1En 2013, le Drassm a assuré le contrôle ou directement piloté 85 opérations, dont 54 ont bénéficié d’une aide financière de l’État. D’autre part 23 opérations ont reçu des financements extérieurs (crédits régionaux, municipaux, etc.). Au sein de cet ensemble, l’archéologie programmée s’est pour sa part déclinée dans le cadre de 71 opérations dont douze fouilles programmées et un programme collectif de recherche. L’année 2013 a enfin vu le déroulement de deux opérations d’archéologie préventive.

Le Ponant

L’archéologie préventive reste balbutiante

2D’année en année, un même constat s’impose. L’archéologie préventive des espaces immergés n’a toujours pas trouvé à se structurer et c’est encore pour l’essentiel au Drassm qu’incombe la responsabilité de protéger le patrimoine menacé par les travaux d’aménagement conduits sur le littoral français. On se réjouit donc que la prescription de diagnostic du Drassm pour le port de Calais ait fait l’objet d’une opération de l’opérateur historique. Précédée, à terre, d’une étude documentaire puis, en mer, d’une campagne de dépollution, l’intervention archéologique sous-marine de l’Inrap a cependant tourné court par suite de l’absence totale de visibilité sur la zone. Un second chantier ouvert en octobre, à l’occasion des travaux d’extension et d’aménagement du port de commerce de L’Île-Rousse, en Corse, s’est finalement achevé sans produire de résultats tangibles. C’est au final peu surprenant puisque le Drassm a appris après coup que d’importants travaux de déroctage auraient été conduits dans ce port dans les années 1980. Nul en Corse n’avait cependant trouvé opportun d’aviser les services compétents de cette information pourtant cruciale !

Une problématique spécifique : celle des grands conflits contemporains

3Depuis plusieurs années on observe un intérêt croissant du grand public, comme des chercheurs, pour les vestiges des grands conflits contemporains. Longtemps délaissés, ferraillés ou abandonnés au pillage, ces témoignages de notre histoire récente sont désormais au cœur de problématiques de recherche totalement nouvelles. Le Drassm, qui contrôle l’un des espaces maritimes les plus riches au monde en matière de vestiges immergés des deux guerres mondiales, ne pouvait rester indifférent. Depuis plus de 20 ans, il a donc accompagné plusieurs opérations, françaises et internationales, dédiées à la cartographie et à l’étude de ces vestiges d’autant plus fragiles qu’ils sont les plus directement menacés par le pillage et la corrosion marine. L’imminence des commémorations qui marqueront en 2014 le centenaire des premiers jours de la « Grande Guerre » et le 70^e anniversaire du débarquement de Normandie a favorisé cette année, comme en 2012, la programmation sur tout le littoral français d’opérations d’inventaire et de recherche spécifiquement dédiées aux BCM des deux guerres mondiales. Les travaux d’identification conduits sur la vedette lance-torpilles de Boulogne-sur-Mer, aujourd’hui identifiée comme la vedette allemande S189, ou les recherches menées sur la batterie des Gaillouneys, en Gironde, ou au large de Dieppe sur l’épave du train-ferry HMS Daffodil coulé en 1945 s’inscrivent dans ce registre de préoccupation. C’est a fortiori aussi le cas pour le projet Operation D-Day Mapping Expedition qui s’est poursuivi cette année sur les plages de Normandie. Basés à nouveau sur l’André-Malraux, épaulés cette fois par le catamaran de grande croisière Étoile Magique, plus de 50 chercheurs, techniciens, historiens, archéologues, ingénieurs, roboticiens et pilotes de sous-marins ont réalisé l’exploration méthodique des épaves de la baie de Seine. Près de 500 km² d’espace maritime ont ainsi fait l’objet d’investigations et près de 400 anomalies détectées. Une énorme base de données, nourrie d’éléments d’archives, de documents photographiques et d’images acoustiques réalisées à l’aide d’un sondeur multifaisceaux, a été édifiée. Elle constitue aujourd’hui l’une des sources d’informations les plus complètes sur les épaves du D-Day.

