Fortifications médiévales et occupation du sol en Limousin
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Année de l'opération :
1994Lieux :
France métropolitaine, Nouvelle-Aquitaine, Département de la Haute-Vienne, Saint-Léonard-de-Noblat, Département de la Corrèze, Saint-Geniez-ô-MerleChronologie :
époque médiévaleNature de l'opération :
projet collectif de recherchePlan
Haut de pageNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture
Texte intégral
1Le projet collectif de recherche sur les fortifications médiévales vise trois objectifs principaux : la poursuite d’un inventaire exhaustif des fortifications de terre, le développement de relevés topographiques lourds, c’est-à-dire détaillés et enfin une étude fine des architectures des plus grands châteaux de pierres.
Inventaire des fortifications de terre
2Il se fait en étroite liaison avec les équipes de prospection-inventaire notamment dans les cantons de Tulle, d’Uzerche et de Saint-Germain-Les-Belles. L’on compte, à ce jour, plus de deux cents sites de fortifications de terre conservées en Limousin (mottes et petites enceintes). Les sites inédits sont de plus en plus rares mais un travail de redécouverte et de réinterprétation est encore nécessaire.
Développement de relevés lourds
3Si tous les sites doivent faire l’objet de relevés rapides, schématiques mais justes, certains sites, parmi les plus complexes (sites à mottes multiples par exemple) font l’objet de relevés topographiques détaillés, en courbes de niveaux. Cette année, c’est le site de Noblat (commune de Saint-Léonard-de-Noblat) qui a été traité. Ce site fortifié est constitué de deux ensembles distincts : le premier, vraisemblablement le site d’origine, est implanté sur le rebord du plateau dominant un coude de la Vienne, il est constitué d’une motte en « pain de sucre » précédée d’un profond fossé et d’une plateforme attenante, au nord, dominant l’abrupt de la pente très escarpée ; le second ensemble s’est développé au sud et comporte, pour ce qui en visible, des constructions de pierres enfermées dans un mur d’enceinte.
4Le relevé a par ailleurs inclus largement l’environnement immédiat du site qui comporte un certain nombre d’aménagements en terrasses et plateformes notamment autour de la ferme actuelle dite « le bas-château ». Ainsi la fortification de Noblat, l’un des points forts de l’évêque de Limoges au xie s., pourra-t-elle faire l’objet d’une étude plus fine.
Étude architecturale de grands châteaux de pierres
5Mené en liaison étroite avec les travaux de restauration entrepris par la Conservation des Monuments Historiques, ce travail s’appuie sur des observations et une lecture des architectures militaires. Cette année, le site des Tours de Merle (commune de Saint-Geniez-ô-Merle, 19) a été plus spécifiquement étudié.
6L’éperon rocheux, défini par un méandre très marqué de la Maronne, a une longueur de plus de 200 m sur une largeur comprise entre 25 et 50 m. Sur cette longue échine rocheuse, orientée nord-sud, l’on peut distinguer deux ensembles bien dissociés. Le premier ensemble, implanté au nord, à l’amont de l’éperon, est barré par un fossé taillé dans le rocher et s’étend sur une longueur d’environ 100 m et sur une largeur de 50 m. Cette partie septentrionale comporte des pointements rocheux très escarpés et très inégaux sur lesquels, au fil des siècles, des constructions se sont installées. C’est sur cette partie qu’a été implanté le premier donjon, sur le pointement rocheux le plus haut. Ce donjon d’un type très particulier n’avait jamais été observé jusque-là. De forme rectangulaire et très étroite (7,6 m x 3,8 m de dimensions extérieures ; 5,4 m x 1,4 m de dimensions intérieures), il semble être « accroché » sur la partie la plus haute. Aujourd’hui quasiment arasé, il n’est conservé qu’au niveau des fondations, elles-mêmes imbriquées dans des constructions plus tardives. Il est construit en bel appareil de pierres soigneusement taillées et comporte trois contreforts plats sur les longs côtés et deux sur les côtés courts. Pour accéder à ce donjon depuis le bas de la pente, ont été aménagées des marches taillées dans le rocher. Étant donné l’exiguïté des dimensions, ce donjon ne peut avoir qu’un rôle militaire. Il est probable qu’un logis de bois dut être établi au nord, seul secteur à peu près plan. Nous aurions là le schéma traditionnel des fortifications de l’An Mil avec un donjon sur hauteur (en l’occurrence un pointement rocheux) et, en contrebas, une basse-cour sur une petite plateforme disponible au nord. Néanmoins, les caractéristiques architecturales originales de ce donjon ne permettent pas d’anticiper sa construction au-delà de la seconde moitié du xiie s. Au xiiie s., s’établit au nord un bâtiment plus grand dît « château ancien » dans des textes du xive s. Dans le courant des xiiie et xive s. se sont développées au nord, au sud, à l’est et même à l’ouest (secteur pourtant très escarpé) d’autres constructions de qualité qui rendent ce site particulièrement complexe.
7À la pointe sud, à l’aval de l’éperon, séparé de l’ensemble précédent par un profond fossé taillé dans le rocher, est implanté un autre château appartenant à une famille différente (les Pesteils). Il comporte un donjon carré (6 m x 6 m), plus traditionnel que le précédent, sans contreforts. À cette tour furent associés, au nord, une cour fortifiée par un mur d’enceinte implanté à l’est, et vers le nord un corps de logis quadrangulaire. Au xiiie-xive s., ce château subit également un important développement.
8Enfin il faut noter sur la pente nord-est de l’éperon, l’aménagement d’un habitat troglodyte, disposé sur environ 25 m de long et 15 m de large, constitué de cellules d’environ 10 m2, établies sur deux niveaux.
9Il ne s’agit là que de premières observations. Pour celles-ci, on a tenté de faire porter les efforts sur les constructions les plus précoces et les plus originales du site. Signalons, en outre, que l’équipe qui travaille à ce projet collectif de recherche participe également à l’enquête nationale portant sur les bourgs castraux et dont les résultats sont en cours de publication.
Pour citer cet article
Référence électronique
Geneviève Cantié, Pierre Gire, « Fortifications médiévales et occupation du sol en Limousin » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 10 novembre 2023, consulté le 09 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/143723
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