1En 2019, nous avons poursuivi l’inventaire des corpus de haches dans des secteurs voisins de la région Centre, pour élargir la perspective.

2Secteur de Loudun (86) : 165 haches en métadolérite ont été recensées. Les pièces proviennent des environs de Loudun, et surtout de trois communes contiguës, Saint-Léger-de-Montbrillais, Curçay-sur-Dive) et Bournand, qui sont en limite des départements de la Vienne et de l’Indre-et-Loire, donc à très faible distance de Chinon, ce qui offre des comparaisons instructives entre ces séries et celles du Chinonais (écomusée de Véron). Elles se caractérisent par une très forte proportion de haches en métadolérite (73 % du corpus), la présence (sur tous les sites) d’ébauches (fig. 1) et de sous-produits comme des bouchardes. À quelques kilomètres de là, les dolmens de Puyraveau ont livré un riche mobilier funéraire, avec 16 haches polies, dont la moitié en métadolérite (Ard 2011). Ces traits et notamment les deux derniers sont l’indice d’une provenance très proche, ce qui nous a conduit à nous intéresser aux filons de métadolérite de Vendée et de Thouarsais.

Fig. 1 – Ébauche de hache en métadolérite (CUR 25), découverte à Curçay-sur-Dive (86)

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Coll. F. Gaury.

Clichés et DAO F. Surmely (SRA ARA).

3Musée de Beaufort-en-Vallée (49) : 31 haches en métadolérite ont été inventoriées, provenant de localités diverses de la région Centre (Indre-et-Loire ; fig. 2) et des alentours de Beaufort (soit à moins de 30 km des limites de la région Centre et non loin de la Loire).

Fig. 2 – Hache en métadolérite (AZAY2) provenant d’Azay-le-Rideau (37)

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Musée de Beaufort-en-Vallée (49).

Clichés et DAO F. Surmely (SRA ARA).

4Dans le cadre de la recherche des gîtes d’origine potentiels et de l’enrichissement du référentiel analytique, nous avons poursuivi nos travaux. En 2016, nous avions porté nos efforts sur le Lyonnais et le Beaujolais. En 2017-2018, nous avons principalement examiné les séries hercyniennes du Morvan. Au cours de l’année 2019, nous avons parcouru la partie sud du massif armoricain (Vendée, Thouarsais, secteur de Parthenay, Mauges) et les Vosges. La méthodologie employée est toujours la même : repérage préalable des zones potentiellement intéressantes sur la base des cartes géologiques, prospection pédestre des secteurs et échantillonnage des gîtes en vue des analyses. Tous les secteurs considérés ont livré de nombreux gîtes de métadolérite exploitables.

5La prise en compte des résultats des dernières analyses, qui intègrent les gîtes de Vendée, du Thouarsais, des Mauges et des Vosges, ainsi que le Finistère et le secteur de Laval (données Kerdivel et Bezos, 2016), confirment les conclusions des années précédentes. L’analyse géochimique montre la différenciation des gîtes armoricains (secteur de Plussulien, Mayenne) par rapport aux autres sources. Chaque sous-secteur s’individualise lui-même : Plussulien, Beulin et Laval Sud. À ce groupe semblent se rattacher les haches de Carnac (56) et un gros tiers des haches provenant de région Centre, tout particulièrement celles découvertes dans le Loiret, où elles constituent presque la moitié des pièces analysées. À l’inverse, et de façon apparemment paradoxale, c’est dans le département de l’Indre-et-Loire que leur proportion est la plus faible, où elles ne représentent que 25 % du corpus étudié de l’ensemble des pièces en métadolérite. Une seule hache du Loudunais se trouve dans ce groupe. Mais les trois haches de Beaufort-en-Vallée se rattachent à cet ensemble.

6Les gîtes de Vendée sont très dispersés, ce qui traduit la diversité des matériaux, qui ont été pris sur plusieurs filons appartenant à des unités géologiques différentes. Il y a assez peu de rapprochements avec les pièces archéologiques que nous avons étudiées. L’échantillon de Montsireigne est en correspondance presque parfaite avec la hache R782412, qui provient de l’Aube. Les gîtes de Meilleray se rapprochent des haches de Vertaizon (Puy-de-Dôme). Les gîtes de la Châtaigneraie trouvent une correspondance (groupe 2) avec une autre hache du Puy-de-Dôme, une de Châteaudun (hache 1402), mais aussi avec le gîte thouarsais n^o 45 (Le Beugnon, 79).

7Le Thoursais est également fortement dispersé, signe d’une hétérogénéité des matériaux. En même temps, des correspondances parfaites existent avec plusieurs pièces archéologiques et notamment les ébauches provenant du site archéologique très proche de Curçay-sur-Dive (86). Ainsi l’ébauche CUR24 a la même signature géochimique que l’échantillon provenant de Dixmé (79) et la pièce CUR26 que celle des gîtes du secteur de Thouars même. De même, il y a une très étroite similitude des signatures géochimiques de la hache R76-115, qui provient de Nemours (77) et le gîte thouarsais n^o 31.

8Un article sur notre recherche a été publié dans les colonnes du Bulletin des Amis du Musée du Grand-Pressigny.