Archéologie agraire en Limousin
Index terms
Year of Investigation:
1994Places:
Metropolitan France, Nouvelle-Aquitaine, Haute-Vienne (department), Peyrilhac, Vicq-sur-Breuilh, Saint-Germain-les-Belles, Corrèze (department), Brive-la-Gaillarde, Creuse (department), Royère-de-Vassivière, Valiergues, LimogesType of investigation:
https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtqI2kNablQHEditor's notes
Organisme porteur de l’opération : Université de Limoges
Full text
1Le projet collectif de recherche « Archéologie agraire en Limousin » a été reconduit cette année pour une durée de trois ans, de 1994 à 1996. Si la finalité et les méthodes de recherche restent les mêmes que durant les années précédentes – retrouver des informations sur les paléo-paysages agraires limousins grâce à l’étude des remblaiements des fonds de vallons et des banquettes agricoles – notre objectif, au cours des trois années à venir, est d’essayer de promouvoir une véritable approche pluridisciplinaire, en multipliant notamment les travaux en collaboration avec les opérations de fouilles programmées ou préventives.
2En 1994, nos activités se sont partagées entre deux types de travaux :
- mise en œuvre d’analyses complémentaires sur les sites étudiés au cours des années précédentes : La Boisserie (Peyrilhac, 87) ; Les Genêts (Vicq-sur-Breuilh, 87) ; Le Martoulet (Saint-Germain-les-Belles, 87) ; La Planchetorte (Brive, 19) ; Royère (23) ;
- prospection et mise en chantier de nouveaux sites d’étude, afin d’élargir le corpus documentaire disponible et de valider, dans leur double dimension régionale et diachronique, les résultats obtenus.
3Cinq nouveaux chantiers ont été entrepris cette année. Dans le cadre d’une collaboration avec la prospection thématique programmée « Villages désertés médiévaux et postmédiévaux » dirigée par P. Conte, une étude d’archéologie agraire a été entreprise sur le site du Bois des Brigands (Valiergues, 19). Trois banquettes d’accumulation agricole y ont été ouvertes durant l’été 1994. Deux d’entre elles se sont révélées riches en macrorestes datables par le 14C. Elles indiquent, toutes les deux, l’existence de deux phases distinctes d’occupation du sol, séparées par un niveau à charbons qui évoque une période d’abandon. Sur la coupe C (fig. 1), c’est la forme complète de la paléo-banquette primitive qui est visible, grâce notamment à l’existence d’un tablier caillouteux accumulé sur son front. La présence de plusieurs niveaux de charbons de bois permettra de dater la naissance de cette paléo-banquette ainsi que son abandon temporaire. Par ailleurs, une analyse micromorphologique des différents niveaux a été engagée (A. Gebhardt) afin d’essayer de retrouver des informations sur les anciennes pratiques aratoires. L’étude paléoenvironnementale du Bois des Brigands sera poursuivie en 1995, notamment par l’analyse des remplissages orgaminéraux des deux fonds de vallons.
4Les opérations de sauvetage archéologique engagées sur le tronçon Pierre-Buffière/Magnac-Bourg de l’autoroute A20 (sous la direction de J.-F. Durieux et de J. Roger) ont été accompagnées d’une prospection systématique des archives sédimentaires pouvant présenter un intérêt paléoenvironnemental. Outre le site des Genêts fouillé en décembre 1993 et dont les analyses palynologiques (M.-F. Diot) et isotopiques sont en cours, deux autres remblaiements de fonds de vallons ont été étudiés cette année sur ce tronçon autoroutier.
5Au lieu-dit Chez Nicolas (Vicq-sur-Breuilh, 87), le remplissage organominéral du vallon atteint 2 m d’épaisseur. Il présente une séquence sédimentaire où alternent niveaux limone-organiques et passées sable-graveleuses. Des fragments de tegulae ont été trouvés à la base de la stratigraphie.
6Au Pont-de-Geasse, le remblaiement, moins épais, est également constitué d’une sédimentation contrastée : apports détritiques à la base et au sommet, accumulation tourbeuse dans le niveau intermédiaire. L’absence de mobilier dans la sédimentation ne permet pas, en attendant le résultat des datations isotopiques, d’avancer une première estimation chronologique. Toutefois, les replats environnants ont livré plusieurs tessons de céramique protohistorique et gallo-romaine, témoignant d’une présence humaine ancienne dans le bassin versant.
7L’abondance des macrorestes trouvés dans les coupes de « Chez Nicolas » et du « Pont-de-Geasse » permettra de dater les différentes unités stratigraphiques de ces deux remblaiements. D’ores et déjà, ils confirment le schéma observé sur d’autres sites : au cours des derniers millénaires les bas plateaux limousins ont été le théâtre d’une érosion des sols diffuse et chronique, mais marquée par des épisodes détritiques plus intenses dont le calendrier et les causes restent à préciser.
8Sur le chantier de fouille de l’ancien hôpital de Limoges (dir. J.-P. Nibodeau), notre collaboration a concerné l’étude sédimentaire d’un fond de vallon aménagé en égout à l’époque gallo-romaine. Dans la partie amont, au contact avec une voie antique, une coupe a révélé que les premiers aménagements routiers gallo-romains ont été précédés par un épisode d’alluvionnement actif. Celui-ci a entraîné le remblaiement total du paléochenal holocène, profond de 0,80 m. En l’état actuel des recherches, rien ne permet cependant d’attribuer cette phase de détritisme alluvial à une éventuelle présence préromaine dans le bassin versant. Des sondages complémentaires lors des travaux de terrassement et l’analyse 14C des charbons prélevés lèveront peut-être cette incertitude.
9Enfin, dans la vallée de la Dordogne, F. Petit étudie la genèse de la plaine alluviale holocène entre Argentat et Liourdes. Le choix de cette artère fluviale s’explique par la recherche d’une échelle de travail intégratrice, permettant de valider régionalement les informations acquises dans les vallons, à l’échelle des finages villageois. Le lit majeur de la Dordogne est formé d’une nappe alluviale sablo-limoneuse de 2 à 3 m d’épaisseur. Certaines coupes ont livré des charbons de bois en cours de datation. D’autres contiennent des tessons ou des structures gallo-romaines en stratigraphie qui témoignent de l’importance des phénomènes d’alluvionnement historiques. Ceux-ci confirment l’ampleur de la crise d’érosion des sols dans le bassin versant amont de la Dordogne au cours des deux derniers millénaires.
List of illustrations
Title | Fig. 1 – Le Bois des Brigands : banquette 339/338, coupe C |
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Credits | Relevés : P. Bemard-Allée, A. Gebhardt. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/143703/img-1.jpg |
File | image/jpeg, 268k |
References
Electronic reference
Philippe Bernard-Allée, “Archéologie agraire en Limousin” [Note of archaeological project], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [Online], Nouvelle-Aquitaine, Online since 10 November 2023, connection on 09 November 2024. URL: http://journals.openedition.org/adlfi/143703
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