Nécropoles de l’âge du Fer et pêcheries

4Ces recherches conduites au Ponant sur des épaves contemporaines ne doivent pas faire oublier les études programmées dans le même temps sur la nécropole de l’âge du Fer de la pointe de Nacqueville, où 17 nouvelles sépultures ont pu être fouillées, ni les recherches menées sur de nombreux barrages de pêcherie, notamment au Petit Taureau, en Côtes-d’Armor, à Saint-Julien et Port-Haliguen dans le Morbihan ou sur le barrage de la pêcherie mésolithique du Davier en Ille-et-Vilaine. Ces trois dernières enquêtes s’inscrivent dans le cadre du programme européen Arch-Manche qui associe la Grande-Bretagne, la Belgique et les Pays-Bas à la France.

5Au-delà des opérations de prospection, dont le nombre reste élevé au Ponant, on soulignera ici l’intérêt des travaux qui se sont poursuivis en 2013 sur l’épave de l’Indian perdu en 1817 au large de Kerlouan, de l’opération de carte archéologique conduite par le Drassm au large de Saint-Jean-de-Luz et, surtout, de l’analyse du moulin à roue du haut Moyen Âge de Landounic à Saint-Pol-de-Léon. Première découverte de ce type en France, le moulin à roue horizontale de Landounic, dont la filiation avec l’Irlande, l’Angleterre et l’Écosse a été mise en évidence, se situe en effet parmi les plus anciens en Europe.

Les franges nord de la Méditerranée

6Au large de Villeneuve-lès-Maguelone, l’année 2013 a vu la reprise des opérations de terrain sur l’épave de la Jeanne-Élisabeth. Cette campagne a permis de vérifier le remarquable état de conservation de ce navire suédois perdu dans la nuit du 14 au 15 décembre 1755. Les travaux en cours ne s’en annoncent que plus prometteurs. Plus à l’est, les fouilles du dépotoir arlésien de Trinquetaille, qui seront à l’avenir placées sous le contrôle du Service régional de l’archéologie de Provence-Alpes-Côte d’Azur (SRA PACA) par suite du déplacement de la frontière du DPM plus en aval d’Arles, continuent à faire surgir du lit du Rhône de très importantes collections d’artefacts, essentiellement antiques. Parmi le mobilier lapidaire mis au jour on recense de nouveaux fragments de statues et de stèles funéraires portant des inscriptions. Le site a enfin révélé un véritable inventaire à la Prévert d’objets du quotidien, vaisselle de table d’origines diverses, pièces de monnaies, lot d’amphores, lampes à huile… Dans le même temps, une opération de carte archéologique du Rhône a permis d’assurer l’expertise de plusieurs épaves noyées dans le fleuve cependant que plusieurs prospections et sondages dans l’anse Saint-Gervais à Fos-sur-Mer, dans l’anse du Pharo à Marseille ou au cœur de l’île de Pomègues dans la baie de Marseille confirmaient combien la Méditerranée est encore riche de témoignages de notre passé. Longtemps placées sous le contrôle du SRA PACA, les recherches conduites au cœur de la grotte Cosquer, datée pour sa phase la plus ancienne de 28 000 BP, sont repassées cette année, à la demande du Directeur général des patrimoines, sous la tutelle du Drassm. Outre un nécessaire travail de contrôle permanent de l’état sanitaire de la grotte les interventions programmées en 2013 ont permis de poursuivre le relevé 3D des salles émergées.

