1La campagne de fouille programmée menée par l’Area durant l’été 1997 sur l’atelier de tuilier gallo-romain des Cottes-Mains a porté essentiellement sur deux secteurs : d’une part la poursuite de l’étude des bâtiments annexes et d’autre part la fouille exhaustive d’un quatrième four de tuilier. Le bâtiment 619, partiellement découvert en 1996, a été dégagé sur toute sa longueur : il s’agit d’une construction rectangulaire de 3,40 m de largeur sur 9 m de longueur. Les murs ont une assise en pierres et les élévations devaient être en terre. Le bâtiment comportait des cloisons internes marquées par des alignements de piquets délimitant trois espaces intérieurs. Ces cloisons n’ont pas toutes fonctionné simultanément et correspondent à différents états du bâtiment auxquels sont associés des réarrangements des niveaux de sols : niveau sableux, épandage d’argile rubéfiée et dallage de tuiles et pilettes. La partie sud du bâtiment a livré des aménagements particuliers dont un dallage de grandes briques, certaines comportant des inscriptions réalisées à l’aide d’une pointe dans l’argile fraîche. Il s’agit toujours du même nom « ATILASILI » que nous interprétons comme étant la signature du tuilier.

2Nous avons découvert un deuxième bâtiment de petites dimensions (3,12 m de longueur) accolé au premier. Un blocage de pierres servait d’assise à plusieurs niveaux de sols constitués de couches d’argile rubéfiée. Le dernier état conservé laissait apparaître un dallage de tuiles et de pilette, il a fonctionné avec le bâtiment voisin. Les types d’aménagements observés suggèrent une vocation artisanale mais ces deux bâtiments ont également livré du matériel culinaire (céramique et restes osseux) vestiges d’une vie domestique sur ce secteur de l’atelier. À proximité de ces bâtiments ont été retrouvés une fosse et un empierrement venant recouper des niveaux plus anciens qui passaient également sous les fondations des bâtis. Ces niveaux contenaient des fragments de paroi de four vitrifiée. Ils indiquent donc qu’au moins un des quatre fours connus sur l’atelier fonctionnait avant la construction des bâtiments dans ce secteur. Le mobilier recueilli confirme la fourchette chronologique proposée l’an passé : milieu du ii^e s. jusqu’à courant du iii^e s. avec un pic d’occupation fin ii^e – début iii^e s. et une réoccupation tardive au iv^e s. après l’abandon des fours.

3L’étude de la canalisation découverte l’an passé s’est également poursuivie : près de 9 m de tuyauterie de terre-cuite ont été dégagés. La prise de cotes d’altitude a démontré que l’eau s’écoulait en direction de la voie qui devait être bordée par un fossé.

4La fouille du four 3 a révélé qu’il s’agissait d’un four de type IIE dans la typologie de Françoise le Ny, c’est à-dire d’un four rectangulaire à tirage vertical comportant une seule chambre de chauffe. La sole était supportée par des murets de soutènement reliés entre eux par des arcs de voûte qui préservaient un couloir central pour la chauffe. Des conduits de chaleur ménagés entre les murets permettaient la diffusion de l’air chaud sous la sole. Celle-ci a été partiellement retrouvée : elle était constituée de deux rangs de tegulae prenant appui sur les murets de soutènement et ménageant des espaces servant de carneaux. La largeur de la base des murs du laboratoire laisse supposer qu’il s’agissait d’un laboratoire permanent. Celui-ci avait pour dimensions extérieures 4,70 m sur 4,60 m. L’ensemble de la structure, profondément encavée dans le substrat, était en briques et en tegulae jointoyées par de l’argile. Au niveau de la chambre de chauffe qui formait un carré de 3 m de côté, seules les deux voûtes du fond étaient bien conservées, supportant encore une partie de la sole. L’alandier d’une longueur de 1,80 m était encadré de chaque côté par une banquette de briques servant d’assise aux arcs de voûte reliant les murets. La gueule de l’alandier présentait sur un de ses côtés des modifications témoignant d’un réaménagement.

5L’ensemble des structures internes présentait un fort pendage et une déformation visiblement dus à une poussée du terrain et à un colluvionnement important après de fortes pluies. Il semble que le four, situé en bas de pente, ait subi une poussée ayant entraîné sa destruction partielle et son abandon. Une partie des structures a ensuite été volontairement démontée dans un but de récupération des matériaux. Une étude comparative de la typologie des quatre fours connus à ce jour a permis d’établir un certain nombre de constantes : persistance du type IIE avec couloir unique, laboratoire permanent et système de murets transversaux servant d’assise à une sole faite de rangs de tegulae. Par contre, des variations sont intervenues dans la taille des fours, leur pendage et leur orientation ainsi que dans le mode de construction des murets pris ou non dans la maçonnerie du mur de la chambre de chauffe et dans la forme des conduits de chaleur préservés entre les murets. Cette étude permet de rapprocher le four 3 du four 2 dont il est très proche géographiquement et typologiquement. En attendant la réalisation d’une tranchée permettant de faire la liaison stratigraphique entre ces deux structures, nous pouvons déjà les situer dans un même groupe typologique qui semble être le plus récent dans le fonctionnement de l’atelier. Il faut noter, aux abords du four 3, la découverte d’un niveau contemporain de son fonctionnement comportant un grand nombre de tubulures qui semblaient avoir été empilées là, car certaines étaient encore en connexion. Nous les interprétons comme étant une des productions de ce four. Ces tubulures, également retrouvées mais en plus petites quantités dans le dernier état de fonctionnement des bâtiments, avaient déjà suscité des interrogations l’an passé car il semble s’agir là d’éléments semblables à ceux utilisés dans les fours de potiers à chaleur rayonnante. La fouille programmée devrait se poursuivre en 1998 afin de faire le lien entre le secteur des bâtiments et le four 3, de mettre celui-ci en relation stratigraphique avec le four 2 et d’étendre la fouille en fonction des résultats de la prospection électromagnétique qui doit être réalisée prochainement sur le site des Cottes-Mains.

Fig. 1 – Vue du four 3 en plan

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