus étroite que la nef et accostée de deux absidioles tangentielles. Des bas-côtés sont construits ainsi qu'un avant-corps, composé d'un porche encadré de deux tours, après 1050. Il est aujourd'hui certain qu'il existait un escalier qui permettait d'accéder de l'avant-corps à la nef et on peut en proposer une reconstitution.

5Au XII^e s., avant 1150, tout le chevet est modifié. L'intérieur de la chapelle est comblé mais la crypte, sous l'abside centrale antérieure, semble conservée et intégrée au nouvel édifice. La nef est rallongée de deux travées vers l'est sur l'emplacement du transept antérieur, ce qui marque le début de l'exhaussement vers le chœur. Un transept saillant vient prendre la place de l'ancien chœur et on construit un nouveau chœur à déambulatoire, à chapelles rayonnantes, muni d'une autre crypte centrale. À l'angle de la nef et du croisillon nord du transept, une chapelle est construite et sa face interne porte encore des vestiges de la décoration peinte du croisillon. Après 1150, le mur occidental du croisillon est repoussé d'une travée et cet agrandissement vers l'ouest s'accompagne d'un voûtement à mi-hauteur, supporté par des contreforts.

6Dans la première moitié du XV^e s., la transformation du chevet de la collégiale n'a pas profondément bouleversé le sous-sol en dehors de l'emprise des murs car les massifs de fondation ont été réalisés à l'aplomb de l'élévation des murs, à l'intérieur de tranchées étroites. Les parements des murs et des piliers sont alors complètement repris, du moins au niveau des fondations. La tour sud de façade, qui avait brûlé, et le rond-point du chœur sont complètement reconstruits; la tour nord et le clocher central sont seulement rehaussés. Malheureusement, un incendie en 1817 a provoqué l'écroulement du clocher central et la destruction des bas-côtés, du transept et de tout le choeur.

7La fouille de l'intérieur du narthex a été engagée, livrant à titre provisoire, une vingtaine de sépultures pour la plupart en caisson et en cercueil. Les caissons occupent la partie centrale du narthex mais aucun cercueil ne leur a été superposé, ce qui suggère la signalisation de ces tombes en surface avant la pose d'un nouveau dallage au XVII^e s. De plus, un grand nombre de vases funéraires (oules, coquemars et pichets) était associé à ces caissons et quatre d’entre eux ont livré d’importants fragments de tissus et de chaussures.