1La campagne 1997 a porté sur le quart nord-ouest de l’agglomération du haut Moyen Âge, touché par le projet de construction d’un centre commercial.

2Elle achève l’exploration de cet important site débutée en 1989-90 avec la fouille de la nécropole (un millier d’individus, édifices cultuels), et d’une partie de l’habitat (Opération TGV Nord et Interconnexion), poursuivie en 1992 dans le cadre de l’opération Marne-la-Vallée.

3La fouille 1997 a été réalisée du 5 août au 31 octobre, avec un effectif de 5 personnes. Elle a porté sur une superficie de 5 ha, (ce qui porte à 16 ha la surface totale décapée.) et sur près de neuf cents structures archéologiques.

4Cette campagne a permis de préciser les conditions de mise en place de l’agglomération à l’époque mérovingienne.

5Un vaste ensemble fossoyé enserre alors le site dans un réseau assez complexe mais cohérent, reliant la ferme domaniale au sud aux premiers fossés entourant le cimetière au nord.

6Les aménagements en bordure de rue sont assez importants : un grand fossé collecteur est bordé par un fossé palissadé qui délimite la parcelle au sud et vient s’incurver au niveau d’un gué. L’espace délimité par les fossés mérovingiens n’est pas transgressé ultérieurement.

7Un enclos quadrangulaire de forme irrégulière vient se raccrocher à cet ensemble au nord-ouest du site. Il délimite un espace de 0,8 ha, divisé par un fossé réservant une bande de terrain à l’extrémité sud.

8Compte tenu de leur tracé, la mise en place de ces fossés semble simultanée et correspond à un plan d’ensemble qui cadre bien avec l’hypothèse d’une création ex nihilo du vii^e s. évoquée à l’issue des campagnes précédentes.

9Cette vaste parcelle définie par les fossés est séparée de la ferme domaniale par le ru des Gassets et le grand fossé palissadé ; à l’est, elle vient buter sur un chemin. Plusieurs constructions annexes, dont un bâtiment allongé à une nef et deux greniers de faible module, se répartissent en périphérie d’une cour dont la partie centrale est occupé par des bâtiments d’habitation. Les dépotoirs associés à ces bâtiments fournissent des indices montrant un niveau de consommation d’huîtres et une présence privilégiée (poids monétaire byzantin) qui permet d’associer ce secteur à la ferme domaniale.

10Au nord, un petit secteur d’inhumation (12 sépultures), situé une vingtaine de mètres à l’ouest du cimetière est contemporain des premières phases d’inhumation de la nécropole. Deux groupes successifs se distinguent par l’orientation et les recoupements. Le mobilier funéraire (fibules ansées symétriques) les place tous deux à la fin de la période mérovingienne. En bordure du ruisseau, à proximité de la ferme domaniale, Un réservoir circulaire d’un· diamètre de 5 m, formé de pieux en bois et de planches a été découvert ; il s’agit du réaménagement d’une mare en partie recreusée à cette occasion. Les poteaux bien que de faible module, sont réalisés en chêne à croissance lente aux cernes nombreux et feront l’objet d’une étude dendrochronologique.

11L’ensemble du secteur fouillé en 1997 subit des modifications importantes à l’époque carolingienne. Au nord, la mise en place du chemin de Bellesmes, qui passe immédiatement au sud de la nécropole s’accompagne du creusement d’un fossé double, plus resserré que l’enclos précédent. Par contre l’espace bâti y est beaucoup plus dense : il s’organise à partir d’un vaste bâtiment à deux nefs d’une longueur de 37 m, probablement divisé en deux corps juxtaposés et entouré d’autres constructions de taille plus habituelle.

12Au sud du chemin de Bellesmes, la disparition de la ferme domaniale à la charnière des viii^e et du ix^e s. provoque également d’importantes transformations ; l’enclos extérieur d’abord réduit, disparaît. Le passage à gué subit une modification avec le creusement de nouveaux fossés et le changement d’axe du chemin déjà observé lors de la fouille de 1992.

13Au début du x^e s., un enclos circulaire occupe une position clé par rapport à ce chemin. Il est formé d’une série de tronçons rectangulaires à fond plat séparés chacun par des banquettes probablement destinées à retenir l’eau (malgré la pente du terrain), mais ne peut prétendre à un rôle défensif. Une chicane rendait obligatoire le passage par l’enclos pour continuer au-delà sur le chemin.

14Les constructions carolingiennes se cantonnent à l’intérieur de son espace interne. On remarquera notamment deux constructions successives : un bâtiment à deux nefs et une construction quadrangulaire basée sur des poteaux de très fort calibre.

15À proximité, un puits a livré un abondant mobilier de la fin du x^e s. avec un important lot céramique, quelques éléments organiques (du cuir, et des bois susceptibles de fournir des datations dendrochronologiques) et du verre à vitre dont la présence n’avait été observée jusqu’alors qu’autour des édifices cultuels et sur la ferme domaniale.