Navigation – Plan du site

AccueilRégionsHauts-de-France201002 – AisneCrécy-sur-Serre – La Croix Saint-...

2010
02 – Aisne

Crécy-sur-Serre – La Croix Saint-Jacques

Fouille programmée (2010)
Responsable d’opération : Gilles Naze

Entrées d’index

Année de l'opération :

2010

Numéro d’opération :

9875

Chronologie :

Préhistoire, Néolithique

Nature de l'opération :

fouille programmée
Haut de page

Texte intégral

1La campagne 2010, la dixième dans le cadre de fouilles programmées sur ce site, a permis de terminer la fouille du fossé d’enceinte. Il restait en effet quelques segments de fossé à fouiller sur une longueur cumulée d’une cinquantaine de mètres dans la partie orientale du retranchement, au niveau des tronçons 1 et 2. Les investigations engagées à l’intérieur du retranchement sous la forme de tranchées linéaires n’ont livré en 2010 aucune structure appartenant à la période d’occupation de l’enceinte (Michelsberg ancien), conformément à ce que l’on avait constaté lors des campagnes précédentes. La surface totale ainsi observée depuis 2002 représente environ 30 % de l’aire interne. Les structures observées en 2010 comprennent une fosse d’époque moderne, un fossé rectiligne du Moyen Âge et une tranchée de la Première Guerre mondiale. Le tronçon 2 a été fouillé sur les 2/3 de sa longueur totale qui atteint 24,50 m. Sa fouille avait commencé en 1996 depuis l’interruption orientale. Situé au débouché du grand virage oriental, ce tronçon présente une légère courbure et une largeur qui diminue régulièrement depuis son extrémité est (4,60 m) jusqu’à l’autre extrémité (3,40 m). Il présente un profil caractéristique asymétrique à fond plat dans la partie la plus large et la plus profonde, 1,20 m, puis en cuvette de plus en plus irrégulière en direction de l’extrémité ouest où la profondeur atteint 0,96 m. Corrélativement au volume de matériaux extraits, les retombées crayeuses issues de l’affaissement du talus interne disparaissent dans sa partie occidentale. Le tronçon 1 mesure 75 m, c’est le plus long de l’enceinte. Il montre une courbure prononcée qui correspond à l’angle sud-est du retranchement. Il a été fouillé en différentes étapes : l’extrémité sud en 1996, l’autre extrémité en 2002, la partie centrale en 1998 et 2004 et le reste sur trois secteurs distincts d’une longueur cumulée de 32 m en 2010. Sa largeur est comprise entre 3,50 m et 4,50 m, cette dernière valeur étant atteinte sur l’extrémité sud qui présente un léger élargissement. La profondeur est comprise entre 0,85 m et 1,30 m. Le profil transversal est trapéziforme asymétrique sur toute la longueur et d’abondantes retombées crayeuses ont participé au comblement du fossé, ce qui traduit la présence d’un rempart de conception standardisée dans cette partie de l’enceinte. Le mobilier recueilli est relativement peu abondant, conformément à ce qui avait été observé dans les tronçons déjà fouillés à proximité. C’est principalement dans les phases de comblement 3 (associées aux retombées de matériaux provenant de l’affaissement du talus interne) et 4 (comblement final limoneux) que ce mobilier a été observé. II s’agit de rejets détritiques classiques. Aucun ne peut être comparé aux dépôts intentionnels présents en différents endroits et en particulier au fond du tronçon 30 où plusieurs vases isolés et brisés mais complets avaient été observés. Un seul profil complet de récipient (une jarre à col tronconique) a pu être restitué. L’industrie du silex est représentée par 106 artefacts dont 13 outils sur produits de débitage ou sur pièces façonnées. Nous y avons aussi recueilli 24 restes de faune, dont un fragment de calotte crânienne humaine, et 18 fragments de grès ou de calcaire coquilliers dont certains sont issus de meules, molettes ou broyons. L’absence d’aménagements conservés sur le côté nord de l’enceinte, qui est partiellement délimité par un escarpement en limite de secteur alluvial, a été à nouveau vérifiée par une série de tranchées réalisées dans la partie nord-est de l’enceinte. Le fossé est donc conservé sur une longueur de 850 m dont 618 m correspondent aux longueurs cumulées des segments. L’ouvrage périphérique délimite sur trois côtés une surface rectangulaire de 500 m sur