1La campagne de prospection 1994 s’est articulée suivant plusieurs axes.

2Pour Tulle, un dépouillement et une étude d’un maximum d’ouvrages historiques sur la ville afin d’approcher au plus près l’emplacement des sites disparus. Cela a permis d’établir l’emplacement de 15 sites, pour la majorité des édifices religieux. Une fiche a été créée pour une croix du xv^e s. classée Monument Historique en 1927.

3Pour la commune des Angles-sur-Corrèze, une fiche a été créée « en urgence » peut-on dire. Il s’agit de la mine antique du Puy des Angles déjà recensée comme motte, tumulus ou habitat fortifié. Cette aurière antique, où subsistent des cavaliers de déblais importants et où le filon de quartz aurifère est encore visible, présente sur son sommet des excavations plus ou moins comblées et envahies de végétation qui pourraient être des fosses d’extraction avec entrées de galeries. Ce site s’inscrit dans l’emprise des travaux de l’autoroute A89.

4La prospection sur le terrain s’est dirigée sur l’exploration des terres faisant l’objet de travaux agricoles ; travaux de plus en plus rares pour attirer toute notre attention lorsqu’ils se produisent. C’est à l’occasion de l’arrachage d’une très ancienne châtaigneraie au lieu-dit Embesse, commune de Sainte-Fortunade, que nous avons découvert deux importants sites d’outillage lithique. Embesse est situé au sud et à 1,5 km du bourg de Sainte-Fortunade sur la pente d’un puy qui culmine à 586 m. Le sommet le plus haut étant le Puy des Fourches (591 m) qui se trouve à 800 m à l’ouest. Le rocher composé de gneiss et quartz est recouvert de terre végétale d’environ 1 m d’épaisseur.

5Les deux stations, espacées de 100 m environ, se présentent comme deux légers replats à flanc de colline d’une surface moyenne de 300 m² chacune. Après enlèvement des souches, un décapage a été effectué sur une profondeur variant entre 60 et 80 cm afin de reprofiler le terrain. C’est à la suite de ce décapage que sont apparus les deux gisements. La récolte de surface a permis de récupérer plus de 200 éclats de silex, 3 percuteurs en galet, 5 nucléus dont un à peine débité. Les silex sont de plusieurs types :

• silex de l’Hettangien jaspoïde jaune et brûlé (rouge). Les plus abondants ;
• silex lacustre du Tertiaire, blanc gris et translucide ;
• silex du Senonien noir ou brun, dont le gros nucléus.

6Avec l’aimable collaboration de Pierre-Yves Demars venu sur place, nous avons pu déterminer deux occupations de ce site : occupation mésolithique définie par l’outillage microlithique (triangle et microburin) et occupation magdalénienne représentée par des outils de type « raclettes ». Cette occupation en plein air de type magdalénien est assez exceptionnelle en moyenne Corrèze et il serait peut-être intéressant de pousser les investigations plus avant. Ce site contenait également, mais en très faible quantité, des tessons de poteries d’époque protohistorique, gallo-romaine et moderne. Deux débris de tegulae ont été trouvés.