1L’enceinte du camp des Châtres, de type éperon barré, est située sur un promontoire délimité par les rivières la Creuse et la Beauze, qui confluent à Aubusson. Au sud, un rempart, non rectiligne, long de 450 m environ, l’isole du plateau. Culminant à 557 m, cette enceinte a une superficie de 15 ha. Le substratum est constitué d’anatexites grenues à cordiérites, dites d’Aubusson. L’historique de ce site, la description stratigraphique de la reprise de la coupe du rempart ont déjà fait l’objet d’un compte rendu dans le Bilan scientifique 1993.

2Les résultats des analyses, confiées au Centre de datation pour le radiocarbone de Villeurbanne, indiqués dans le tableau ci-dessous, rendent compte des dates calibrées (avant notre ère) les plus probables.

3Ce tableau avec les indications (courbes et commentaires) fournies par le laboratoire permet de distinguer trois groupes chronologiques :

• le groupe I est formé de la couche Est 138 avec une datation comprise entre le début du viii^e s. et la fin du vii^e s. av. J.-C. Cette couche correspond à un niveau de charbons de bois rencontré dans le fond du fossé externe du rempart qui pourrait donc avoir été édifié à cette époque ou plus tôt ;
• le groupe II comprend les couches Est 133 et Ouest 03 avec une datation échelonnée entre le milieu du viii^e s. et le vi^e s. av. J.-C. Les charbons analysés sont ceux de la palissade ;
• le groupe III comprend les couches Est 127 et Ouest 03A, 12 et 25 ; leurs datations ne seront pas prises en compte cette année (traces d’animaux fouisseurs pouvant entraîner une pollution) sauf si la poursuite de la fouille permet une analyse différente. Cependant, les couches Est 127 et Ouest 25 correspondent à un même horizon stratigraphique.

4La juxtaposition des bois sur une plate-forme de l’État 3 de la coupe ouest montre l’existence d’une palissade constituée de pieux jointifs, effondrée après incendie. Les fragments déjà analysés en dendrochronologie présentent une série de cernes trop courte pour établir une datation. Ils laissent cependant bien augurer du potentiel même si le chêne (essence la plus utilisée du site pour les courbes de référence) est représenté minoritairement. Par contre, le fort taux de bois d’aulne pourrait suggérer un vaste défrichement du plateau contraignant les bâtisseurs à exploiter les bois sur les pentes du plateau, voire au-delà. La palissade a été édifiée sur un rempart de terre constitué par des sédiments prélevés sur place. Les analyses chimiques et granulométriques semblent indiquer que les terrains avaient pu subir des pratiques d’écobuage. Enfin cinquante nouveaux échantillons pour études dendrochronologiques ont été prélevés par moulage.

5La poursuite de la fouille sur la partie Est de la coupe a permis de mettre en évidence l’existence d’un petit fossé interne, peut-être lié à la circulation (guet ?). Les sablières basses repérées en 1993 n’ont pas été fouillées exhaustivement, mais les niveaux d’occupation superficiels ont restitué un fragment de pointe en silex pouvant se rattacher au Néolithique final/Chalcolithique.

Fig. 1 – Vue de détail des pieux calcinés

Agrandir Original (jpeg, 680k)