Toulon-sur-Allier – Occupations antiques en marge de l’atelier de potiers du Larry, RN 7
Entrées d’index
Année de l'opération :
2022Numéro d’opération :
039164Chronologie :
Protohistoire, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romain, époque julio-claudienne, époque augustéenne, époque médiévale, époque moderne, époque contemporaineNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Département de l’Allier
Rocque G. 2022 : Toulon-sur-Allier : Occupations antiques en marge de l’atelier de potiers du Larry, RN7 : Auvergne-Rhône-Alpes, Allier, 03286 : rapport de diagnostic, Moulins, Sapda.
Texte intégral
1L’intervention qui s’est déroulée dans la commune de Toulon-sur-Allier, le long de la RN 7, en préalable à l’aménagement d’un garage poids-lourd, a eu lieu du 26 avril au 6 mai 2022. Elle a été menée par une équipe de trois à quatre archéologues du Sapda de l’Allier, sur une superficie de 40 630 m2.
2Ce diagnostic est localisé en périphérie d’occupations anciennes s’étendant de la Protohistoire à l’époque médiévale, plus ou moins bien documentées par des fouilles du xixe s., et du milieu du xxe s. ainsi que par des diagnostics récents. Le site le mieux connu est celui de l’atelier de potiers gallo-romain du Larry, situé en bordure nord de l’emprise, de l’autre côté d’une petite route communale.
3Les vestiges se répartissent en quatre principaux ensembles et sont principalement datés des périodes antiques et médiévales (fig. 1).
4La Protohistoire n’est représentée que par des tessons de céramique épars retrouvés lors du décapage des sondages. Une voie (F902) pourrait avoir été aménagée dès l’époque protohistorique, mais sans certitude aucune.
5L’époque antique est celle qui est le plus représentée sur cette opération, puisque des vestiges sont présents au sein de chacun des quatre ensembles. L’ensemble 1, au nord, correspond à la marge de l’atelier de potiers du Larry. Les structures sont constituées de huit fosses de rejets céramiques, de deux fossés qui pourraient constituer une délimitation à l’est de l’espace, et de trois nappes de sédiments qui pourraient combler des irrégularités du substrat et ainsi constituer des paléosols (fig. 2). Au sud, aucune limite fossoyée n’a été mise en évidence. Cependant, tous les vestiges se répartissent dans un seul sondage tandis que le suivant est presque totalement vierge de structures et n’a livré aucun mobilier archéologique résiduel (terre cuite architecturale ou céramique), permettant de restituer la limite de l’atelier entre ces deux sondages. Le corpus céramique est similaire à celui connu de l’atelier du Larry, avec une prédominance de la vaisselle de table fine (gobelets métallescents et sigillées : coupes, bols Drag 37 et mortiers Drag 45). Quelques éléments de figurines ainsi que des fragments de moules, ratés de cuisson et séparateurs de vases permettent de corroborer la continuité de l’atelier en bordure nord de cette parcelle. L’ensemble couvre une chronologie large du ier au iiie s., mais avec un nombre de productions plus important compris entre la deuxième moitié du iie s. et la première moitié du iiie s.
6L’ensemble 2 est situé à 150 m au sud-est. Un espace funéraire (nécropole à incinération) est caractérisé par un possible enclos fossoyé qui semble s’appuyer sur un fossé plus ancien, peut-être parcellaire, et le réutiliser, à l’image de la nécropole des Petites Roches à Avermes. Trois fossés présentent un comblement caractéristique des rejets funèbres (banquet et ou rejets de bûcher) : présence de nombreux éléments de charbons, grande quantité de céramique brûlée, et présence d’esquilles d’os calcinées. Si l’enclos lui-même ne peut pas être restitué d’après les données du diagnostic, il était certainement bien présent. À l’intérieur, plusieurs dépôts ont été mis au jour : au moins un probable vase ossuaire et deux dépôts d’offrande dont un est constitué d’une petite fosse contenant six petits gobelets et cruches (dont quatre sont brûlés), qui devaient être disposés dans un coffre en matériaux périssable. Le corpus céramique est bien différent de celui de l’ensemble 1. Il est caractérisé par un répertoire de vaisselle de table fine qui a subi une forte chauffe : assiettes en Terra Nigra, bols et coupes et sigillée, tasse en céramique plombifère. Des éléments de céramique commune claire sont moins nombreux mais présentent un contact prolongé au feu plus important. Enfin, des amphores locales et d’importation sont peu touchées par les flammes. Fait rare dans les nécropoles dans cette partie de l’Allier, de nombreuses esquilles d’os (faune et humain) brûlés sont également présents dans ces différents contextes.