7Dans le Var, l’épave Mèdes 6 a fait l’objet en 2013 d’un nouveau sondage. Celui-ci a révélé les vestiges fragiles d’un fond de carène où l’on reconnaît des éléments de membrures et quelques pièces de bordé. La quille n’a en revanche pas été localisée. De même sur l’épave Agay C, où la quille a cette fois été identifiée, quinze membrures et la présence d’un double bordé ont été observés. Dans les Alpes-Maritimes enfin, des recherches ont permis de poursuivre l’analyse de la jetée Saint-Lambert, plus vieil aménagement portuaire niçois connu à ce jour, cependant qu’une opération de carte archéologique conduite par le Drassm permettait de remettre en évidence un certain nombre d’épaves de la baie de Villefranche-sur-Mer et de ses environs, notamment l’épave de la Sainte Dorothéa perdue en 1693 par 72 m de fond et celle de la Lomellina dont le naufrage est daté de 1516. En revanche, les gisements Cap Ferrat 1, Cap Ferrat 3 et surtout l’épave Sainte Hospice 2/3, qui se signalait en 1990 par un véritable tumulus d’amphores, n’ont pas pu être relocalisés, ce qui est troublant, sinon inquiétant !

La Corse

8En 2013, le Drassm a enregistré huit nouvelles déclarations de découverte d’épave sur le littoral de l’île de Beauté cependant que treize autres sites lui étaient signalés sans faire l’objet pour autant d’une déclaration officielle. La vérification et l’expertise de la plupart des déclarations et des signalements opérés en 2013 ont été effectuées pendant les différentes phases de la mission de carte archéologique 2013 de la Corse. Cette opération conduite avec l’André-Malraux a donné lieu à trois phases distinctes de terrain. Les campagnes de février et de décembre ont en partie conduit à rechercher l’épave du submersible anglais HMS Saracen sombré en 1943 au large de Bastia. Ce sous-marin, très célèbre en Grande-Bretagne, a joué un rôle très important pendant la Seconde Guerre mondiale en assurant le débarquement sur les côtes corses de soldats de l’armée secrète chargés de hâter la libération de l’île de Beauté. Si la campagne 2013 n’a pas permis de retrouver son épave, elle a en revanche permis de localiser par 400 m de fond un gisement qui pourrait être celui du sous-marin italien Alberto Guglielmotti, coulé le 10 mars 1917 par le dragueur de mines anglais Cyclamen, suite à une méprise. Mais cette première identification n’est encore qu’une hypothèse qu’il conviendra de vérifier. Plusieurs autres épaves contemporaines ont été retrouvées et expertisées au cours de la campagne 2013 mais c’est l’analyse de quatre épaves antiques, Alistro 1, Aléria 1, Macinaggio 1 et Cap Corse 2, qui a le plus volontiers retenu l’attention des archéologues du Drassm. Ces quatre sites devront impérativement faire l’objet de nouvelles investigations car leur potentiel d’information est particulièrement prometteur. Chargée d’une cargaison de lingots de verre, l’épave Cap Corse 2 notamment pourrait bien se révéler comme le premier et unique témoignage d’un commerce de verre brut au tournant des i^er et ii^e s. apr. J.-C. Ce caractère d’unicité s’applique aussi à la balance en bronze romaine découverte à Aléria. Magnifiquement conservée, elle a gardé son fléau gradué avec ses chaînes et les crochets en bronze ainsi que deux contrepoids à figure humaine. Parallèlement à ces recherches et découvertes, on notera que les travaux se sont poursuivis sur l’épave Mortella 3 et celle de la Nourrice.

Les Outre-mers

9En Guadeloupe, une rapide opération a permis de documenter l’épave Pointe-à-Pitre 1 localisée dans la passe d’accès au port de Pointe-à-Pitre. Le gisement principal a été localisé et cartographié. L’étude a porté sur le mobilier archéologique mis au jour ainsi que sur 2 m² des restes de la coque. Même si elle en reste au stade des hypothèses, l’opération a permis de conforter l’identité proposée pour l’épave, à savoir celle du navire marchand bordelais France naufragé en juin 1824.

