1Cette opération s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation du quartier de l’ancien Hôpital Général. La partie sud des terrains qu’il occupe a été l’objet de plusieurs campagnes de sauvetage sous la responsabilité de J.-P. Loustaud de 1984 à 1989 (Travaux d’archéologie limousine, 8, p. 17-36). Au nord, l’emplacement de la future bibliothèque (5 000 m²) avait été sondé en 1991 (Travaux d’archéologie limousine, 12, p. 178). Le site de la bibliothèque multimédia occupe presque entièrement un îlot urbain d’Augustoritum, à proximité du forum. Il est bordé au nord par la voie décumane n^o VIII. Le site est traversé par un paléochenal orienté nord-sud. Le colmatage du chenal holocène par un alluvionnement d’origine fluviatile semble lié au début de l’occupation du site à l’époque gallo-romaine.

2La première implantation sur le site est marquée par la construction de maisons de bois et de terre à l’extrême fin du i^er s. av. J.-C. Les plus importantes sont pourvues de sols de béton blanc, les murs sont recouverts d’enduits peints, les plus modestes n’ont que des sols de terre battue. Au cours de la première moitié du i^er s. apr. J.-C., une partie de cet habitat est détruite par un incendie.

3De nouveaux bâtiments sont édifiés, en pierres et en mortier cette fois. Leur durée de vie est assez courte, puisque vers la fin du i^er s. de nouvelles constructions sont réalisées en faisant table rase des constructions antérieures. Le paléochenal est alors entièrement canalisé et couvert d’une voûte. La voie décumane est empierrée, les fossés latéraux primitifs sont remplacés par des caniveaux et les trottoirs sont séparés de la voie par un mur destiné, le plus souvent, à recevoir les colonnes d’un portique. À la fin du i^er s. ou au début du ii^e s., la moitié sud de l’îlot est occupée par une vaste domus dont la cour ou jardin à péristyle mesure 29 m x 40 m. Les pièces d’habitation, regroupées uniquement sur le côté est, sont organisées autour d’une grande salle pourvue de deux petites pièces annexes symétriques. À une date postérieure, une pièce au nord de la grande salle est pourvue d’un hypocauste alimenté par un foyer rudimentaire. La domus semble abandonnée au cours du iii^e s.

4Au nord, près de la voie décumane, s’organisent deux ou trois unités d’habitations plus modestes. Deux d’entre elles sont séparées par des murs doubles entre lesquels est implanté un caniveau pour l’évacuation des eaux de pluies et les eaux usées. Ce détail technique se retrouve aussi entre l’une de ces maisons et la grande domus. Ces caniveaux se déversent tous dans le paléochenal qui fait office d’égout collecteur. Ces maisons ont subi de nombreux remaniements entre le i^er et le iii^e s., mais il ne semble pas que les unités d’origine aient été modifiées. Des puits et des hypocaustes y ont été mis au jour, ainsi que plusieurs foyers sur soles de briques. Les sols des pièces en terre ou en béton sont refaits de multiples fois. Plusieurs pièces rectangulaires, ouvertes sur la voie, pouvaient servir de boutiques.

5Au iii^e s., un atelier s’installe en bordure de voie dans l’une de ces maisons. Il se caractérise par un sol de terre battue percé de nombreuses fosses et de trous de piquets. Des foyers de briques sont aménagés à même le sol. Il se divise en deux espaces dont l’usage semble différent. Le mobilier est pauvre mais la présence de scories et de battitures indique que nous sommes en présence d’un atelier de forgeron, les grands foyers sur soles de briques pourraient être destinés à la chauffe de pièces de grandes dimensions avant leur mise en place.

6Après l’abandon de l’atelier, un dernier bâtiment est construit perpendiculairement à la voie. Composé de trois puissants murs, il mesure 12,50 m x 19,50 m sans aucune division interne. Aucun sol de cet édifice ne nous est parvenu. Sa fonction et sa datation nous échappent. À l’exception de cette construction, le site semble abandonné vers la fin du iii^e s. Le grand égout est alors entièrement comblé. On notera la présence d’une petite construction au sud de la grande domus, sur l’emplacement du passage de l’égout.

7Aucune occupation n’a pu être mise en évidence avant la fin du Moyen Âge, hormis une fosse, peut-être à usage de silo, contenant quelques céramiques des xi^e-xii^e s.

8La proximité du prieuré Saint-Gérald, attesté à la fin du xi^e s., et érigé en hôpital au début du xiii^e s., est à l’origine d’un cimetière dont une petite partie s’étendait au nord de l’emprise de la fouille. Ce cimetière s’est progressivement étendu vers l’ouest jusqu’à la fin du xvi^e s., époque à laquelle il fut transféré plus loin. Les sépultures sont en cercueil, linceul ou pleine terre, sans mobilier propre ; on note une prédominance d’adolescents dans la partie ouest. La soixantaine de sépultures fouillées semble s’étendre entre le xiv^e s. et la fin du xvi^e s. Ce nombre de sépultures n’est pas représentatif de l’ensemble des tombes présentes sur le site et encore moins de celles du cimetière dont nous ne connaissons pas l’étendue. L’intérêt de l’étude anthropologique s’en trouve fortement diminuée d’autant plus que nous n’avons pas de datation précise.

9Au milieu du xvii^e s. est créé l’hôpital général dont les nombreux bâtiments étaient organisés principalement autour de deux cours fermées. Un dépotoir, riche en céramiques de la première moitié du xvii^e s., se trouvait à proximité de l’un des bâtiments construit vers 1657 à l’emplacement d’un des édifices de l’hôpital Saint-Gérald. De nombreux autres vestiges de l’hôpital ont été retrouvés comme par exemple au sud de petites pièces servant probablement d’ateliers de filature, organisés autour d’une cour dite « des manufactures » détruite en 1766 lors d’un important agrandissement de l’hôpital. Sous l’ancienne église ont été découverts deux caveaux, l’un sous le chœur réservé au fondateur de l’hôpital et à un évêque dont les corps avaient été transférés au début du xx^e s. lors de la reconstruction de l’église. L’autre caveau réservé aux sœurs de Saint-Alexis était intact mais, situé hors de l’emprise de la fouille, il n’a pas été fouillé.

Fig. 1 – Vue générale de la zone sud

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Cliché : J.-P. Nibodeau (Afan).

Fig. 2 – Atelier métallurgique (iii^e s.)

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Cliché : J.-P. Nibodeau (Afan).