1Située à 2 km au nord du bourg de Saint-Maurice-la-Souterraine, la nécropole tumulaire s’étend entièrement dans le Bois de Bessac, localisé sur un plateau d’altitude moyenne de 370 m. Ces monuments funéraires sont dans l’ensemble assez bien conservés. Ils mesurent de 15 à 20 m de diamètre et de 1 à 2,5 m de hauteur environ.

2La fouille exhaustive du tumulus n^o 2 a permis de mettre en évidence deux anneaux concentriques en pierres sèches et une sépulture adventice agencée dans la masse du tertre sur l’anneau interne et adossée à la base d’un tumulus primitif qui recouvre en son centre une structure indéterminée (tombe fictive ?).

3Cette première confrontation avec le terrain a également permis de se rendre compte de la nature du sol sur lequel a été édifiée la nécropole. Il s’agit d’un sol pauvre (argilo-sableux) très acide (le pH est inférieur à 7) constitué par une décomposition schisteuse (terre collante par temps de pluie). L’absence de pierres dans le substrat superficiel local permet de penser que les pierres et les quelques quartz qui ont servi à la construction des anneaux constituent un apport allogène. Face à cette pénurie de pierres, les bâtisseurs de ce monument ont conçu une organisation architecturale rudimentaire. L’aménagement de terre damée sur la sépulture adventice caractérise l’architecture sommaire du tertre. Toutefois, le bourrelet d’argile disposé sur cette tombe a fait l’objet d’une préparation spécifique. Il se distinguait en effet très nettement par sa couleur et par sa densité (masse compacte) du reste du remplissage. La disposition de ces éléments architecturaux est un rappel constant du caractère sacré de cet édifice, qui reste lié aux pratiques rituelles et aux croyances de l’époque. Les résultats significatifs des campagnes de fouilles de 1993 et 1994 sont particulièrement encourageants.

4La fouille des tumulus du Bois de Bessac contribue à la compréhension de l’émergence du pouvoir territorial ; elle fait apparaître que l’implantation des tumulus est la manifestation de l’occupation du territoire sous sa forme funéraire par les populations du premier âge du Fer. L’insertion de ce site, dans le contexte local du premier âge du Fer, est facilitée par la connaissance que nous possédons de quelques nécropoles (les tumulus de Montoys et de La Forêt-Basse, commune de Saint-Pierre-de-Fursac, Creuse) situées dans un environnement proche (8 km à vol d’oiseau). Ces sites s’intègrent au groupe Limousin-Périgourdin défini par J.-P. Moyen (1980).

5Les structures observées en 1993 et 1994 sur le tumulus n^o 2 du bois de Bessac ont montré l’adaptation locale d’un modèle de construction tumulaire déjà reconnu sur les sites de La Forêt-Basse, de Montoys et sur les marges méridionales du Massif central. La datation du tumulus n^o 2 du Bois de Bessac est précisée par la découverte de la céramique dite graphitée à décor peint argenté. Ce grand vase à panse globulaire et col rentrant à lèvre évasée est semblable à celui découvert dans le tertre de Montoys. Ces vases ont des équivalents dans le sud de la France. Ils confirment la vigueur des apports méridionaux envisagés à propos des structures des tumulus et déjà mis en évidence sur d’autres sites de la bordure occidentale du Massif Central (Saint-Cyr, Haute-Vienne, Saint-Pierre-de-Fursac, Creuse). Les comparaisons typologiques incitent à dater ce vase de la première moitié du vi^e s. av. J.-C. Par son rite, ce tumulus s’insère bien dans les tertres à incinération, fréquents sur la bordure occidentale du Massif central au premier âge du Fer. La fouille de la zone centrale de ce tertre n’a livré ni reste osseux ni dépôt d’objet, cependant un aménagement en fosse, matérialisé par une couche d’argile brune, a été identifié. L’absence d’ossement et de mobilier dans cette cavité peut être interprétée de façons fort diverses. Face à l’incertitude qu’il en résulte, il est difficile de dire si l’on est en présence d’une sépulture (à incinération ou à inhumation) ou d’une tombe fictive...

Fig. 1 – Vue générale du tumulus n^o 2 en fin de fouille

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