10En Martinique, le Drassm a mis à profit la fin de l’année 2013 pour programmer, avec l’aide du SCN des Phares et Balises, une prospection de la rade de Saint-Pierre afin de repositionner, d’une part l’ensemble des navires victimes le 8 mai 1902 de l’éruption du volcan de la Montagne Pelée, d’autre part les vestiges signalés ici et là par des plongeurs locaux mais jamais réellement déclarés ni localisés. Dans le même temps, des enquêtes de terrain ont permis de mener à bien une première évaluation du potentiel des sites amérindiens de l’îlet Madame sur la commune du Robert.

11Cinq sondages ont été réalisés dont trois se sont révélés positifs. En excellent état de conservation, le mobilier archéologique recueilli, céramiques, ossements, galets aménagés, coquillages « travaillés »… marque clairement une zone de plage associée à un habitat amérindien et corrobore la chronologie des occupations attestées ailleurs sur l’îlet, soit le x^e s. apr. J.-C.

12En Guyane enfin, une campagne de prospection a tenté de localiser l’épave du navire négrier hollandais Leusden perdu le 1^er février 1738 devant l’estuaire du fleuve Maroni. Le navire amenait d’Elmina, au Ghana, à Paramaribo, au Suriname, 680 esclaves africains. Les conditions environnementales très sévères sur la zone n’ont laissé aucune chance d’identifier en plongée les anomalies détectées. L’épave du Leusden, lieu de mémoire s’il en fut puisque 664 esclaves ont disparu lors de son naufrage, reste un objectif majeur sur lequel il conviendra de revenir lorsque les progrès de la technologie permettront de prospecter avec efficience des eaux aussi chargées que celles du Maroni.

Eaux intérieures : une année perturbée par les crues

Variations mineures autour de thèmes récurrents

13Le présent bilan référence pour l’année 2013 près d’une quarantaine d’autorisations en eaux intérieures. Pouvons-nous parler de retour à un niveau d’activités plus habituel après un véritable « creux de la vague » ? Ou bien faut-il prendre cette tendance avec les habituelles réserves liées au problème de la remontée des informations depuis les Services régionaux de l’archéologie ?

14Toujours est-il que les notices qui suivent peuvent être considérées comme représentative de l’activité dans les eaux douces.

15Une nouvelle fois c’est un peu plus de la moitié des 22 régions de métropole qui sont représentées avec toujours de grandes constantes et quelques nouveautés. Comme le montre la carte des opérations, la couverture du territoire est large avec pour les bassins fluviaux, la Loire avec ses affluents en rive gauche, la Charente et la Seine, avec toutefois pour cette dernière une nette diminution du nombre d’opérations. La Garonne, le Rhône et la Saône sont sous-représentés en regard de leurs potentialités. À l’inverse, les fleuves côtiers, bien que de dimensions comparativement bien plus modestes, font l’objet d’investigations tant au nord qu’au sud du territoire.

16Pour les lacs, au véritable « fonds de commerce » des Alpes et des Landes, vient s’ajouter cette année un petit plan d’eau du Massif central.

17L’année 2013 est marquée par la forte proportion d’opérations menées sous l’égide du Drassm, représentant 30 % du total. La part des bénévoles s’en trouve d’autant réduite mais reste élevée à 56 %. Il est à noter que dans plusieurs cas le responsable est un professionnel de l’archéologie intervenant hors de son cadre habituel. La part des bénévoles ou assimilés est toujours très importante dans les prospections (16 sur 22) mais l’implication dans des démarches plus ciblées est montrée par la proportion des sondages (5 sur 11). Fouilles programmées et préparation à la publication restent dominées par les institutionnels (Culture Drassm ou SDA, CNRS). Un point important est la confirmation de la diminution du nombre de responsables d’opération qui, après une légère baisse en 2012 en passant de 30 à 27, chute en 2013 à 22. L’autre fait marquant pour l’année 2013 est la mention dans la plus grande part des notices de problèmes rencontrés face à des crues, pouvant aller de simples interruptions courtes jusqu’à des annulations des investigations de terrain.