7L’étude anthropologique ne permet pas à ce stade de définir la population incinérée ici. Tout au plus peut-on constater l’absence d’immatures et le fait qu’un seul individu est identifié dans chacun des contextes.
8Cette nécropole semble utilisée entre les périodes augustéenne et flavienne, sur une durée de deux à trois générations. La proximité avec l’atelier de potiers du Larry pourrait suggérer un lien avec cette nécropole, d’autant plus que le même procédé a été mis en évidence sur l’atelier de potiers de La Forêt éloignée de 500 m, site dans lequel un espace funéraire est distant de 100 m des occupations domestiques liées à l’atelier. En l’état des connaissances, l’atelier du Larry est en fonctionnement entre la deuxième moitié du iie et la première moitié du iiie s., bien que des traces d’occupation soient attestées dès la période augustéenne, sans qu’il soit possible de mesurer l’ampleur de cette phase.
9Cette nécropole est distante de moins de 40 m d’une voie d’orientation nord-est – sud-ouest, associée à l’ensemble 3. Elle semble aménagée dans un léger creusement (0,40 m), qui reprend parfois la partie supérieure d’un fossé sur lequel s’implante ce niveau de circulation. Elle est bordée de deux fossés de part et d’autre. La voie est peu large (environ de 2 m) et semble peu propice au croisement des véhicules. Pourtant, elle est parfaitement visible sur le relevé Lidar et peut ainsi être suivie sur une longueur d’environ 500 m jusqu’à sa possible connexion avec la voie d’orientation nord-sud qui relie Nevers à Varennes-sur-Allier.
10Une seconde voie (F902) a été mise au jour à l’extrémité sud-est de l’emprise (fig. 3). Celle-ci, large de 7 m, ne semble pas bordée de fossés. Elle est également partiellement visible sur le relevé Lidar sur lequel elle forme une courbe, probablement pour permettre le franchissement du talus entre la moyenne terrasse et le ruisseau La Sonnante qui coule en contrebas et vers lequel cette voie se dirige. Il est ainsi possible de restituer un franchissement (passage à gué ?) plus ou moins à l’emplacement du passage de l’actuelle N7. La datation de cette voie n’est pas assurée. Elle pourrait avoir une origine protohistorique et être en fonctionnement jusqu’à la fin de l’époque médiévale ou de la période moderne. Mais cette hypothèse n’est pas assurée avec certitude.
11Enfin, au nord-est de l’emprise, l’ensemble 4 regroupe plusieurs fosses et ou trous de poteau dont certains sont de datation augustéenne, et d’autres sont médiévaux. Aucun bâtiment ou organisation particulière ne se dessine de cet ensemble dont la plupart des structures ne sont pas datées. Elles témoignent probablement d’une occupation agricole du secteur.
Table des illustrations
![]() |
|
---|---|
Titre | Fig. 1 – Plan général de l’opération |
Crédits | DAO : Sapda. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140936/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 633k |
![]() |
|
Titre | Fig. 2 – Plan du sondage 1 |
Crédits | DAO : équipe, G. Rocque (Sapda). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140936/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 246k |
![]() |
|
Titre | Fig. 3 – Vue générale de la voie F902 au sein du sondage 9 |
Crédits | Clichés : Sapda. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/140936/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 441k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Gabriel Rocque, « Toulon-sur-Allier – Occupations antiques en marge de l’atelier de potiers du Larry, RN 7 » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 06 juillet 2023, consulté le 15 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/140936
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page