1L’Institut national des Jeunes Sourds est situé au 254 de la rue Saint-Jacques (Paris V^e), il occupe les bâtiments du séminaire Saint-Magloire, construit au milieu du xvii^e s. Le terrain, d’une superficie de 2 ha, est bordé par les rues Saint-Jacques, Henri-Barbusse, Abbé-de-l’Épée, et le lycée Lavoisier.

2Du bâtiment du xvii^e s., il reste le corps de logis central actuel. L’escalier d’honneur a conservé son aspect originel, ainsi que le réfectoire des moines devenu aujourd’hui la cuisine. Derrière ce bâtiment, gravée dans le mur de la terrasse qui dominait un vaste jardin, une inscription mentionne la pose en 1750 du tuyau de plomb alimentant le bassin de l’Oratoire. Dans le jardin, maintenant réduit, demeure ce bassin où se reflète, dit-on, le plus vieil arbre de Paris, un poirier Madeleine planté vers 1650.

3La transition entre les bâtiments de l’Institut et le jardin se fait au moyen d’une terrasse construite sur terreplein qui est susceptible d’avoir préservé les niveaux archéologiques antiques des constructions modernes et contemporaines. La cuisine actuelle ne correspondant plus aux exigences réglementaires, il est proposé d’aménager une nouvelle cuisine pour la restauration scolaire en infrastructure de la terrasse. Cette transformation conserverait intégralement le mur de soutènement de cette dernière et éviderait le terre-plein. Il est prévu également l’approfondissement de zones de sous-sols.

4En 1989, le projet de construction d’un bâtiment, abritant un gymnase et de nouveaux ateliers dans la partie sud du jardin, fut à l’origine d’une fouille de sauvetage programmée. Cette opération, réalisée par la Commission du Vieux Paris, a permis la mise au jour de niveaux d’habitat, d’un atelier de potier gallo-romain dont un four, dans un état de conservation exceptionnel, suscitera une préservation in situ. D’après les travaux de S. Robin l’abandon de l’atelier et de ce quartier de la ville antique est daté du iii^e s. L’évaluation archéologique comprenait l’ouverture et le suivi de trois puits blindés, de 2 x 2 m pour 4,5 m maximum de profondeur, selon le sous-sol rencontré. Deux de ces puits ont été réalisés aux extrémités de la terrasse, le dernier étant positionné dans le sous-sol existant.

5Les niveaux archéologiques sont conservés à l’extérieur de l’emprise des bâtiments. Tout laisse supposer qu’ils sont demeurés en place sous le remblaiement de la terrasse.

6La puissance stratigraphique des sondages réalisés aux extrémités de la terrasse peut varier de 0,70 à 1 m d’épaisseur et se décompose en une petite dizaine de séquences successives appartenant toutes à la période gallo-romaine.

7La présence d’enduits peints en place sur une maçonnerie, d’un solin et d’un éventuel mur récupéré, associés à des niveaux de sols et d’occupation supposent un contexte d’habitat dont l’orientation est comparable à la trame urbaine déjà observée par P. Marquis à proximité.

8Les niveaux les plus riches en mobilier appartiennent au comblement d’un creusement qui peut être attribué à l’une des dernières phases d’occupation mises en évidence sur le site. Ces remblais ont livré une variété de formes céramiques dont certaines peuvent être assimilées à la production de l’atelier voisin. Le lot paraît homogène et peut être attribué à la première moitié du iii^e s. Aucune datation des niveaux d’occupations les plus anciens ne peut être proposée, faute de mobilier.