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2022
63 – Puy-de-Dôme

Clermont-Ferrand – Projet InspiRe (secteur 7), Oradou

Opération préventive de diagnostic (2022)
Responsable d’opération : Laurence Lautier

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Lautier L. 2022 : Clermont-Ferrand : Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes : projet InspiRe, Secteur 7, Oradou : rapport de diagnostic, Clermont-Ferrand, Inrap.

Texte intégral

1Ce diagnostic s’inscrit dans la demande anticipée de prescription d’archéologie préventive, présentée par le Syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération clermontoise (SMTC), auprès des Services de l’État, afin d’aménager deux lignes de bus et des aménagements urbains associés (Projet InspiRe, secteur 7, Oradou).

2Le tracé InspiRe 7, d’une emprise de 41 100 m2, sur une longueur de 2,9 km, a vu l’implantation de sept sondages sur la rue de l’Oradou, afin d’évaluer le potentiel archéologique du secteur.

3Cette fenêtre se positionne sur l’extrémité occidentale du fossé d’effondrement de la Grande Limagne d’Auvergne, dans un secteur où le substrat est formé de marnes calcaires d’âge oligocène (g3), atteint dans le sondage 2, surmontées de matériaux fins argilo-clastiques, de cailloutis cryoclastiques, de matériaux fins argilo-calcaires et de sables (RCg1) ainsi que de formations argilo-calcaires de bas de versant (CRg), toutes dérivées de l’Oligocène. Au cœur du secteur diagnostiqué, sont conservés les témoins d’une activité pyroclastique quaternaire, une coulée de trachybasalte d’une orientation sud-ouest – nord-est, issue du puy de Grave dont l’éruption est datée de 60 000 ans BP. La présence de cette coulée a été observée à faible profondeur dans les sondages 4-5 et 6. En outre, dans le secteur de la Gantière, sur l’extrémité orientale de la rue de l’Oradou, se déploie un diatrème cratérique (maar) daté de 86 ± 8 Ka par thermoluminescence, à l’emplacement de l’actuel complexe de la Pardieu.

4Les six premiers sondages ont été décevants au point de vue archéologique. La densité des réseaux dans ce secteur urbanisé de Clermont-Ferrand, ou bien l’apport massif de remblais sous la chaussée de la rue de l’Oradou, ont fait disparaître tout aménagement antérieur ou bien alors ne nous ont pas permis de les atteindre.

5En revanche, le sondage 7 au pied de la rue (fig. 1), en bordure occidentale du maar de la Gantière, documente les rythmes de la sédimentation locale. La base de la séquence à 2,80 m de profondeur correspond à une formation colluvionnaire argilo-calcaire beige-gris (CRg) de bas de versant. Elle est surmontée par une plage alluviale d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur de mélanocrates sablo-limoneux au sein desquels des téphras noirs homogènes à la granulométrie fine ont été remaniés. Elle est recouverte par un horizon colluvionnaire ayant remobilisé des alluvions sous-jacentes, d’une puissance de 0,60 m, sur lequel se développe une plage d’interface, le sommet de la séquence colluviale étant marqué par un paléosol à structure grumeleuse qui a accueilli des aménagements de différentes périodes. L’ensemble est scellé, sur une hauteur de 1 m, par un apport récent de remblais et l’installation de la chaussée bitumée.

Fig. 1 – Présentation des aménagements observés dans le sondage 7

Fig. 1 – Présentation des aménagements observés dans le sondage 7

Échelle : 1/100.

Relevé topographique : S. Dohr ; DAO : L. Lautier (Inrap).

6Des indices d’une occupation protohistorique sont révélés par la découverte, entre 1,30 et 1,50 m de profondeur, de quelques tessons en céramique modelée, qui pourraient matérialiser, avec quelques éléments lapidaires, un possible horizon de circulation. Les artefacts datent, de manière ubiquiste, entre le Bronze ancien et le Bronze moyen pour l’un, et le Bronze moyen et le Bronze final pour un autre. Un dernier élément livre, quant à lui, une datation plus resserrée sur le Bronze final (fig. 2).

Fig. 2 – Planche des céramiques de l’âge du Bronze et du haut Moyen Âge

Fig. 2 – Planche des céramiques de l’âge du Bronze et du haut Moyen Âge

Sondage 7.

Dessin et DAO : S. Chabert, D. Pasquier (Inrap).

7À l’extrémité nord-ouest du sondage, est apparu, 0,70 m sous le niveau du sol, un mur axé ouest-nord-ouest – est-sud-est, d’une largeur de 0,60 m, d’une hauteur de 1 m et d’une longueur minimale de 3,20 m, composé de blocs de marne, de basalte et de pouzzolane, liés par un mortier de chaux. La morphologie de sa fondation nous incite à le rattacher à une chronologie récente, quoique inconnue.

8Enfin, les aménagements principaux reconnus dans ce sondage, sur une emprise minimale de 50 m2, semblent appartenir à un habitat rural, datés par le mobilier céramique entre le ve et le viie s. (fig. 3).

