1Le recensement du patrimoine archéologique, bâti et mobilier, des dix communes du canton de La Souterraine, est un projet élaboré par le SIVOM et les Services régionaux de l’archéologie et de l’inventaire du Limousin.

2Pour l’étude archéologique, en cours depuis 1993, trois grandes étapes distinctes et complémentaires ont été nécessaires :

• le dépouillement bibliographique ;
• l’étude du cadastre ancien (1820) ;
• la prospection au sol et l’enquête orale

3De par la densité de ses sites (plus de 800 sites recensés), ce canton nous est rapidement apparu comme un territoire représentatif de la région nord Limousin. En effet, si cette expérience pilote sur le plan national a pour objectif l’inventaire total du patrimoine du canton, du gisement préhistorique jusqu’à l’établissement industriel, elle est aussi devenue par la force des choses, en raison principalement de la qualité des sites découverts, un champ de recherche privilégié.

4Les recherches érudites conduites sur le canton depuis 150 ans par E. de Beaufort, Y. Fesneau, P. Valadeau et R. Ghatreix, ont contribué de manière sensible à jeter les bases de l’organisation territoriale de ce secteur.

5Les prospections effectuées en 1993 et 1994 ont révélé des sites d’importances variables : stations de surface néolithiques, dolmens, cromlech, éperon barré, enceintes quadrangulaires, tumuli, villae gallo-romaines, nécropoles gallo-romaines, stèles funéraires, fanum, mottes castrales, villages désertés médiévaux et post-médiévaux, souterrains, châteaux et maisons fortes, moulins. Cette prospection a également permis de localiser avec précision la plupart des découvertes anciennes. Le vicus de Bridiers qui s’étend sur une quarantaine d’hectares environ, a été délimité avec précision.

6L’intérêt de cette étude réside principalement dans les rapports qui existent entre l’installation du peuplement et les configurations géographiques du secteur étudié. Cette recherche vise à dégager l’identité d’une région de marche, située aux confins du Berry, du Poitou et du Limousin, au travers des peuples qui l’ont occupée et des courants qui l’ont traversée. Les données archéologiques (fournies essentiellement par les quelques sites évalués et explorés récemment) et historiques suggèrent une mise en place du pouvoir territorial dès le premier âge du Fer au moins et la pérennité d’une frontière politique (limite) jusqu’aux environs de l’An Mil. Le but de cette étude est de démontrer l’exactitude de cette proposition et d’en rechercher les causes et les effets. Cette recherche doit contribuer à régénérer notre champ de connaissances et à faire resurgir « l’identité première », les implications politiques et économiques et la place de la région dans l’histoire de notre pays. Cela aboutit (ou vise) à mettre en évidence notamment des phénomènes de continuité de l’Antiquité jusqu’aux environs de l’An Mil. Les premiers résultats obtenus permettent de proposer des « modèles théoriques » pour l’espace envisagé.

7Pour ce type de recherche, seule une vision diachronique et pluridisciplinaire était capable d’amener les premiers éléments de réponses, l’archéologie étant la clé de voûte de notre construction. Par ailleurs, l’ensemble des opérations de recherche est accompagné d’actions pédagogiques avec les établissements scolaires du canton.

8Commencé en mai 1994, l’inventaire topographique du canton de La Souterraine devrait permettre de compléter l’étude archéologique déjà menée par Jean-Michel Beausoleil sur ce secteur.

9Le chargé d’étude rattaché au service régional de l’inventaire nommé pour cette mission a comme tâche de parcourir le territoire, pour repérer, tenter de dater les maisons rurales par exemple et étudier les plus anciennes ou les plus représentatives, ou comprendre la structure architecturale d’édifices qui intéresse également l’archéologie, comme les moulins, les petits châteaux nombreux sur le canton ou les édifices religieux. Ces derniers feront de plus l’objet d’une étude plus précise axée sur le patrimoine mobilier qu’ils abritent (statues, peintures, objets d’orfèvrerie, etc.) prévue en septembre 1995.

10Les résultats escomptés, à la fin de cette opération pour l’instant unique en France, puisque jamais comme ici deux services patrimoniaux n’ont eu l’occasion de travailler dans une collaboration aussi étroite sur le même terrain, se situent à plusieurs niveaux :

• d’une part constituer une documentation commune sur toutes les richesses patrimoniales du canton, de la Préhistoire à 1940 ; préalable à une politique de protection, avec le service des Monuments Historiques, de tous les éléments patrimoniaux significatifs, quelle que soit leur époque ou leur nature ;
• d’autre part vérifier si les hypothèses proposées par les époques anciennes, notamment cette frontière traversant le nord du canton, se vérifient ultérieurement, ce qui semble être le cas. L’étude des quatre premières communes, Saint-Germain-Beaupré, Noth, Saint-Léger-Bridereix et Azerables, a ainsi mis en évidence les différences notables des traditions architecturales rurales de cette dernière commune par rapport aux trois précédentes.

11Enfin, l’établissement de deux documentations distinctes sur le canton va entraîner toute une série de réflexions sur les synthèses possibles entre elles, pour une meilleure diffusion auprès du grand public et des aménageurs du territoire. Les cartographies communes (en utilisant le logiciel SCALA) sont prévues, ainsi qu’une synthèse de renvoi permettant, pour un même site d’être orienté vers la documentation Inventaire à partir de Dracar et vice et versa. Enfin, devrait être établie une nouvelle carte de localisation du patrimoine étudié et protégé (Inventaire, Archéologie, Monuments Historiques) à partir des plans cadastraux.

12Des expositions et des publications permettront de présenter les résultats de ces études au public.