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2022
63 – Puy-de-Dôme

Lezoux – Allée de la Valeyre, parcelles AT 169, G 669 et G 658, carrières d’argile et ateliers de potiers antiques

Opération préventive de diagnostic (2022)
Responsable d’opération : Guy Alfonso

Entrées d’index

Année de l'opération :

2022

Numéro d’opération :

039106

Nature de l'opération :

opération de diagnostic
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Alfonso G. 2022 : Lezoux, Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes : allée de la Valeyre, parcelles AT169, G669 et G658 : carrières d’argile et ateliers de potiers antiques : rapport de diagnostic, Clermont-Ferrand, Inrap.

Texte intégral

1Ce diagnostic archéologique est lié au projet d’aménagement d’un terrain localisé au nord du bourg de Lezoux, à mi-distance de l’allée de La Valeyre et du boulevard Charles-de-Gaulle, situés respectivement à une centaine de mètres à l’ouest et à l’est. Le diagnostic a concerné les parcelles 169 et 664 (9 600 m2) mais également la parcelle 658 (1 600 m2), non comprise dans l’arrêté de prescription. Les sondages ont été réalisés en deux phases, du 11 au 14 janvier, puis les 10 et 11 mai 2022. Entre les deux phases, une prospection géophysique des parcelles 658, 664 et 169 a été mise en œuvre à la demande du SRA.

228 tranchées, d’une surface totale de 1 405 m2, ont été ouvertes dans les parcelles 169, 664 et 658, cette dernière étant située hors emprise (fig. 1). Elles représentent 12,43 % de la superficie totale de ces trois parcelles. Les tranchées réalisées dans la stricte emprise du projet d’aménagement (parcelles 169 et 664) couvrent une surface de 1 188 m2 (12,37 %).

Fig. 1 – Plan des sondages sur fond cadastral normalisé

Fig. 1 – Plan des sondages sur fond cadastral normalisé

Échelle : 1/1000.

Topographie : S. Dohr ; DAO : G. Alfonso, S. Dohr (Inrap).

3Sur les 28 tranchées qui ont été ouvertes, vingt se sont révélées positives, livrant au total 56 structures en creux, majoritairement datées de l’Antiquité, et principalement liées à l’extraction d’argile et à la production de céramique. Elles se répartissent dans les deux tiers est des parcelles 664 et 669, sur une surface de 6 500 m2 environ, et dans l’ensemble de la parcelle 658, hors emprise.

4Les structures s’ouvrent à une profondeur de 0,30 m à 0,60 m environ, au sommet d’une couche de sable limoneux gris contenant un peu de mobilier antique, qui chapeaute les sables de la terrasse Fs, ou, lorsque ces derniers sont absents, en surface des sables argileux présents au-dessus du substrat argileux oligocène.

5Du point de vue chronologique, l’ensemble des structures antiques s’insère dans une fourchette s’étendant du milieu du ier s. ou du début du iie s. apr. J.-C. jusqu’au deuxième ou au troisième quart du iiis.

6Le faible enfouissement du socle argileux, à l’est et au sud, est une caractéristique notable du terrain sondé qui a été largement mise à profit dans l’Antiquité pour extraire les matériaux nécessaires à la production de céramique. Un tiers des structures mises au jour correspond en effet à des fosses d’extraction d’argile, et peut-être de sable, de formes et de dimensions variées. Ce sont des creusements aux contours arrondis ou polylobés, de quelques mètres carrés à plus de 50 m2, dont la profondeur a rarement pu être appréhendée en raison du niveau élevé de la nappe phréatique. Treize fosses mesurent plus d’un mètre, et, six fosses, plus de 1,50 m de profondeur. Leur remplissage se distingue par la présence d’inclusions plus ou moins importantes d’argile verte plastique et d’argile sableuse hétérogène arrachées au substrat encaissant. Leurs derniers niveaux de comblement recèlent fréquemment du mobilier en terre cuite, en quantité assez importante dans certaines fosses de la partie nord-est du terrain, localisées à proximité de structures de production de céramique, en particulier la fosse F5.

7Ce mobilier, qui inclut fréquemment des rebuts d’atelier, est daté de l’intervalle allant du début du iie s. apr. J.-C. au deuxième ou au troisième quart du iiie s. Des fosses d’extraction d’argile sont présentes dans une grande partie des sondages positifs, réparties en deux groupes principaux : l’un dans la partie nord-est du terrain, et l’autre au sud, située dans le prolongement d’une zone d’extraction de matériaux reconnue dans la parcelle adjacente 177 à l’occasion d’un diagnostic effectué en 2014 par K. Chuniaud (fig. 2).

