1Le site de Couzan a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles programmées entre 2013 et 2017. L’enquête archéologique s’est avérée fructueuse et apporte des éléments inédits sur les habitats élitaires des monts du Forez. Même si elle apparait de façon très lacunaire, l’occupation préféodale du castrum est pour l’instant unique en Forez mais n’est probablement pas un cas isolé. Ce type de vestige est difficilement appréhendable du fait du manque d’investigations archéologiques sur le territoire mais aussi à cause du poids des réoccupations successives. L’opération aura permis également de documenter l’habitat élitaire et ses évolutions entre les x^e et xvi^e s., apportant de nombreux éclairages structurels sur l’aula seigneuriale et ses grandes transformations mais aussi de mieux cerner l’organisation spatiale et défensive de l’ensemble du réduit sommital.

2Le tamisage systématique (0,5 cm) des US fouillées a permis de rassembler un mobilier varié et abondant formant un corpus inédit en Forez. Le tout a été inventorié, conditionné, dessiné et livré dans le rapport 2017 avec l’étude d’ensemble par phase chronologique avec une synthèse, répondant ainsi aux exigences d’étude et d’inventaire du mobilier de fouille. Il est actuellement déposé au musée de La Diana à Montbrison.

3L’importance quantitative et qualitative du mobilier nous a incités à en confier l’étude à des spécialistes, soit universitaires, soit archéologiques (Inrap). Des analyses en laboratoire ont également été engagées.

4Le tout n’a pu être possible qu’avec un appui financier de l’État, du département de la Loire, de La Diana et de l’Inrap sous la forme de jours Pas.

5Voici la liste des spécialistes investis dans le projet :

• Isabelle Rodet-Berlabi (Inrap) : restes fauniques (190 kg ; 106 800 restes) ;
• Aurélia Borvon (UMR 7041) : restes ichtyologiques (119 pièces) ;
• Isabelle Rodet-Berlabi (Inrap) : os travaillé (103 éléments) ;
• Vincent Borrel (UMR 8546) : monnaies (34 monnaies) ;
• Magalie Guérit (Inrap) : verre (2 565 restes) ;
• Mathieu Linlaud (université Paris Nanterre) : métal (5 946 objets) ;
• Alban Horry (Inrap) : céramique (25 854 tessons) ;
• Sylvie Saintot et Vincent Georges (Inrap) : lithique résiduel (13 artefacts) ;
• Clarissa Cagnato (UMR 7041) : analyse de grains d’amidon ;
• Aurélie Chantran (UMR 7041) : analyse des modes de cuisson ;
• Fabienne Médar (Anatex) : analyse de restes textiles sur plaques de brigandine ;
• Marion Blin (Iramat UMR 5060) : analyse de composition des métaux sur un lot de monnaies.

6Les quelques éléments lithiques résiduels exhumés ne suffisent pas à attester d’une présence antérieure au Moyen Âge mais renvoient à des apports de remblais incluant des éléments du Néolithique moyen et final (S. Saintot, V. Georges). Le mobilier céramique étudié par A. Horry jette les bases d’une typologie forézienne, entre influence lyonnaise et auvergnate, et souligne la consommation de liquide des occupants du lieu. Les restes en verre confirment l’importance de la consommation des liquides sur le site de Couzan sur une large période qui couvre l’époque carolingienne au xvi^e s. La présence de verre architectural, sous forme de tesselle, verre plat et vitrail, est également assez exceptionnelle dans la mesure où leur présence dans des contextes domestiques est encore peu avérée au Moyen Âge (M. Guérit). Les très nombreux restes carnés permettent d’entrevoir l’évolution des habitudes sur une longue période et renseignent sur le niveau social élevé des habitants du castrum (I. Rodet-Berlarbi). L’étude du régime alimentaire est complétée par des analyses de grains d’amidon qui ont révélé pour le xi^e s. la consommation de toute une gamme de céréales (blé, orge...), des millets, légumineuses et divers tubercules, y compris le navet ou le radis (C. Cagnato). L’analyse des modes de cuisson sur quelques tessons nous permet encore de déterminer si la préparation a été bouillie, frit ou rôtie (A. Chantran). Le mobilier métallique (M. Linlaud) est révélateur d’une présence équestre et élitaire pour le premier état d’occupation et met en lumière une forte activité militaire pour le bas Moyen Âge. Plusieurs plaques de brigandines présentent des restes textiles préservés qui ont pu être analysés, dont un probable habillage en soie attestant du haut rang du porteur (F. Médard). L’artisanat de l’os (I. Rodet-Berlarbi) est également présent sur le site avec de très belles pièces liées à l’armement (noix et détente d’arbalètes) mais aussi au loisir et au jeu (flûtes x^e s., pièces d’échec et de trictrac du xiii^e s.). La présence de six monnaies des x^e et xi^e s., dont une obole, certes fausse, inédite, permettent à Couzan de soutenir une comparaison avec le site de Colletière à Charavines ou bien encore ceux de Niozelles et de la Moutte à Allemagne-en-Provence (V. Borrel).

7L’étude du mobilier ainsi terminée, suite aux recommandations de la CTRA, une publication synthétique a été planifiée. Une réunion de travail avec Marie-Agnès Gaidon-Bunuel (SRA) a permis de définir les grands axes et les articulations de la publication et la nature du support. C’est sous la forme d’un Document d’archéologie en Rhône-Alpes (Dara) que devraient être publiées les données de fouilles, en incluant à l’opus les éléments recueillis sur le site depuis plusieurs années (chapelle, basse-cour, étude documentaire, archivistique). Un contact a donc été pris avec Vincente Voisin afin de prendre rang dans la collection et de proposer un premier rendu au comité de lecture pour 2023.

Fig. 1 – Pièces d’échecs en ivoire

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US 40681.

Clichés et DAO : I. Rodet-Belarbi (Inrap).

Fig. 2 – Avers et revers de la plaque de brigandine

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US 40400 30-09a.

Clichés : F. Médard (Anatex).

Fig. 3 – Localisation des restes textiles sur l’avers de la plaque

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US 40400 30-09a.

Clichés et DAO : La Diana.