Bochaton S. 2021 : Les chanoines réguliers en Savoie du Nord. Restitution des abbayes d’Abondance et de Sixt (xiie-xviie s.), Thèse de doctorat, université Lumière Lyon 2.
Abondance – 20 montée du Cloître, ancienne abbaye d’Abondance
Entrées d’index
Année de l'opération :
2022Numéro d’opération :
2214592Lieux :
France métropolitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Département de la Haute-Savoie, Abondance (Haute-Savoie)Chronologie :
époque médiévale, Haut Moyen Âge, Moyen Âge classique, Bas Moyen Âge, époque moderne, époque contemporaineNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Bocquet S. 2023 : Abondance, Haute-Savoie, Auvergne-Rhône-Alpes : 20 montée du Cloître – Ancienne abbaye d’Abondance : rapport de diagnostic, Bron, Inrap.
Texte intégral
1L’ancienne abbaye d’Abondance est fondée au tournant du xiie s. par des chanoines réguliers augustiniens issus de l’abbaye Saint-Maurice d’Agaune (Suisse). Elle est cédée à l’ordre cistercien réformé des Feuillants en 1607, et elle est supprimée en 1761. Répartis entre plusieurs propriétaires au xixe s., ses bâtiments appartiennent aujourd’hui à la commune d’Abondance. Une partie est ouverte au public en raison de la présence des peintures murales du xve s. qui ornent le cloître.
2Le diagnostic est réalisé en amont de travaux de réaménagement qui portent sur certains bâtiments et sur les abords. Il s’agit de la première opération d’archéologie préventive prescrite sur le site. Elle s’inscrit dans la continuité des recherches menées depuis 2015 par Sidonie Bochaton (universités Lyon 2, puis Toulouse 2).
3Trois sondages sédimentaires ont été ouverts : deux dans le cloître établi au xive s., à l’emplacement de sa galerie nord disparue, et un sur la terrasse sud du site réaménagée en 1950-1952. Les données collectées apportent des résultats inédits pour l’histoire de l’abbaye et ses transformations, depuis les xiie-xiiie s. et jusqu’au xxe s.
4Le substrat géologique est formé par des dépôts argileux, attribués à la fin du Pléistocène supérieur, qui, au-dessus de la roche dure du versant sud du Mont Jorat, composent un socle pouvant favoriser le développement d’instabilités. Se superposent ensuite des colluvions anthropisées. La plus ancienne, au début du haut Moyen Âge (viie s.), attesterait une phase d’incendie de la végétation sur le versant, à l’emplacement de la future abbaye, qui serait liée à l’activité humaine, d’après l’étude géoarchéologique (Xavier Boës) et l’analyse d’un charbon de bois (Beta-653956). La pente naturelle nord-sud du secteur a été mise à profit pour l’implantation des bâtiments conventuels.
5La plus ancienne phase de construction repérée lors du diagnostic est représentée par un imposant massif maçonné (M 46), apparu sous la terre végétale du préau du cloître. Il est proposé comme la fondation d’un contrefort épaulant une construction importante d’axe ouest-est, qui lui serait perpendiculaire au nord. Cette maçonnerie, de plan légèrement trapézoïdal et à ressauts, est montée au moyen de grands blocs et de dalles de calcschiste rouge. Sa mise en place intervient avant la construction du cloître, laquelle est estimée dans les décennies 1330-1340 d’après le nécrologe de l’abbaye. Cette découverte amène à reconsidérer l’histoire architecturale de ce secteur de l’abbaye.
6Le massif pourrait en effet relever d’un projet en lien avec la reconstruction de la nef, au cours du xiie s., peut-être inachevé, abandonné ou ensuite modifié (?), alors que progressent les travaux de reconstruction et d’agrandissement de la partie orientale de l’abbatiale (transept et chœur). Faut-il envisager une nef de même largeur que le transept et à doubles collatéraux, avec un mur gouttereau sud rythmé par des contreforts, dont témoignerait la fondation découverte ? Il s’agirait d’un édifice de grandes dimensions, et singulier, au regard d’autres églises canoniales régionales, comme Aulps ou Sixt. La question n’est pas résolue. La fondation disparaît avec la construction du cloître.
7Un mur d’axe ouest-est (M 40), large au minimum de 1,35 m, renvoie à la fondation qui porte le bahut de la galerie nord disparue du cloître du xive s. Ce mur peut être long de 16,60 m, et délimiter une galerie nord, large de 3,50 m environ. Sa localisation soulève toutefois des questions sur son éventuel remploi, car cette fondation se trouve dans le prolongement du mur sud de la partie orientale de l’abbatiale du xiiie s.-début xive s.
8La disparition de cette galerie nord serait consécutive à la destruction des nef et bas-côtés de l’abbatiale, survenue en 1443 suite à incendie, selon Sidonie Bochaton. Au nord-est du cloître, la mise en place d’un contrefort à chaîne d’angle en calcaire rouge marmoréen (M 48), qui épaule un mur sud de l’abbatiale, intervient dans ce contexte, à partir du milieu du xve s. Le sinistre a exposé le cloître aux paroissiens d’une part, et aux intempéries, d’autre part, mais la fermeture de ce dernier au nord par un mur reste méconnue pour le xve s. et l’époque moderne.
9Plusieurs fosses, dont deux sont assurément des tombes, renseignent l’occupation de l’espace correspondant à la galerie nord du cloître. Pour trois autres creusements, l’hypothèse de fosses d’inhumation est plausible en raison de leur localisation à proximité de l’abbatiale et dans l’emprise claustrale, et d’après leurs dimensions. Toutes ne sont pas contemporaines. Certaines sont fossilisées sous de fins niveaux limono-sableux brun-rouge à gris foncé, que d’autres recoupent. Des traces d’incendie sont envisageables, bien que ténues, mais aucun remblai de démolition n’est observé. Une récupération des matériaux et un nettoyage du secteur sont toutefois possibles. L’ensemble des fosses et sépultures s’inscrit dans une chronologie couvrant la fin du Moyen Âge et l’époque moderne. Une sépulture a été datée par radiocarbone (Beta-653955). Il s’agit vraisemblablement de tombes de Religieux, étant donné leur emplacement dans une partie privée de l’abbaye et, a priori, non accessible aux paroissiens.
10D’autres travaux de consolidation peuvent relever de la période moderne dans le secteur sud de l’abbaye, au niveau d’un sondage creusé sur la terrasse bordant l’aile conventuelle sud. La stratigraphie montre ici une succession de couches limono-argileuses anthropisées, qui témoignent d’un secteur ouvert. L’aile sud, dont la date de construction est inconnue (xiiie ou xive s.), peut avoir été ultérieurement consolidée et raidie par l’adjonction de contreforts et d’arcs de décharge, dont des fondations ont été observées en sondage. Ces travaux pourraient être consécutifs aux dégâts provoqués par un tremblement de terre connu en 1584.
11Au tournant des xixe-xxe s., la principale modification, au niveau du cloître, s’opère avec la construction de son actuel mur nord, confirmée par des documents d’archives. Parallèlement, le terrain longeant l’aile conventuelle sud, occupée par la mairie à partir du dernier quart du xixe s., sert de jardin, de cour d’école. Ce terrain accueille ensuite un Monument aux Morts à partir des années 1920, avant d’être en partie restructuré en 1950-1952.
Fig. 1 – Plan général du diagnostic archéologique

