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Année de l'opération :
1992Numéro d’opération :
224662Sujets :
établissement de bain, thermes, chapelle, édifice, bassin (structure), grange, monastère, prieuré, chauffage, hypocauste, parement, pavement, céramique romaine, céramique gallo-romaineChronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romain, Bas-Empire romain, époque médiévaleNature de l'opération :
fouille programméePlan
Haut de pageNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture
Thirion P. 2011 : Les thermes d’Aquae Segetae, le prieuré du Palais et l’église Sainte-Eugénie à Montbrison-Moingt (Loire) : Synthèse des opérations d’évaluation menées de 1991-1993, Lyon, Drac Auvergne-Rhône-Alpes (service régional de l’archéologie), 2 vol.
Texte intégral
1En 1992, s’est achevée la phase d’étude préliminaire du site du Clos Sainte-Eugénie. Cette opération, d’une durée de deux ans, fait suite à l’acquisition et au classement au titre des monuments historiques des vestiges des thermes antiques d’Aquae Segetae. Il s’agissait, par cette étude, d’évaluer les potentialités du site, l’organisation des vestiges et leur extension, et d’en préciser la chronologie, afin de permettre aux partenaires concernés par son devenir de disposer des éléments nécessaires à la réflexion, tant en matière de recherche que de mise en valeur et, éventuellement, d’affectation nouvelle.
Les intervenants
2Les moyens matériels et financiers ont été assurés conjointement par l’État (Direction régionale des affaires culturelles, SRA et CRMH), le Conseil général de la Loire et la ville de Montbrison.
3Cette opération, réalisée sous la direction du SRA, réunit des chercheurs de disciplines diverses (archéologues, historiens, architectes) rattachés à différents organismes : Drac-SRA, université Lyon 2 et ERA 26 du CNRS, Écoles d’architecture de Nancy, Strasbourg, Paris-Belleville et Paris-La Seine, École nationale supérieure des Beaux-Arts.
4Certaines des études réalisées font l’objet de soutenance de diplômes. Ainsi, la réoccupation médiévale du site constitue-t-elle le sujet d’un mémoire de maîtrise qui sera présenté par S. Hurtin, sous la direction de J.-F. Reynaud (université Lyon 2). Le levé des plans des bâtiments actuels a été réalisé dans le cadre d’un CEAA des Écoles d’architecture, sous la direction de J.-P. Braun (École d’architecture de Nancy).
Le site
5Dans son état actuel, le site se présente sous l’aspect romantique d’une imposante maison bourgeoise du siècle dernier, en partie ruinée, adossée à une chapelle gothique et entourée d’un parc laissé à l’abandon. Des fouilles effectuées en 1876 par J.-B. Dulac devant la façade sud ont révélé sa destination primitive (thermes antiques), mais sans en préciser l’organisation. La demeure est alors connue pour être un ancien prieuré bénédictin dépendant de l’abbaye de la Chaise-Dieu, et qui passait pour avoir été fondé en 1096.
6Au cours de notre étude, les bâtiments actuels se sont avérés être presque entièrement constitués des vestiges conservés en élévation, quoique considérablement remaniés, d’une partie des thermes. Ceux-ci connaissent, après leur abandon, une suite de réaffectations diverses dont rendent compte les recherches d’archives. D’abord simple grange dîmière laïque puis prieuré bénédictin au cours du Moyen Âge, ils sont ensuite vendus comme biens nationaux en 1791, et, après une tentative de réinstallation d’une communauté religieuse lors du Concordat, ils sont transformés en fabrique de passementerie, puis, enfin, vers 1865, en une riche demeure qui restera habitée jusqu’en 1981.
Les vestiges antiques
Aquae Segetae
7L’ancien village de Moingt, désormais rattaché à Montbrison, est connu de longue date par ses sources thermales, son théâtre, sommairement fouillé en 1882, les thermes mis en évidence par Dulac et d’abondantes découvertes de substructions monumentales. Dès le milieu du xixe s., le site est identifié par V. Durand à l’antique station thermale d’Aquae Segetae figurée sur la Table de Peutinger, le long d’une des branches de la voie d’Aquitaine.
8Une cartographie des vestiges fait ressortir l’extension réduite du site (environ 15 ha), dont des édifices publics semblent constituer la majeure partie. L’ensemble, qui occupe un large replat dominé au sud-ouest par une légère éminence rocheuse, est à l’écart de l’itinéraire antique auquel le raccordait sans doute une voie de desserte. Ce constat, comme le toponyme antique, s’accordent avec la vignette employée sur la Table de Peutinger pour représenter Aquae Segetae : il s’agit très probablement d’un vaste ensemble cultuel et thermal, appartenant à une catégorie bien représentée en Gaule Lyonnaise.
9Des sondages concomitants de cette étude ont révélé un autre édifice monumental, qui pourrait bien être le sanctuaire nécessairement associé à ce type d’ensemble. Établi sur la pente de l’éminence à laquelle est adossé le théâtre, il dominait, depuis le sud, les thermes avec lesquels il paraît être en relation architecturale.