Cours d’eau : des éléments isolés aux ensembles complexes

18Depuis plusieurs années, des prospections sont menées dans le cours supérieur du Cher. Durant cette campagne, elles ont amené à la découverte de deux bois couchés dont les datations sont originales, l’une du Néolithique moyen-final et l’autre du Bronze ancien.

19Ces deux vestiges, de prime abord très classiques, amènent à s’interroger sur les occupations anciennes des rives et l’évolution du cours de la rivière. Ils montrent aussi tout l’intérêt de datations systématiques sur des éléments a priori similaires.

20La Protohistoire est également documentée en Charente avec une petite série de petits objets métalliques découverts au niveau d’un passage à gué. À Agde, dans l’Hérault, relevés de surface et sondage se sont poursuivis sur un vaste ensemble de la fin du Bronze final couvrant 8 500 m². Le matériel, tant organique que céramique, est très abondant. La complexité des séquences stratigraphiques et la position en limite du littoral posent des interrogations sur la nature précise du site et son contexte environnemental. Des éléments de réponse sont recherchés grâce à une campagne de carottages et d’études sédimentologiques.

21La constance de certaines équipes sur des prospections systématiques est à souligner. Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, comme malheureusement dans la Saône où l’évolution taphonomique s’avère défavorable. En d’autres secteurs, comme le Cher, l’Allier ou la Garonne, elles montrent la diversité des usages de l’eau sur le temps long.

22Ces travaux intègrent de plus en plus souvent un cadre de compréhension élargi au-delà du lit mineur et des strictes interventions en plongée. Cette vision globale de l’hydrosystème fluvial est par exemple illustrée à La Charité-sur-Loire où se conjuguent relevés en plongée et à terre, recherche en archives et études paléoenvironnementales. Il faut souligner, dans le même esprit, la publication du PCR consacré à la navigation et navigabilité sur le Cher.

23Toujours pour les franchissements, le pont médiéval de Lascaux, en Haute-Vienne, a fait l’objet d’une étude de bâti. À Taillebourg, dans la Charente, les piles du pont médiéval ont fait l’objet de sondages pour préciser leur organisation et leur datation.

24Dans le lit du Rhône, au niveau de la ville antique de Vienne, une campagne écourtée par une crue a confirmé l’ampleur de l’ouvrage qui est comparable aux plus grands ponts du monde antique. Les premières datations dendrochronologiques le placeraient à la fin du Ier s. de notre ère.

25Pour les épaves, les mauvaises conditions dans le Doubs ont limité l’extension du sondage sur le moulin flottant de Sermesse, exceptionnellement conservé.

26Également compliquée par les crues, l’opération sur l’épave de Châtenoy-en-Bresse a mis en évidence une architecture monoxyle-assemblée placée, par une datation ¹⁴C, entre la fin du xv^e s. et le milieu du xvii^e s. Cette embarcation est, pour ce type d’architecture, l’un des rares exemplaires référencé en Saône. Elle est à rapprocher de celle de Ouroux-sur-Saône fouillée par Louis Bonnamour en 1991. Dans le lit de la Somme, la poursuite des sondages sur l’épave EP1-Épagne-Épagnette chargée de tuiles, a livré des données inédites sur la construction fluviale moderne. Dans la Charente, au Priouté, des compléments d’observation ont été réalisés sur l’épave EP1 datée entre le milieu du vii^e s. et le début du viii^e s. Un peu en aval, une pirogue a fait l’objet de relevés. En chêne et longue de 6 m, elle est datée entre la fin du viii^e et la fin du x^e s. Encore un peu plus en aval, les prospections ont amené la découverte d’une nouvelle embarcation très semblable à EP1, tant par la forme que par les dimensions et l’architecture. Les premières dates obtenues la placent dans la même fourchette chronologique.

