1L’opération avait pour but d’évaluer la profondeur, la localisation et la densité, autour de l’église, des vestiges de la nécropole médiévale, déjà attestée, depuis le xix^e s., par plusieurs découvertes de sarcophages en granite dans la proximité de l’édifice (lui-même daté du xv^e s.). L’urgence d’une « expertise légère » était provoquée par la mise en œuvre d’un drainage périphérique autour de l’église, avec pose de canalisations et d’un collecteur pour les eaux de pluie.

2Une occupation gallo-romaine dense sur toute l’étendue de la commune et la présence d’un atelier monétaire mérovingien dans le bourg, laissaient augurer l’existence d’une très ancienne nécropole et posaient la question de la continuité d’occupation du lieu depuis l’Antiquité. De brèves recherches documentaires et archivistiques ont permis de déterminer les emplacements successifs du cimetière paroissial, attenant à l’église au sud jusqu’en 1925, puis transféré à cette date au nord de celle-ci, pour être finalement déplacé à l’extérieur du bourg.

3Trois sondages, de 6 à 12 m² de surface, ont été ouverts autour de l’église, dont deux étaient, au nord et au sud, en contact direct avec les murs gouttereaux de l’édifice, et le troisième, implanté à environ 5 m de l’angle sud-ouest de la nef, sur l’emplacement de la future tranchée du collecteur. Le sondage nord a révélé l’existence d’un drain profond, large d’environ 2,20 m et retaillant dans sa partie inférieure une couche de remblai contenant des tessons de céramique de la fin du Moyen Âge. Le drain, non datable, était constitué d’une tranchée au profil en U dont le remplissage non stratifié comportait des blocs de granite de gros calibre reposant, à 1,20 m de profondeur, sur un lit d’argile jaune et compacte.

4Au sud, toutes les structures découvertes sont antérieures à la construction de l’église (sauf peut-être une fosse dont la fonction et la datation restent problématiques), bien que situées à une très faible profondeur sous le bitume de la place. Au niveau le plus élevé de la stratigraphie, une arase de mur sert d’appui au mur sud de l’église, sans en suivre exactement l’orientation est-ouest. Ce mur repose sur plusieurs niveaux de sépultures à inhumation, dont la densité semble témoigner de l’intense utilisation de la nécropole. Deux niveaux seulement ont pu être appréhendés (l’expertise s’étant limitée, dans cette zone, à une profondeur moyenne de 0,80 m). Le niveau supérieur, perturbé par les nivellements et creusements successifs de la place depuis 1925, comporte des éléments de sarcophages monolithes en granite, encore en place et semblables en tous points à ceux exhumés antérieurement et déposés sur la place et en divers points de la commune (dimensions extérieures approximatives : 2,10 x 0,60 m dans leur plus grande largeur). Ces sarcophages trapézoïdaux, avec réserve céphalique, avaient été vidés et dépouillés de leur couvercle.

5Sous ce niveau perturbé, plusieurs tombes à caisson ont été partiellement mises au jour (mais non fouillées). Chacune de ces tombes bâties semble constituée d’une dalle de gneiss large et fine (1,50 m de largeur maximum, pour environ 0,03 m d’épaisseur) de forme trapézoïdale ou rectangulaire, posée à plat, formant couvercle et semblant reposer sur des dalles de gneiss de dimensions plus réduites (0,01 m d’épaisseur, 0,40 à 0,80 m de longueur) posées de chant et formant la paroi de la tombe.

6Étant donné les limites de cette expertise, et en l’absence quasi-totale de mobilier, la typologie des sarcophages, ainsi que l’époque de construction de l’église actuelle permettent de caler la datation de ces structures, sous toutes réserves, entre le xii^e et le xv^e s. Quoi qu’il en soit, l’hypothèse d’une origine mérovingienne de la nécropole reste ouverte.