L’édifice thermal
10La partie conservée en élévation des vestiges forme un bâtiment de 59 m x 12 m dont la chapelle constitue l’extrémité occidentale. Les investigations ont porté à la fois sur ces élévations et sur le sous-sol alentour, et ont permis de cerner l’emprise générale de la construction antique,
11Son plan est celui d’un édifice allongé comportant une aile, qui a été reconnu sur une longueur de 64 m, mais se poursuit à l’ouest sous la route longeant la propriété et pourrait atteindre 76 m si on lui restitue une aile symétrique. Il est divisé en une suite de pièces de dimensions variées dont l’organisation générale reste à préciser. La fonction et la distribution de certaines d’entre elles ont néanmoins déjà pu être définies par la découverte d’hypocaustes, de bassins et d’ouvertures diverses. Il en est de remarquablement conservées dans les parties en élévation, notamment quatre portes et deux grandes baies. La façade sud est précédée d’un grand bassin extérieur de 43 m x 8 m (piscine ?), qui agrémente un vaste espace (palestre ?), limité à l’est par un grand mur auquel sont adossées des constructions (portiques ou boutiques ?). Sa partie maintenant connue couvre 1 488 m2, mais, compte tenu des vestiges enfouis sous la route, sa surface pourrait atteindre 1 850 m2. Près du tiers (571 m2) est conservé sur 6 à 12 m au-dessus du sol actuel, et les sols antiques sont encore à des profondeurs variant de 0,10 m au sud, à plus de 2 m au nord, les niveaux bas étant actuellement noyés dans la nappe phréatique.
12D’importants remaniements antiques, dont l’ampleur dépasse très largement le cadre du simple entretien, ont été constatés en différents points. Ces faits, que corroborent en plan d’évidentes anomalies d’axes, ne laissent aucun doute sur l’existence de deux états, voire davantage, du bâtiment antique. La faible quantité de matériel céramique recueillie ne permet pas de dater ces différents états. Seuls les niveaux de démolition ont livré un échantillonnage suffisant pour pouvoir être attribués à la fin du iie s. ou au début du iiie s. apr. J.-C.
Fig. 2 – L’hypothèse d’un ensemble thermes-sanctuaire

DAO : O. Blin, C. Le Barrier, P. Thirion, J. Verrier.
Le prieuré médiéval
13Contrairement à ce qui était jusqu’ici admis, les recherches d’archives en cours indiquent que la Domus de Palatio n’est acquise par l’abbaye de La Chaise-Dieu qu’en 1254. À cette date, l’achat porte sur la seigneurie du Palais, essentiellement une dîmerie laïque.
14C’est probablement à cet établissement qu’il faut rattacher les vestiges d’une modeste installation qui est détruite lors de la construction de la chapelle. Il s’agit de petits bâtiments établis en appentis dans deux des salles occidentales des thermes, au sud de la future chapelle. L’un d’eux comporte deux niveaux attestés par les saignées d’encastrement des planchers et de la toiture. Pratiquées dans le mur antique puis rebouchées lors de la construction de la chapelle, ces saignées sont visibles sur le parement externe du mur gouttereau. Le matériel provenant de la couche de démolition est caractéristique de la seconde moitié du xiiie s.
15Cela conforte la datation, fin du xiiie ou début du xive s., fondée sur des arguments stylistiques et traditionnellement proposée pour la construction de la chapelle. Cette construction intervient dans le cadre d’un ensemble de travaux (démolition de certaines parties antiques, transformations de certaines autres, constructions nouvelles), qui traduit manifestement une volonté d’établissement d’un prieuré. Les nouveaux bâtiments sont établis en U autour d’une cour étroite fermée à l’ouest par un grand portail. Les ailes sud et est réutilisent les murs antiques ou prennent appui dessus. Ainsi, la chapelle à deux travées couvertes de voûtes d’ogive est-elle constituée de deux murs antiques, hauts d’une douzaine de mètres, et de deux murs médiévaux, construits en deçà de murs antiques arasés sur lesquels sont assis des contreforts. On y pénètre depuis l’ouest par un remarquable portail ogival surhaussé qui donnait autrefois accès, par une volée de quatre marches, au sol de la nef établi en contrebas. Le chœur à chevet plat était probablement surélevé de deux marches et communiquait par une petite porte ogivale avec le reste de l’aile sud.
16Les recherches récentes ont mis en évidence une importante campagne de réaménagement, non mentionnée par les archives, mais bien datée des années 1763-1764 par la dendrochronologie. Si le plan général est conservé, ces transformations affectent notablement l’ensemble. L’aile sud voit sa façade reculée à son emplacement actuel. Un vaste cellier voûté y est aménagé en défonçant un hypocauste antique, les planchers et charpentes sont refaits et la plupart des ouvertures reprises. L’aile nord est entièrement reconstruite, la cour élargie par la suppression de l’aile orientale et le recul de la façade sud, et le chœur de la chapelle est modifié.
17Ces sondages ont également permis de retrouver les divers aménagements du xixe s., parmi lesquels un remarquable pavement polychrome du xviie s., réemployé dans la chapelle.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Vue d’ensemble des bâtiments en 1991, depuis le sud |
Crédits | Cliché : équipe. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142024/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 446k |
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Titre | Fig. 2 – L’hypothèse d’un ensemble thermes-sanctuaire |
Crédits | DAO : O. Blin, C. Le Barrier, P. Thirion, J. Verrier. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142024/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 332k |
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Titre | Fig. 3 – Périodisation des différentes reprises relevées sur le parement du mur 3 |
Crédits | DAO : C. Le Barrier, P. Thirion. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142024/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 877k |
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Titre | Fig. 4 – Plan des thermes antiques et du prieuré |
Crédits | DAO : équipe. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142024/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 311k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Philippe Thirion, « Montbrison – Sainte-Eugénie » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 30 septembre 2023, consulté le 11 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/142024
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