Achenheim – Auswaerts der Linde, lotissement la Prairie
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Année de l'opération :
2015Numéro d’opération :
016481Nature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1L’opération archéologique, située au centre géographique de la commune d’Achenheim entre la route de Strasbourg (RD 45) et la rue d’Ittenheim (RD 222), a été motivée par la construction d’un lotissement sur une surface totale de 10 198 m2. La zone prescrite ne concerne que la voirie du futur lotissement, soit une surface totale de 870 m2. La principale occupation identifiée sur ce site concerne une partie de l’ensemble funéraire mérovingien connu depuis la fin du xixe s., puisqu’une vingtaine de sépultures y ont été mises au jour (en 1885, 1890, 1914, 1916, 1924, 1943 et 1947), dont certaines ont été construites avec des dalles de grès. Les données disponibles concernant ces fouilles anciennes sont très lacunaires. Une partie du mobilier funéraire provenant de ces sépultures est conservée au musée archéologique de Strasbourg et est sans conteste attribuable à la période mérovingienne (première moitié du vie s. – première moitié du viie s. ; Frey 2015).
2Sept petites fosses circulaires et cinq trous de poteaux, non datés, ne correspondent pas à des structures funéraires et ne peuvent donc pas être associés de manière certaine à la nécropole. En outre, une structure de plan ovoïde est attribuée au Néolithique moyen par le dépôt d’un grand fragment de vase sub-complet, à deux goulots (culture de Bruebach Oberbergen), de forme régionalement inédite.
L’ensemble funéraire mérovingien
3L’emprise de la fouille ne concernant que la voirie du futur lotissement, c’est seulement une petite portion de la nécropole qui a été mise au jour et fouillée. Il n’est cependant pas exclu que la limite nord-ouest de l’ensemble funéraire ait été atteinte. L’organisation classique, en rangées, est difficilement décelable ici du fait de la très petite surface fouillée. Au total, ce sont donc 12 sépultures et trois portions d’enclos funéraires qui ont été mis au jour. Une sépulture a également été fouillée pendant le diagnostic. Elle se trouve au sud de l’emprise. Parmi les 13 sépultures mises au jour, une seule était intacte. Toutes les autres ont été pillées à l’époque mérovingienne.
4Cinq types d’architecture funéraire ont pu être mis en évidence sur la base de critères archéologiques (différence de sédiments, traces de bois, effondrements de parois, profondeur du trou de pillage en coupe) et/ou taphonomiques (position des os du défunt).
5Parmi les 13 structures, contenant chacune un individu, une était totalement vide (SP 6) et une contenait les restes osseux de deux individus (SP 15). Le très important taux de pillage sur ce site a considérablement limité l’acquisition des données biologiques (parties anatomiques absentes et mauvaise conservation des os).
6Parmi les 13 individus identifiés, 11 sont adultes et deux sont adolescents (15 à 19 ans) – (Scheuer, Black 2000 ; Schmitt 2002 ; Coqueugniot 2010). Cinq individus féminins et deux individus masculins ont été identifiés par une méthode biologique (DSP, Murail et al. 2005). Le sexe archéologique a confirmé les résultats obtenus dans cinq cas (individus féminins).
7Le taux important de pillage n’a pas permis la description de la position des défunts au moment de l’inhumation, hormis pour la sépulture 16, qui est intacte.
8Il a tout de même été possible de préciser que dans huit cas, les défunts ont été déposés sur le dos et la tête à l’ouest, ce qui est conforme aux pratiques funéraires de l’époque.
9La portion fouillée de l’ensemble funéraire d’Achenheim présente un taux de pillage très important, compte tenu du fait que 92,3 % des sépultures sont pillées (seule la sépulture 16 est intacte). Il a été possible de définir par le biais d’arguments taphonomiques (dislocations d’articulations persistantes notamment) que le pillage avait eu lieu longtemps après l’inhumation dans 11 cas sur 12. Les pilleurs n’ont donc vraisemblablement pas agi au cas par cas, en connaissant l’identité des défunts et le contenu des sépultures, mais bien après un laps de temps long après l’inhumation (environ quelques années).
10Quelques modifications osseuses anthropiques liées au pillage (stries et entailles) ont été observées sur les os de trois individus.
11Du fait du taux de pillage extrêmement important, le mobilier funéraire encore présent dans les sépultures est très rare et il est quasi systématiquement réduit à l’état de fragments. Seule la sépulture 16 est intacte, et outre un collier de perles en pâte de verre et en ambre, la défunte portait deux boucles d’oreilles annulaires filiformes en alliage cuivreux avec décor de stries parallèles incisées.
12La sépulture 19 est également remarquable, puisque les pilleurs n’ont vraisemblablement pas eu accès aux membres inférieurs du défunt, à en croire les perturbations taphonomiques observées. À droite du genou droit se trouvait un couteau en fer à dos et tranchant symétriques ainsi qu’une plaque-boucle de ceinture monobloc, sans ardillon, en alliage cuivreux, d’influence méditerranéenne.
Fig. 1 – Vue zénithale de la sépulture 19, pillée à l’époque mérovingienne
Le défunt est inhumé au sud.
Cliché : F. Chenal (Inrap).
Fig. 2 – Garniture de ceinture typique de l’est du monde méditerranéen retrouvée dans la sépulture 19
DAO : T. Fischbach.
13Dans la sépulture 4 ont été retrouvées deux pointes de flèche à douilles ouvertes, l’une à flamme en losange, l’autre à flamme en harpon. Elles se trouvaient toutes deux dans l’emprise du trou de pillage.
14Quelques perles ont également été retrouvées dans l’emprise du trou de pillage des sépultures 2, 8, 11 et 15.
15Une hémi-mandibule de chien a été retrouvée à 15 cm du niveau de décapage.
16Trois sépultures ne comportent pas du tout de mobilier (SP 9, 12 et 14) et dans le reste des sépultures mises au jour, il est systématiquement fragmenté et donc réduit à quelques esquilles de fer ou d’alliage cuivreux.
17Trois datations radiocarbones ont été réalisées par le Radicarbon Laboratory de Poznan pour les sépultures 4, 12 et 15 :
- la sépulture 4 est datée de 421 à 570 (à 2σ) ;
- la sépulture 12 est datée de 566 à 655 (à 2σ) ;
- la sépulture 15 est datée de 611 à 690 (à 2σ).
18Ces données confirment l’attribution des sépultures de la portion fouillée de l’ensemble funéraire mérovingien d’Achenheim du milieu du vie s. à la fin du viie s., déterminée par l’analyse du mobilier funéraire datant présent dans les sépultures. Les sépultures 6, 9, 11 et 14 restent non datées.
19Les points d’intérêt de cette portion d’ensemble funéraire résident d’une part dans les types d’architecture funéraire peu fréquents mis au jour ainsi que dans les données taphonomiques disponibles pour discuter du pillage (notamment du laps de temps écoulé entre l’inhumation du défunt et le pillage de la sépulture).
Table des illustrations
Titre | Fig. 1 – Vue zénithale de la sépulture 19, pillée à l’époque mérovingienne |
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Légende | Le défunt est inhumé au sud. |
Crédits | Cliché : F. Chenal (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/138215/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,2M |
Titre | Fig. 2 – Garniture de ceinture typique de l’est du monde méditerranéen retrouvée dans la sépulture 19 |
Crédits | DAO : T. Fischbach. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/138215/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 115k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Fanny Chenal, « Achenheim – Auswaerts der Linde, lotissement la Prairie » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Grand Est, mis en ligne le 12 mai 2023, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/138215
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