Plans d’eau : des plus grands aux plus petits

27Dans les Landes, pour le lac de Sanguinet, après le transfert de responsabilité des opérations opéré l’année dernière, 2013 marque la véritable transition à plusieurs titres. Comme pour d’autres équipes, la mise en conformité avec la nouvelle réglementation hyperbare a impacté les interventions sur le terrain. Dans l’attente de la reprise des prospections c’est un véritable bilan critique des 40 années précédentes qui est entrepris. La résorption du passif est amorcée avec la prise en compte des collections en déshérence. Pour les sites, un bilan sanitaire et une évaluation des potentialités sont envisagés afin de cibler au mieux les prochains travaux.

28En domaine savoyard, dans le lac du Bourget, la vaste station du Bronze final de Conjux 1 s’avère répondre tout à fait aux attentes dans le cadre de la problématique sur les formes de l’habitat. Plusieurs plans de bâtiments ont été clairement individualisés pour une période très récente du Bronze final. D’autre part, et bien qu’une grande partie des niveaux archéologiques soient érodés, le matériel est abondant tant dans le niveau relictuel de réduction que dans les zones encore conservées. Sur la base du matériel recueilli, une spécialisation fonctionnelle de la station pour le travail du bronze est envisagée.

29Toujours dans la baie de Conjux, les décapages ont été poursuivis sur le site cultuel antique de La Vacherie. Daté du milieu du ii^e s. de notre ère, il semble avoir toujours fonctionné en pleine eau, à faible profondeur. Ce site singulier a fait l’objet de dépôts particuliers : objets sacrifiés, monnaies, céramiques, etc. Les très nombreux piquets qui en couvrent l’emprise pouvaient servir de support à ces offrandes.

30Enfin, le lac de la Landie dans le Puy-de-Dôme, aux dimensions beaucoup plus modestes, a fait l’objet de prospections motivées par des découvertes anciennes (céramiques, tête sculptée) permettant d’envisager une fonction cultuelle durant l’Antiquité. Mais l’eutrophisation récente du lac a empêché toute observation. Il n’en demeure pas moins que ces petits plans d’eau du Massif central, tout comme ceux des Vosges ou de la bordure subalpine et jurassienne, mériteraient un travail systématique de prospections.

Érosion sédimentaire mais aussi de l’encadrement ?

31Avec régularité, ces bilans annuels sont l’occasion de souligner la diversité et la qualité des vestiges présents dans les eaux douces. Leur fragilité est également évoquée tout autant que la multiplicité des atteintes auxquels ils peuvent être soumis. Les crues de 2013 en donnent des illustrations en plusieurs endroits avec des affouillements, voire des déplacements de berge et des creusements de lits. Les crues ne font d’ailleurs qu’amplifier ce dernier phénomène, particulièrement marqué depuis plusieurs années dans différents bassins fluviaux. À ces atteintes naturelles s’ajoutent des atteintes anthropiques par des aménagements souvent d’ampleur comme le recalibrage de voies navigables ou le rétablissement de la continuité écologique des cours d’eau.

32Face à ces pressions, l’absence d’opération préventive est alarmante. Au mieux, des prospections sont réalisées en préalable mais, sans juger de leur qualité propre, force est de constater qu’elles relèvent de montage avec les « moyens du bord » et non pas de ce qui devrait être institutionnellement mis en place. Le rapport de 2011 sur les eaux intérieures avait déjà pointé ce problème.

33La question de la formation et du renouvellement des équipes avaient également été mis en exergue. L’année 2013 pourrait bien marquer le début de la réduction en peau de chagrin de l’encadrement. Ainsi, le nombre de responsables d’opérations est tombé de 30 à 22 en deux années. Sur ces 22 responsables, un seul est nouveau, tous les autres ayant déjà eu des autorisations les années précédentes. Il est à espérer qu’il ne s’agit que d’une inflexion passagère et non d’une tendance lourde qui verrait, à moyen terme, la disparition complète de ce pan de notre patrimoine.