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2016
Projets collectifs de recherche

La Cité de Carcassonne : étude, relevé et datation des fortifications

Projet collectif de recherche (2016)
Responsable d’opération : Marie-Élise Gardel
Notice rédigée avec Nicolas Faucherre

Entrées d’index

Année de l'opération :

2016

Numéro d’opération :

10683

Nature de l'opération :

projet collectif de recherche
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Amicale laïque de Carcassonne

Texte intégral

1Trois années (2014, année probatoire, et un premier programme 2015-2016) auront été nécessaires pour enregistrer la moitié du périmètre des murailles de la Cité de Carcassonne, le secteur septentrional s’étendant de la porte Narbonnaise au château vicomtal puis royal. Bon an mal an et chemin faisant, la méthode s’est affinée dans la confrontation des sources avec le terrain, dans celle des différentes approches d’équipes venues d’horizons européens divers et de cultures techniques qu’il aura fallu homogénéiser pour adopter un langage commun. Le bilan est à la hauteur des espoirs initiaux. D’abord une exploitation massive de sources documentaires, essentiellement iconographiques mais aussi écrites, venues de fonds d’archive dispersés ; recoupées avec le terrain, ces sources se sont révélées un apport primordial pour comprendre l’évolution et les avatars des enceintes, les réactualisations militaires tardives comme les réinventions patrimoniales précoces. Ensuite un travail d’enregistrement graphique exhaustif en 3 dimensions, qui constitue un outil d’investigation pour les équipes d’archéologues du bâti, mais aussi désormais pour les générations futures une base mémorielle engrangée de ces enceintes formidables à un moment précis de leur histoire. Enfin un travail d’analyse des maçonneries, des ruptures et des continuités, des mortiers et des joints, qui a permis de caractériser les campagnes, de révéler les bâtiments publics de la cité augustéenne dans laquelle vient s’insérer la muraille du Bas-Empire romain, de mieux comprendre les pathologies structurelles — affaissement, basculement, effondrement — qu’a subi l’enceinte antique lors des attaques et des reprises en sous-œuvre du xiiie s., de comprendre le phasage tours/courtines dans le chantier royal du xiiie s., de formuler des questions neuves comme celle de la circulation ancienne dans les lices et de leur cloisonnement au droit des portes ou des ouvrages maîtres ; en bref, de renouveler la connaissance de ces enceintes ou, pour le moins, d’en mieux formuler les questions qui vont conduire à sa compréhension globale.

2Pour la première fois, chaque phase de la vie de l’ensemble monumental est révélée dans toute son épaisseur, mais il manque encore les raisons d’être de chaque programme, les processus et l’ordre de construction de chaque chantier. Maintenant que les méthodes et le travail de groupe sont bien rodés, le renouvellement de ce PCR permettrait, outre l’achèvement du relevé des enceintes pour leur moitié méridionale, de confirmer les protocoles esquissés dans cette première phase afin d’aboutir à des conclusions irréfutables. Dans le cadre ainsi tracé, la campagne 2015-2016 aura été riche d’enseignement et de confirmation des hypothèses posées antérieurement.

3Sur le plan documentaire, le parti pris a été d’obtenir une connaissance exhaustive des travaux du xixe s. pour garantir ces phases intenses de restauration, de réactualisation et de construction, pour éviter toute confusion dans les interprétations. Ventilée par topos et par époque, elle permet de situer toutes les transformations dans le temps et l’espace. Après l’apport massif des fonds iconographiques locaux (Verguet particulièrement), et dans l’attente de l’exploitation des dossiers de la médiathèque du Patrimoine à Charenton, le principal fond qui a été mis à disposition de l’équipe est celui des archives du Génie au Service historique de la Défense de Vincennes, qui permet de suivre les réparations et l’entretien de la place forte dans sa vie active de l’âge classique jusqu’à la Révolution industrielle. Ce fond, partiellement endommagé par un dégât des eaux, a pu être numérisé et ventilé par dossier. 2 cartons du SHD ne seront disponibles après restauration que cette année, les 1VH 542 (1841-1842) et surtout 1VH 543 (1853-1875) ; ce sont les plus importants pour connaître le moment de la confrontation entre ministère de la Guerre et ministère de l’Intérieur (Beaux-Arts), et particulièrement le conflit emblématique des porosités entre officiers du Génie et architecte des Monuments Historiques : la rencontre entre le capitaine Séré-de-Rivière, directeur de la chefferie locale du Génie, et Viollet-le-Duc, qui fait ses premières armes sur place en 1853. Elle aboutira à une partition temporaire des restaurations entre l’enceinte basse, qui relèvera de la Guerre, et enceinte haute, pour les Beaux-Arts. Appliquée à l’enceinte haute, cette première exploitation systématique des archives fait apparaître une reprise quasi totale du secteur entre la porte d’Aude et le château comtal au cours du xixe s.