Fig. 3 – Orthophotographie et vue en coupe du bâtiment BAT7016, de la chaussée VO7022 et détail du trou de poteau PO7018

Fig. 3 – Orthophotographie et vue en coupe du bâtiment BAT7016, de la chaussée VO7022 et détail du trou de poteau PO7018

Levé, traitement photogrammétrie et DAO : L. Lautier (Inrap).

9De plus rares tessons résiduels du Haut-Empire et quelques fragments d’hypocauste sont également à signaler. Cet habitat prend la forme d’un bâtiment fossoyé d’une longueur de 5 m qui est apparu à une profondeur d’une soixantaine de centimètres. Il livre dans son emprise un possible alignement de trois trous de poteau et une fosse qui se poursuit dans la berme, et dont la fonction n’est pas clairement établie, puisqu’elle a livré deux fragments d’os frontal humains. La disposition en couronne de quelques blocs de basalte et de tuiles, bien que peu structurés, pourrait, sans certitude, matérialiser le coffrage d’une sépulture. À une distance de 7 m au nord-ouest du bâtiment, une fosse contemporaine d’un diamètre de 1,35 m a été reconnue à une profondeur de 1,10 m. Proche de cette structure, le squelette d’un jeune bovin adulte en connexion anatomique est visible dans la coupe à une altitude similaire. Entre ces deux aménagements et le bâtiment précédemment décrit, la berme nord du sondage conserve la trace d’un alignement de blocs et de terre cuite architecturale qui pourraient être associés à une autre structure d’habitation. En bordure orientale de l’édifice fossoyé, un empierrement linéaire, interprété comme un possible chemin, a été mis au jour à une profondeur de 1 m. Large de 1,50 m et d’une orientation nord-sud, il se compose, sur une hauteur de 0,25 m, d’un radier de blocs de basalte, de calcaire marneux, de pouzzolane et de grès associés à plusieurs fragments de terres cuites architecturales. Il est bordé, 2 m à l’est, par un fossé palissadé large de 30 cm à sa base, d’orientation nord-ouest – sud-est, associé à trois trous de poteau.

10Les tessons de céramique recueillis sur le site (fig. 2) correspondent à de la céramique commune grise qui se caractérise par trois principaux groupes techniques (pâte sableuse de teinte grise à gris clair, pâte kaolinitique micacée gris clair, pâte sableuse micacée et sombre en surface, parfois lissée). La céramique à cuisson oxydante est plus rare. Le répertoire des formes se compose de pots à lèvre parfois biseautée et pourvus d’une anse latérale et de formes ouvertes, telles un plat à lèvre triangulaire et une coupe à lèvre arrondie. Les décors correspondent à des lignes de bâtonnets ou de triangle réalisés à la molette, deux ocelles mitoyens et une rosette.

11L’étude de l’ensemble faunique ramassé dans le bâtiment, les fosses, le niveau de voie et le paléosol, met en évidence un enfouissement rapide des rejets. Toutes les composantes classiques du cheptel mammalien sont illustrées : équidés (indéterminés, cheval/hybrides avec l’âne ?), bovins, caprinés (ovin/caprin) et porc. Les bovins sont les animaux les mieux représentés en témoignages isolés, auxquels il faut ajouter les éléments d’un probable squelette d’un bovin jeune adulte de moins de 3 ans en connexion anatomique. Une cause de mortalité de nature pathologique peut être ici envisagée (individu non consommé). Des traces d’activités humaines se traduisent sur quelques os longs de grands ongulés par des marques de découpe sous formes de sectionnements et d’entailles. Elles sont à relier à l’alimentation carnée humaine, et, plus précisément, à la découpe de boucherie. Les faibles restes des autres taxons sont également perçus ici comme des déchets alimentaires (boucherie et/ou consommation proprement dite). Un doute demeure toutefois pour les équidés.

12Deux prélèvements effectués dans les niveaux charbonneux du bâtiment et dans une fosse ont livré des caryopses abondants de céréales conservés par carbonisation, dont du blé amidonnier et du millet commun. Une graine de vesce est observée chez les légumineuses. Une graine messicole des champs conduits à l’automne ou en hiver a également été identifiée. Enfin, des charbons de hêtres (tronc sec) ont été recueillis dans le bâtiment.

13Cet habitat du haut Moyen Âge, qui est peut-être associé à un lieu funéraire, complète ainsi nos connaissances sur ce secteur de Clermont-Ferrand. La trame des sites de même période reste peu dense pour cette commune.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Présentation des aménagements observés dans le sondage 7
Légende Échelle : 1/100.
Crédits Relevé topographique : S. Dohr ; DAO : L. Lautier (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140294/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 733k
Titre Fig. 2 – Planche des céramiques de l’âge du Bronze et du haut Moyen Âge
Légende Sondage 7.
Crédits Dessin et DAO : S. Chabert, D. Pasquier (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140294/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 158k
Titre Fig. 3 – Orthophotographie et vue en coupe du bâtiment BAT7016, de la chaussée VO7022 et détail du trou de poteau PO7018
Crédits Levé, traitement photogrammétrie et DAO : L. Lautier (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140294/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 604k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Laurence Lautier, « Clermont-Ferrand – Projet InspiRe (secteur 7), Oradou » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 01 juillet 2023, consulté le 21 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/140294

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Laurence Lautier

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