1Durant cette nouvelle prospection archéologique 2014, les découvertes effectuées lors des immersions ont été, une fois encore, à la hauteur de nos espérances.

2La météo défavorable à cette période de l’année a bien souvent des effets positifs pour notre prospection car les coups de mer dégagent totalement la partie supérieure du fond marin de la rade. Du coup, le bilan du mobilier sauvegardé lors de cette mission 2014 est exceptionnel.

3Sauvés des eaux, ces précieux témoignages du passé, minutieusement conservés, inventoriés et étudiés (sous la direction scientifique de Gaëlle Dieulefet, docteur en archéologie sous-marine) nous renseignent, campagne de fouille après campagne de fouille, sur les routes maritimes et cette escale dans la rade, incontournable, comme le prouve la diversité des vestiges découverts.

4Entre Gênes et Marseille, c’est une rade immense d’environ 4 km² ou plus exactement un port comme l’indiquent les cartes marines anciennes.

5Les navires ancrés se trouvent depuis des siècles naturellement protégés des principaux vents dominants dont le vent d’est dans cette partie de la Méditerranée.

6On note dans cet inventaire : des verreries de Venise ; des plats a graffita monocroma, datés du début du xvi^e s., produits à Savone, en Ligurie ; des dizaines de fourneaux de pipes en terre ; des plats pisans du xvii^e s. a stecca ; des vaisselles produites au xvii^e s. dans la vallée de l’Huveaune dont cette fameuse cruche à eau à bec tubulaire et anse en panier torsadée (fig. 1) ; une assiette du xvii^e s. attribuée aux productions (rares) du Portugal comportant une représentation d’un lapin dans un décor champêtre (fig. 2) ; des bouteilles en verre soufflé ; des boulets de canon en pierre de petits et gros calibres ; des faïences de Ligurie (fig. 3) ; des vaisselles de Catalogne datées du xvii^e s. ; des boucles de ceintures en bronze et autres chaussures ; des assiettes du xviii^e s. produites à Albisola à taches noires ; des objets de marine en bronze, etc.

7Toutes ces pièces, lors de leurs découvertes, ont été méthodiquement positionnées grâce au GPS et portées sur la carte principale des lieux.

8Avec cet inventaire, on découvre la grande diversité des vestiges et la valeur archéologique des lieux.

Une nouvelle épave mise au jour lors de cette prospection

9Ce n’est pas un fameux trois-mâts fin comme un oiseau… Mais juste une embarcation bien plus modeste que nous venons de découvrir à la sortie du port de la Darse. À 14 m de profondeur, plusieurs pièces de bois apparaissent timidement du fond marin composé de gros galets et de vase fine. Dans un contexte où tout se mélange avec une impression générale de grande poubelle, une structure modeste en bois est présente sur plusieurs mètres carrés.

10Plus profonde dans le sédiment, la présence d’une coque en bois très abîmée par le temps est avérée. Mais on remarque surtout une altération de sa structure provoquée par l’action d’ancrages successifs des navires sur ce site depuis des siècles. Tout autour de cette structure en bois, on distingue la présence de plusieurs jarres à eau fragmentées à anse torsadée en panier, à bec tubulaire, de fabrication provençale datées entre le xvii^e et le xviii^e s. Un seul exemplaire a été découvert en parfait état de conservation car enfoui dans le sédiment.

11Dans le futur, nous espérons tous qu’une mission archéologique sera engagée (sans doute durant l’année 2016) afin d’en savoir plus sur ce naufrage et cette nouvelle épave qui enrichit par sa découverte la carte archéologique des lieux. Mais les choses ne seront pas faciles à mettre en œuvre car les sédiments qui recouvrent cette zone seront difficiles à dégager pour arriver enfin à la couche archéologique. Il nous sera possible alors d’étudier l’ensemble de sa structure en bois qui nous réserve toute son histoire.

Projets culturels réalisés en 2014…

Villefranche-sur-Mer

12Une superbe vitrine présentant le fruit de plusieurs fouilles archéologiques est installée en permanence à l’entrée de la citadelle. Là, sur environ 25 m², une ambiance sous-marine est créée afin d’interpeller les visiteurs. Environ 100 000 personnes découvrent chaque année cette exposition permanente d’archéologie sous-marine. D’autres projets sont en cours d’étude à la citadelle afin de présenter d’autres vestiges archéologiques importants retraçant l’histoire des lieux.

Beaulieu-sur-Mer

13Réouverture du musée d’Histoire locale, boulevard Marinoni. Après un déménagement et plusieurs années d’attente, le musée d’Histoire locale de Beaulieu-sur-Mer vient d’ouvrir officiellement ses portes pour la fête patronale les 3, 4 et 5 septembre 2015. Un bilan positif avec près de 800 visiteurs en trois jours de présentation. Là, dans trois superbes vitrines, une centaine de vestiges scientifiquement sélectionnés sont datés entre le xv^e et le xix^e s. Ces vaisselles anciennes et autres objets archéologiques proviennent des principales flottes qui ont séjourné en rade et retracent la vie à bord des marins.

… et en cours d’élaboration…

Menton et l’exposition permanente en cours d’élaboration (Trésors d’épaves, les routes maritimes de la Méditerranée)

14L’ouverture du musée d’archéologie sous-marine demeure notre projet principal en 2014. Pour les Journées de l’Archéologie, en juin 2016, il sera enfin ouvert au public. Mais surtout pour fêter comme il se doit le cinquantenaire de l’archéologie sous-marine et la création du Drassm. Dans les murs centenaires du musée de Préhistoire régionale de Menton, sur environ 450 m² (expositions, zones d’étude et de stockage) nous présenterons de façon permanente, les plus belles pièces d’archéologie sauvées des eaux depuis 1991. Une convention va être signée officiellement entre la municipalité de Menton et le Drassm afin d’officialiser nos dépôts archéologiques au sein de ce musée régional qui détient depuis de nombreuses années le fruit de nos fouilles menées sous la tutelle du Drassm. Cette exposition sera présentée par les plongeurs d’Anao, l’aventure sous-marine, membre de la Fédération monégasque des activités subaquatiques et de sa Commission scientifique. Ce lieu deviendra le dépôt officiel de l’archéologique sous-marine entre Nice et Menton et sans doute beaucoup plus dans les années à venir. Une affaire à suivre…

Saint-Jean-Cap-Ferrat

15La ville se porte également candidate afin de recevoir son lot de découvertes archéologiques. Le cap Ferrat est un lieu exceptionnel. Il est tout à fait normal que tôt ou tard, une exposition soit organisée sur cette commune, l’occasion de présenter une partie des découvertes sous-marines effectuées tout autour du cap. À noter la présence de sa citadelle du xvi^e s. (aujourd’hui détruite) et de sa chapelle construite pour les militaires du Duché de Savoie. Sans oublier le célèbre saint local, Saint Hospice, qui a donné son nom à cette avancée rocheuse.