1Depuis 2016, le PCR Réseau de lithothèques en région Centre-Val de Loire s’inscrit dans une perspective de recherche sur les modes d’exploitation des ressources lithiques et sur la territorialité des groupes humains préhistoriques. Outre l’étude ou la révision de séries archéologiques de l’espace régional, la caractérisation précise des silicites (silex, chert, silcrète, jaspéroïde) dans leur contexte géologique revêt une importance toute particulière en ce qu’elle permet de dessiner des espaces parcourus (parfois sur de très grandes étendues) et, couplée à la technologie lithique, d’identifier des modes de transport des artefacts. Ces réalités renseignent sur les formes sociales et les régimes de mobilité des groupes humains, permettant de matérialiser des processus d’interaction qui mettent parfois en jeu des entités culturelles perçues comme distinctes.

2Si la région Centre-Val de Loire a depuis longtemps servi de moteur aux réflexions sur la diffusion des silicites, les travaux passés n’étaient pourtant plus suffisants au vu des problématiques de la recherche actuelle en pétroarchéologie. En réponse à cet état de fait, le PCR développe depuis 2016 cinq axes de recherche.

Axe 1 : inventaire, développement et enrichissement de l’outil lithothèque

3Concernant l’axe 1, cette année a permis de finaliser la fiche d’inventaire normalisée pour les travaux de terrain et la révision des lithothèques. Si celle-ci a été élaborée en partenariat avec les trois autres PCR « Réseau de lithothèques » et le GDR (voir infra), le PCR CVDL a joué un rôle pivot dans son élaboration. Il en va de même pour l’application dédiée qui permet l’enregistrement d’un grand nombre de données harmonisées, exploitables rapidement, dans une perspective de science participative. Les premiers résultats sont un succès et la communauté doit maintenant s’emparer pleinement de ce nouvel outil.

4D’un point de vue pratique, nous avons pu finaliser l’inventaire de la lithothèque D. Millet conservée au musée du Grand-Pressigny. Le musée du Grand-Pressigny a également accueilli la lithothèque J. Vosges, ainsi que le fond de prospection Delvigne – Dépont. Au même titre que le fond D. Millet, toutes les données et les photos macroscopiques sont disponibles sur le serveur du PCR. Enfin, nous avons réalisé des prospections complémentaires dans la vallée de la Claise et de la Creuse afin de compléter le corpus nécessaire au travail de Master ayant trait à l’évolution du Turonien supérieur de la vallée de la Claise (voir infra). La centralisation de toutes ces données au Musée du Grand-Pressigny, fait de cet établissement un pôle important du réseau des lithothèques nationales, au même titre que la lithothèque du musée national de Préhistoire des Eyzies, du musée d’Orgnac-l’Aven ou de la société Paléotime.

Axe 2 : caractérisation dynamique des silicites de l’espace régional

5Concernant la mission 2, outre la caractérisation pétrographique de la variabilité des silex du Turonien supérieur et moyen de la vallée de la Claise et du Turonien inférieur de la vallée du Loir, nous avons continué à travailler sur la genèse et la variabilité des silicites lacustres et pédogénétiques de Vicq-Exemplet.

6L’année 2019 (première année du programme triennal), a également permis de mettre en place un protocole ayant pour objectif de tester la validité de divers outils d’analyse (DRX, LA-ICP-MS, MEB-EDS, RMN, RPE, spectrométrie Raman, XRF) afin de cibler le (ou les) mieux approprié(s) à la problématique « silex ». Ce travail préliminaire sert de base à un Master 2 de l’université de Bordeaux-Montaigne et s’appuie sur une série d’échantillons géologiques du Turonien supérieur, bien connus d’un point de vue pétrographique (diagnose méso – et microscopique), mais dont la diagnose physico-chimique reste à effectuer (voir perspectives 2020, axe 2).

