1En 2012, le Drassm est saisi au titre de l’archéologie préventive pour émettre un avis concernant un projet de réaménagement portuaire au Betey, petit port d’Andernos-les-Bains.
2Dès les premières informations recueillies sur place auprès du service culturel municipal, il est évident que le potentiel archéologique de la zone est réel. En effet, les archives écrites du début du xxe s. ainsi que le mobilier archéologique détenu par le musée d’Andernos-les-Bains (fruit de ramassages dans la zone) mettent en évidence l’existence d’un site d’occupation humaine daté de la Préhistoire récente d’une rare qualité. Une nouvelle étude sur le mobilier issu du Betey, menée par J. Rousseau-Larroque, donne le nom du lieu-dit à une forme particulière de silex : les « segments » et « triangles du Betey » (Rousseau-Larroque 1997, p. 57). Au regard de ce rapide bilan, l’État décide de prescrire. Mais afin de ne pas impacter le calendrier des travaux, la mairie sollicite une demande de diagnostic anticipé. Les mois passent, l’intervention archéologique préventive n’a pas lieu et le changement d’équipe municipale aux élections de l’année fait que le projet est abandonné.
3Cependant, la poursuite des investigations dans les sources écrites, la recherche des collections archéologiques privées continuent de prouver que le site est d’importance. Ce sont des centaines de silex taillés ou polis de toutes sortes, des fragments d’ossements et de céramiques qui ont été ramassés sur l’estran pendant des dizaines d’années. On parle même de plusieurs stations d’occupations : une, dite du Betey serait située au niveau du chenal d’accès au port du Betey, une autre dite La Cassotte serait située au droit du boulevard de l’Océan.
4Faute de réalisation d’un diagnostic qui nous aurait peut-être permis d’établir l’existence du site du Betey, il est organisé une opération de sondage pour tenter de localiser ces stations.
5L’intervention, menée à l’aide des moyens techniques de la mairie d’Andernos-les-Bains s’est déroulée en conditions terrestres. Pendant deux jours, avec un engin doté d’un godet, nous avons procédé à 39 sondages de 2 m sur 3 m et de 1,50 m de profondeur, de part et d’autre du chenal d’accès au port du Betey. Deux sondages, sur la rive gauche, distants de 70 m l’un de l’autre, se sont révélés être positifs avec la découverte d’une couche végétale tourbeuse et de mobilier (grattoir, perçoir, percuteur, tessons de céramiques et charbons de bois) en place. Ces quelques vestiges attestent la présence d’un sol de circulation, peut-être un bord de site d’occupation, mais pas un sol d’occupation proprement dit.
6Faute de temps au cours de cette opération, nous avons concentré nos efforts sur le site du Betey, celui qui aujourd’hui serait le plus en danger si un projet de dragage du chenal était à nouveau envisagé. Le site de La Cassotte n’a pas été abordé.
7Les informations archéologiques recueillies sur le site du chenal, mises en confrontation avec les écrits des érudits locaux, notamment la thèse de J. Ferrier de 1938, confortent l’hypothèse de la présence d’un site au Betey mais sa localisation précise reste encore de l’ordre de l’hypothèse. Les résultats de cette opération auront tout de même permis de circonscrire une zone plus restreinte pour des recherches ultérieures telles que des sondages avec un matériel plus adapté que celui que nous avons utilisé, des carottages voire une étude paléo-environnementale.
Fig. 1 – Projection de la localisation potentielle du site en croisant les résultats des sondages et les informations livrées par la thèse de J. Ferrier
Photographie aérienne : Google Earth ; DAO : C. Lima (Drassm).