4L’enquête de terrain menée concomitamment sur les enceintes haute et basse a abouti à une cartographie des appareils et des matériaux qui n’avait jamais été réalisée de façon systématique sur la Cité, qui constitue désormais un référentiel exploitable par tous, aménageur, restaurateur et chercheur, pour s’orienter dans le labyrinthe des épidermes et des formes des murs de la Cité. Cette enquête était considérée inutile suivant le postulat réitéré que les murailles de Carcassonne étaient réalisées en 4 grandes phases de constructions homogènes et bien caractérisées : ive s., 1250, 1300, xixe s. ; cette construction intellectuelle, si elle présentait l’avantage de la simplicité, oblitérait les phases « intermédiaires » qui peuvent dépasser plusieurs siècles, qu’elles soient marquées par des campagnes de reconstructions ou de modifications, voire de restauration ou de réparation ; elle oblitérait aussi le problème du remploi, de la fourniture en pierre des chantiers ; elle oblitérait également le problème du pastiche, comme les appareils pseudo-antiques du haut Moyen Âge ou du xixe s., voire ceux à pseudo-bossage de grès. Cette caractérisation des matériaux de l’enceinte intérieure a révélé également les carrières situées directement à pied d’œuvre, au pied des murailles de la Cité (fronts ouest et nord), révélant que les constructions du xiiie s. utilisaient des grès différents de ceux observés dans la Cité et dans les carrières proches. Un des apports importants de cette année concerne l’étude d’une interface apparemment inerte et inexploitable : la lice entre les 2 enceintes. Par le croisement des sources, de l’enregistrement des traces apparentes et de quelques sondages ponctuels au hasard des urgences, ont été révélés son rôle comme circulation retranchée très en contrebas du niveau actuel distribuant les chemins de ronde de l’enceinte de combat (basse), mais aussi le nombre des bâtiments militaires qui y étaient abrités, dont les engins du Roy. Mais les sondages ont révélé, outre l’importance d’une occupation sauvage des temps modernes, la multitude des traces issues d’une agglomération et d’occupations antérieures à l’érection des enceintes. Il s’agit donc d’un espace « instable », où occupations et destructions alternent constamment.

5Les perspectives qui s’offrent à nous aujourd’hui, dans le cadre du renouvellement d’une biennale que nous sollicitons à partir de 2017, seraient de plusieurs ordres : l’ouverture de sondages stratigraphiques dans les lices, seule « réserve archéologique » pour améliorer la connaissance de la chronologie d’occupation, qui permettraient de reconstituer réellement la succession d’occupation et d’aménagements, ainsi que le profil des terrasses naturelles, en pratiquant 1 ou 2 transects complets en travers des lices ; la poursuite de la contextualisation des enceintes, par l’étude du parcellaire intérieur et enveloppant (à partir du cadastre napoléonien), ainsi que des voies de communication ; la nécessaire extension de l’enquête vers les châteaux de la Montagne Noire et des Corbières, pour trouver des rapprochements et des passerelles techniques dans la campagne royale du xiiie s. ; des analyses spectrométriques et à leurs possibilités d’apport pour la caractérisation pétrographique et les carrières ; la perspective de constitution d’un SIG.

Fig. 1 – Photographie L. Verguet 1865 (AD11_2J1_46)

Fig. 1 – Photographie L. Verguet 1865 (AD11_2J1_46)

Cliché : fond iconographique L. Verguet.

Fig. 2 – Photogrammétrie LFA Valladlid

Fig. 2 – Photogrammétrie LFA Valladlid

Cliché : N. Faucherre (Aix-Marseille Université, LA3M).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Photographie L. Verguet 1865 (AD11_2J1_46)
Crédits Cliché : fond iconographique L. Verguet.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/135894/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 218k
Titre Fig. 2 – Photogrammétrie LFA Valladlid
Crédits Cliché : N. Faucherre (Aix-Marseille Université, LA3M).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/135894/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 250k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Marie-Élise Gardel, Nicolas Faucherre, « La Cité de Carcassonne : étude, relevé et datation des fortifications » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Occitanie, mis en ligne le 25 avril 2023, consulté le 20 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/135894

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Auteurs

Marie-Élise Gardel

Amicale laïque de Carcassonne

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Nicolas Faucherre

Aix-Marseille Université, LA3M

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Marie-Élise Gardel

Amicale laïque de Carcassonne

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