près de 300 m, dont les angles situés au sud sur le plateau sont fortement arrondis. L’orientation prise par le dernier tronçon de l’extrémité occidentale montre que le retranchement tendait à se refermer sur lui-même et qu’il faut vraisemblablement envisager la présence d’aménagements visant à fermer l’ensemble sur le côté nord. La surface enclose est estimée à 14 ou 15 ha. Les fouilles de 2010 n’ont pas permis de retrouver d’autres aménagements domestiques dans le fossé. Ces derniers (plusieurs foyers, fosses et empierrements, une structure de combustion empierrée et un four) sont donc uniquement présents sur les côtés sud et ouest. C’est également sur ces côtés qu’est apparue une variabilité morpho-dimensionnelle du fossé qui ne permet pas d’envisager la présence d’un talus interne de conception standardisée sur l’ensemble du développement périphérique. On y observe cependant localement quelques tronçons profonds, parfois sur une extrémité seulement, qui pourraient signaler la présence de passages dans le système de retranchement. Les mobiliers archéologiques sont présents dans l’ensemble des tronçons avec des concentrations plus élevées dans la partie occidentale de l’enceinte. Ils ne sont pas particulièrement abondants relativement à d’autres enceintes Michelsberg mais la fouille complète du fossé a finalement livré des ensembles qualitativement fort intéressants. La céramique comprend 96 individus dont la typologie variée se prête à de nombreuses comparaisons. L’industrie lithique est représentée par plusieurs milliers d’artefacts dont 317 pièces retouchées ou utilisées sur produits de débitage et 77 pièces façonnées, essentiellement des haches polies. Les restes de faune sont assez bien représentés ; leur étude, commencée par Lamys Hachem qui avait montré l’importance de la faune sauvage et en particulier du cerf, est poursuivie dans le cadre d’une ANR par Svenja Hôltkemeier. Le matériel de mouture est aussi présent en de nombreux endroits. Il faut ajouter les mobiliers résiduels recueillis sur l’extrémité orientale du fossé et qui documentent plusieurs occupations plus anciennes : un Tardenoisien moyen et surtout final ainsi que deux traditions culturelles du Néolithique moyen 1 (Cerny tardif et groupe de Menneville). La typologie des formes céramique des occupants de l’enceinte présente de nombreuses comparaisons avec les ensembles provenant de sites du Michelsberg ancien des vallées de l’Aisne et de la Vesle. D’autres comparaisons peuvent être faites avec les mobiliers de différents sites de hauteur de l’Oise qui caractérisent le Chasséen septentrional. Une influence plus discrète du groupe de Noyen est également apparue. Pour la technologie céramique, les affinités s’orientent plutôt vers la Belgique et l’extrême Nord de la France (groupe de Spiere). Ce rapprochement est justifié par l’emploi d’un dégraissant organique, une mousse, associé au silex brûlé au début de l’occupation et qui disparaît ensuite. La fouille exhaustive du fossé de l’enceinte Michelsberg de Crécy-sur-Serre confère à ce gisement un intérêt évident car les enceintes du Néolithique moyen II complètement fouillées sont encore trop rares. Les données recueillies sur ce gisement contribueront à mieux cerner les comportements et les activités associées à ces établissements ainsi que les interactions culturelles qui caractérisent cette période dans le nord-est du Bassin parisien.

Fig. 1 – Plan de l’enceinte après la campagne de 2010

Fig. 1 – Plan de l’enceinte après la campagne de 2010

DAO : G. Naze.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan de l’enceinte après la campagne de 2010
Crédits DAO : G. Naze.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/128827/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 846k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Gilles Naze, « Crécy-sur-Serre – La Croix Saint-Jacques » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Hauts-de-France, mis en ligne le 28 novembre 2022, consulté le 12 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/128827

Haut de page

Auteur

Gilles Naze

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Gilles Naze

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search