Fig. 2 – Plan de recollement de diagnostic 2022 et de celui réalisé en 2014 par K. Chuniaud

Fig. 2 – Plan de recollement de diagnostic 2022 et de celui réalisé en 2014 par K. Chuniaud

DAO : G. Alfonso, P. Combes, S. Dohr (Inrap).

8Aux côtés de ces structures existent des fosses de morphologie similaire dont le remplissage ne comporte pas d’inclusions d’argile verte, et qui pourraient être liées à l’extraction de sable.

9Plusieurs structures antiques sont assurément ou hypothétiquement liées à la fabrication de céramique : fours et aires de chauffes. Dans le sondage 3, situé hors emprise, un four de potier d’un mètre de diamètre restitué, caractérisé par une paroi composée de blocs de grès chauffés (F15), est relié à une aire comblée de fragments de terres cuites architecturales et d’argile verdâtre (F35) (fig. 3), pouvant correspondre à son aire de chauffe. Des céramiques communes claires surcuites, datées entre la fin du iie s. et le début du iiie s. apr. J.-C., sont associées à ces structures.

Fig. 3 – Vues du four F15 et de la structure F35

Fig. 3 – Vues du four F15 et de la structure F35

Sondage 3.

Clichés : A. Valérien (Inrap).

10À proximité immédiate, se trouve un second four de même gabarit, matérialisé par un mur curviligne constitué d’assises de fragments de terres cuites architecturales liées à l’argile, portant des traces de chauffe (F14), que prolonge un creusement (F30) dont une paroi est revêtue de fragments de tegulae (aire de chauffe ?). L’abandon du four est intervenu après le milieu du iie s. apr. J.-C. Dans les sondages 6 et 19, ce sont la forme rectiligne et la nature du remplissage des structures F36 et F38 qui laissent pressentir de possibles structures liées à la fabrication de céramique, d’autant que le remplissage supérieur de la structure F38 recèle des ratés de cuisson de dolia et de cruches à engobe blanc du ier s. ou du début iie s. apr. J.-C.

11Une aire funéraire a priori peu étendue a été identifiée dans le sondage 9. Elle comporte au moins deux ossuaires (F21, fig. 4, et F22) constitués de pots en céramique commune claire scellés par des couvercles marqués de perforations rituelles. Ils sont datés entre les années 140/150 et 230/240 apr. J.-C. L’un des ossuaires contenait les restes d’un adulte.

Fig. 4 – Mobilier céramique du dépôt de crémation F21 : pot en céramique commune claire et couvercle perforé à couverte micacée

Fig. 4 – Mobilier céramique du dépôt de crémation F21 : pot en céramique commune claire et couvercle perforé à couverte micacée

Sondage 9.

Cliché : A. Wittmann (Inrap)

12À 35 m au nord-est de cet ensemble a été partiellement fouillée une structure (F18) qui pourrait également relever du domaine funéraire. En effet, son remplissage charbonneux a livré quelques esquilles d’os brûlés, des restes carbonisés de fèves et de pain et des petits clous de chaussure, qui évoquent un possible dépôt de résidus de crémation. Une autre fosse à comblement charbonneux, de forme oblongue (F42), a été découverte dans la partie sud-est de l’emprise, mais aucun élément ne permet d’étayer son éventuelle fonction funéraire.

13À la période antique se rapporte, enfin, un certain nombre de structures en creux, de dimensions réduites, dont la nature n’est pas précisément établie.

14Deux petites fosses médiévales (F46 et F47) ainsi que quelques fosses et six segments de fossés non datés ont également été mis au jour. D’après leur orientation, certains fossés appartiennent probablement au réseau parcellaire médiéval reconnu en 2014 dans les parcelles situées au sud de l’emprise.

15En conclusion, on soulignera la densité importante des structures révélée par le diagnostic dans la majeure partie du terrain sondé, à l’exception de la bordure occidentale des parcelles 664 et 169, située en bas de pente. Une part de ces vestiges se trouve dans la parcelle 658, localisée hors emprise. La prospection géophysique confirme largement cette configuration, en particulier dans la zone nord-est, qui livre également les anomalies magnétiques de plus forte intensité. Ces dernières peuvent signaler des structures de chauffe, comme cela est avéré pour les anomalies 4 et 5 que l’on peut associer au four de potier F15-F35 dégagé dans le sondage 3. Il convient néanmoins de rester prudent dans l’interprétation de ces signaux de forte intensité, dans la mesure où il a été vérifié que l’un d’entre eux (anomalie 15) correspond à une « simple » fosse d’extraction d’argile (F2). On peut d’ailleurs supposer qu’une partie conséquente des anomalies détectées se rapporte à ce type de structure.