Axe 3 : cartographie des formations à silicites

7À l’inverse de la triennale 2016-2018, la cartographie a fait l’objet d’un axe spécifique. Celui-ci est éminemment dépendant des attendus nationaux (cf. réunion du GDR « Silex » du 25 et 26 avril 2019).

8Ainsi, bien que nous n’ayons pas avancé cette année sur la numérisation des formations à silicites, nous avons pleinement participé à la réalisation de la plateforme AGOL pour la visualisation des données (plateforme allant de pair avec l’application d’enregistrement des données, voir supra). Nous avons également travaillé à l’élaboration d’un algorithme permettant de visualiser la géométrie des formations à silicites et le parcours théorique des silicites qu’elles contiennent. Testées à partir de formations à silicites du sud du Massif Central, il s’agit dorénavant d’appliquer ces modélisations à des espaces riches en silicites, comme le sud du Bassin parisien. Pour ce faire, la numérisation des formations est toutefois nécessaire. Ce devoir de numérisation est un problème récurrent rencontré à l’échelle nationale et il semble que seule la réalisation de contrat(s) puisse répondre à nos attentes (voir perspectives 2020, axe 3).

Axe 4 : applications archéologiques

9Outre les travaux sur les silex des vallées du Loir et du Loing, qui constituent le fil rouge d’une étude transverse dans le cadre cette triennale, deux études archéologiques ont débuté.

10La première concerne la cache de poignards de Villeloin-Coulangé et fait le pendant archéologique de l’étude géochimique entreprise dans le cadre du Master 2 de l’université de Bordeaux-Montaigne. Il s’agit dès lors de déterminer avec précision le ou les gîtes ayant fourni la matière première utiliser pour la confection de ces poignards.

11La seconde concerne la reprise des anciennes collections de Vicq-Exemplet pour une meilleure connaissance de ce gîte-atelier, aussi bien d’un point de vue technologique/chronologique que de celui de la compréhension des matériaux et de la place de ce site dans la géographie paléolithique du sud du Massif central.

Axe 5 : diffusion et valorisation des connaissances dans et en dehors du PCR

12Dans le cadre de la mission 5, nous avons effectué diverses formations tant dans la région Centre (formation à la fiche inventaire au musée du Grand-Pressigny), qu’à l’extérieur de la région. Dans ce cas, les travaux du PCR sont au cœur des études de cas :

• formations CNRS à l’université de Rennes 1 ;
• formation à la caractérisation lors de la réunion inaugurale du GDR « Silex » ;
• formation à la caractérisation dans le cadre du projet UFA à Namur ;
• cours de Master à l’université de Clermont Auvergne et à celles de Nice et de Liège.

Conclusion

13Le PCR CVDL est de mieux en mieux connecté aux autres PCR « Réseaux de lithothèques » (en Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France), aux projets régionaux comme en PACA (sur les silex bédouliens) avec le Cepam ou en Bretagne (sur les silex à façonnage marin) avec le CReAAH et au projet national de GDR (coordination C. Bressy-Laandri). Ce montage basé sur une association de programmes régionaux chapotée par un groupe de recherche national, semble en effet le meilleur moyen de faire progresser les connaissances. La démarche à la fois unitaire et ouverte aux autres pratiques doit permettre à toutes les personnes concernées d’utiliser un bagage commun et en cela de participer au développement de la pétroarchéologie. Bien positionné sur une démarche novatrice en interaction forte avec des thématiques portées par plusieurs laboratoires (Pacea, PréTech, Cepam, Lampea, CReAAH, Iramat-CRP2A, Traces, Trajectoires, Institut NEEL, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, université de Liège, etc.), le PCR CVDL présente des qualités désormais reconnues dans les domaines de la recherche fondamentale, de la formation, de la mise en réseau et la mutualisation des bases de connaissance. Grâce à cet investissement et à nos capacités à coconstruire des projets avec nos partenaires, la pétroarchéologie bénéficie d’avancées significatives.