Plan au niveau 2 des bâtiments avec sous-sol de la terrasse sud. Échelle : 1/200.
Relevés : F. Pont ; topographie : S. Couteau ; DAO : S. Bocquet (Inrap).
Fig. 2 – Topographie religieuse simplifiée du site, restituée d’après l’étude de S. Bochaton (2019-2022)

Échelle : 1/500.
Relevés : F. Pont ; topographie : S. Couteau ; DAO : S. Bocquet (Inrap).
Fig. 3 – Diverses vues du cloître de l’ancienne abbaye d’Abondance (Porte dite de la Vierge, décor peint, entrée nord-ouest)

Clichés et DAO : S. Bocquet (Inrap).
Fig. 4 – Apparition en limite est du sondage 2 du crâne du squelette 47, à l’arrière d’un bloc du substrat US 20 (en haut, vers le nord) ; vue générale du sondage 2 et localisation de la sépulture 42 en fond de fouille (en bas)

Clichés et DAO : S. Bocquet (Inrap).
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Plan général du diagnostic archéologique |
Légende | Plan au niveau 2 des bâtiments avec sous-sol de la terrasse sud. Échelle : 1/200. |
Crédits | Relevés : F. Pont ; topographie : S. Couteau ; DAO : S. Bocquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140618/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 958k |
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Titre | Fig. 2 – Topographie religieuse simplifiée du site, restituée d’après l’étude de S. Bochaton (2019-2022) |
Légende | Échelle : 1/500. |
Crédits | Relevés : F. Pont ; topographie : S. Couteau ; DAO : S. Bocquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140618/img-2.jpg |
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Titre | Fig. 3 – Diverses vues du cloître de l’ancienne abbaye d’Abondance (Porte dite de la Vierge, décor peint, entrée nord-ouest) |
Crédits | Clichés et DAO : S. Bocquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140618/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 857k |
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Titre | Fig. 4 – Apparition en limite est du sondage 2 du crâne du squelette 47, à l’arrière d’un bloc du substrat US 20 (en haut, vers le nord) ; vue générale du sondage 2 et localisation de la sépulture 42 en fond de fouille (en bas) |
Crédits | Clichés et DAO : S. Bocquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140618/img-4.jpg |
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Titre | Fig. 5 – Mise en périodes chronologiques des principaux vestiges étudiés lors du diagnostic |
Légende | Plan au niveau 2 des bâtiments (BE Associés/SEPR). Échelle : 1/200. |
Crédits | Relevés : F. Pont ; topographie : S. Couteau ; DAO : S. Bocquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140618/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1002k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Sylvie Bocquet, « Abondance – 20 montée du Cloître, ancienne abbaye d’Abondance » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 05 juillet 2023, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/140618
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