16La découverte de nombreuses fosses d’extraction d’argile antiques réparties dans les parties nord-est et sud du terrain sondé, sur une surface totale de 18 000 m2, constitue l’un des résultats majeurs du diagnostic. Elle confirme en effet l’existence dans ce secteur d’une vaste zone de carrière, révélée dès 2014 par le diagnostic de la parcelle 177 située au sud de l’emprise, s’étendant sur plus de 23 000 m2, et sans aucun doute favorisée par le faible enfouissement du socle argileux oligocène. Ce gisement est exceptionnel dans la mesure où l’extraction des matières premières utilisées pour la production des céramiques lézoviennes dans l’Antiquité n’est pas documentée.

17La mise au jour de vestiges d’ateliers de potiers (fours, ratés de cuisson, terres cuites artisanales) des iie et iiie s. apr. J.-C. dans ce secteur situé en bordure ouest de la zone de production céramique dite « de la route de Maringues » est également remarquable.

18Elle intervient à la suite de la découverte récente d’autres ateliers de la même période faite à quelques centaines de mètres au nord-ouest, allée de La Valeyre (Alfonso 2019, Thierry 2021) (fig. 5).

Fig. 5 – Plan schématique de l’occupation antique du secteur de La Valeyre

Fig. 5 – Plan schématique de l’occupation antique du secteur de La Valeyre

Sur fond cadastral normalisé.

Conception et DAO : G. Alfonso (Inrap).

19Ces données renouvellent la cartographie des ateliers de potiers antiques de cette partie nord de la commune de Lezoux et amènent à considérer, soit que le groupe d’ateliers de la route de Maringues s’étend davantage vers l’ouest que ce que l’on supposait, soit que les ateliers de La Valeyre, qui paraissent établis le long d’une voie nord-ouest – sud-est dont des tronçons ont été fouillés dans le cadre des interventions antérieures, forment un groupe d’ateliers distinct (fig. 5). Cette voie n’a pas été mise en évidence par le diagnostic, mais l’aire funéraire dégagée dans le sondage 9 suggère qu’elle se prolongeait vers le sud dans le terrain sondé. Elle desservirait ainsi les ateliers et elle permettait d’acheminer les matières premières extraites sur le site vers différents centres de production céramique de Lezoux.

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Bibliographie

Alfonso G. 2020 : Lezoux, Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes : allée de La Valeyre, parcelle G550 : rapport de diagnostic archéologique, Clermont-Ferrand, Inrap.

Chuniaud K. 2014 : Lezoux, Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes : allée de La Valeyre : rapport de diagnostic archéologique, Clermont-Ferrand, Inrap.

Thierry M.-L. 2021 : Lezoux, Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes : La Valeyre : rapport de fouille archéologique préventive, Clermont-Ferrand, Inrap.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan des sondages sur fond cadastral normalisé
Légende Échelle : 1/1000.
Crédits Topographie : S. Dohr ; DAO : G. Alfonso, S. Dohr (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140334/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 620k
Titre Fig. 2 – Plan de recollement de diagnostic 2022 et de celui réalisé en 2014 par K. Chuniaud
Crédits DAO : G. Alfonso, P. Combes, S. Dohr (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140334/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 845k
Titre Fig. 3 – Vues du four F15 et de la structure F35
Légende Sondage 3.
Crédits Clichés : A. Valérien (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140334/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 451k
Titre Fig. 4 – Mobilier céramique du dépôt de crémation F21 : pot en céramique commune claire et couvercle perforé à couverte micacée
Légende Sondage 9.
Crédits Cliché : A. Wittmann (Inrap)
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140334/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 747k
Titre Fig. 5 – Plan schématique de l’occupation antique du secteur de La Valeyre
Légende Sur fond cadastral normalisé.
Crédits Conception et DAO : G. Alfonso (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140334/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 759k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Guy Alfonso, « Lezoux – Allée de la Valeyre, parcelles AT 169, G 669 et G 658, carrières d’argile et ateliers de potiers antiques » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 01 juillet 2023, consulté le 18 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/140334

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Auteur

Guy Alfonso

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Responsable d’opération

Guy Alfonso

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