Saint-Chef – Centre-bourg
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Année de l'opération :
2022Numéro d’opération :
2214453Nature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Parent D. 2023 : Saint-Chef, Isère, Auvergne-Rhône-Alpes : Centre-bourg : rapport de diagnostic, Bron, Inrap.
Texte intégral
1Saint-Chef est situé dans le nord du département de l’Isère, à 10 km au nord-est de Bourgoin-Jallieu et à 50 km à l’est de Lyon. L’abbaye de Saint-Chef est surtout connue pour ses fresques romanes, qui sont à l’origine du classement sur la liste des Monuments historiques de 1840 par Mérimée. La fondation initiale est issue de l’essaimage d’une première communauté établie à Vienne autour de saint Theudère, inhumé dans la nouvelle maison de Saint-Chef en 575. L’expansion de l’abbaye semble avant tout se faire à partir du xie s., avec notamment la construction de l’église et la mise en place du décor peint, probablement au xiie s. En 1320, en raison de la division des moines qui ne parviennent pas à élire leur abbé, le pape Jean XII place l’abbaye sous l’autorité de l’archevêque de Vienne, qui perd alors son indépendance, et deviendra chapitre de chanoines au xvie s. Au xve s. les bâtiments subissent un incendie. Plusieurs travaux, effectués durant les siècles suivants, ont donné à l’église sa physionomie actuelle, bien que la communauté se soit progressivement étiolée. Après le départ des chanoines, la collégiale devient une église paroissiale. Pendant la Révolution, elle est pillée (en 1793). L’abbaye disparaît petit à petit, les bâtiments étant détruits ou transformés. Le « coup de grâce » est sans doute dû au percement, en 1848, de la route actuelle (rue de l’Abbatiale) pour remplacer celle qui contournait l’abbaye par le sud sans y pénétrer (rue Saint-Theudère) : elle traverse l’emplacement du cloître en diagonale et ampute la maison du Doyen (aujourd’hui Mairie) et l’Hôtellerie, objet de cette étude.
2Le bâtiment occupe l’angle sud-ouest du grand espace où se trouvent également l’église et la Mairie. Situé dans la pente naturelle, il y a une différence d’un niveau entre le côté ouest, plus bas, et celui à l’est donnant sur la place de la Mairie. Celle-ci étant aménagée sur une terrasse en remblai, le niveau 0 du bâtiment s’est retrouvé en sous-sol de ce côté. Son dégagement, en préalable à notre intervention, a permis de libérer toute l’élévation. Elle présente donc un niveau 0 pratiquement aveugle, avec un escalier en avancée, contemporain, qui donne accès au R+1. Au-dessus on trouve un deuxième étage et un comble sous une toiture à pan unique. L’extrémité droite (nord) de la façade, est occupée par une tour circulaire engagée aux deux-tiers, qui contient l’escalier de desserte des niveaux, avec à sa base une porte d’entrée au niveau 0. La tour qui déborde le bâtiment en hauteur est coiffée par une toiture à quatre pentes. L’arrière du bâtiment, donnant sur la rue Saint-Theudère, est occupé par une construction contemporaine à un étage, en appui. La « tranche » nord, donnant sur la rue de l’Abbatiale, dont la création au xixe s. a coupé l’extrémité du bâtiment de ce côté, a été réaménagée en commerce à la suite de cette destruction.
3Ce bâtiment, identifié comme l’Hôtellerie de l’abbaye, constitue, hormis bien sûr l’église, l’un des derniers témoins, avec la Mairie installée dans la maison du Doyen, du monument dans sa globalité. Mais le bâti actuel ne présente pas une unité architecturale qui permettrait à elle seule de lui attribuer ce rôle sans l’aide des textes et de son emplacement. Il est en effet supposé s’appuyer contre le mur de clôture de l’abbaye dans lequel s’ouvrait la porte immédiatement au nord du bâtiment. L’objectif de cette intervention était donc sous-tendu par ces deux hypothèses : caractériser et dater les éléments du bâtiment pour tenter de mieux cerner sa place dans le complexe abbatial et déterminer si le principal mur intérieur, nord-sud, correspond à l’enceinte médiévale. Une réponse définitive à ces deux questions ne saurait être apportée mais plusieurs éléments viennent compléter le dossier, et plutôt conforter les hypothèses de départ.
4Le mur M1 correspond-il à la clôture abbatiale ? Les nombreux sondages ouverts sur les deux faces de M1 n’ont pas permis d’identifier une maçonnerie qui constituerait en soi la preuve que l’on se trouve en présence de l’enceinte abbatiale romane. Cependant, outre les caractéristiques morphologiques (épaisseur et glacis du mur), on constate que tous les aménagements qui lui sont associés (poutres, ouvertures) sont postérieurs, ou bien qu’ils viennent en appui, en encastrement ou en percement. Les nombreuses reprises perturbent le mur, et ne laissent que quelques portions de maçonnerie qui peuvent être en place. L’élément le plus ancien est fourni par le solivage du plancher du niveau 1 qui repose sur des corbeaux fixés dans ce mur, ainsi que dans le mur de façade M2, indiquant qu’ils sont en place au tout début du xive s.
5Le bâtiment, à l’image de M1 sur lequel il s’appuie, est extrêmement remanié. Les solives du plancher de la pièce 1, dont l’abattage est daté de la première décennie du xive s., indiquent que le bâtiment était en place dans une configuration comprenant au moins cette pièce. La présence à la base du mur de façade (M2) d’un angle de maçonnerie arasée (F12) laisse envisager un état antérieur, mais totalement détruit dans ce cas. L’escalier à vis se met en place au xve s., plus d’un siècle plus tard. La typologie des fenêtres de la tour ainsi que celle des portes palières s’accorde assez bien avec cette période et laisse penser que la construction de la tour et de l’escalier sont synchrones, laissant inconnus la circulation verticale antérieure, ainsi que l’accès principal au bâtiment. La façade est largement remaniée, probablement à plusieurs époques. Les baies à croisée attestent au moins un chantier durant les xve-xvie s., dont témoigne peut-être aussi une poutre à la mouluration complexe en position de remploi dans le plafond de la pièce 1. Des différences de dimensions et de moulures semblent également indiquer plusieurs interventions pour la mise en place de ces baies, d’autant plus que leurs emplacements dans la façade ne paraissent pas coordonnés. Il est possible qu’au moins l’une des trois baies à croisée soit utilisée en remploi, peut-être lors d’un remaniement lié à la pièce 1.
6Globalement, le bâtiment présente une grande hétérogénéité, mais qui témoigne de son existence dans la longue durée de l’histoire abbatiale, avec des éléments datés du début du xive s., qui prennent appui sur des éléments antérieurs. En revanche, du fait de ces nombreuses reprises, toutes les parties, mise à part la tour d’escalier, sont largement « mitées » empêchant de distinguer des ensembles homogènes.
Table des illustrations
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| Titre | Fig. 1 – Vue générale du bâtiment |
| Crédits | Cliché : Inrap. |
| URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142913/img-1.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 705k |
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| Titre | Fig. 2 – Niveau 1, pièce 1 : sondage 1, MUR M1 : vue générale du sondage 1 vers l’ouest |
| Crédits | Cliché et DAO : Inrap. |
| URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142913/img-2.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 852k |
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| Titre | Fig. 3 – Tour ; escalier à vis |
| Crédits | Cliché : Inrap. |
| URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/142913/img-3.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 303k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Daniel Parent, « Saint-Chef – Centre-bourg » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 02 novembre 2023, consulté le 07 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/142913
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