Marolles-sur-Seine – La Croix de la Mission (carrière SSM)
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Année de l'opération :
1997Chronologie :
Préhistoire, Néolithique, Protohistoire, âge du Bronze, époque médiévale, Haut Moyen ÂgeNature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Association pour les fouilles archéologiques nationales
Texte intégral
1L’emprise de « La Croix de la Mission » représente un des derniers secteurs à exploiter par l’entreprise SSM dans la carrière aux lieux-dits le Tureau des Gardes/la Croix de la Mission à Marolles-sur-Seine. Le décapage sur un total de 4 ha a confirmé la localisation d’une nécropole de l’âge du Bronze à enclos circulaires, déjà repérée par photo aérienne par J. Bontillot et J. Aubert, et a permis de mettre en évidence des structures domestiques néolithiques et protohistoriques et la périphérie d’un habitat du haut Moyen Âge.
2L’occupation du Néolithique ancien se résume à quelques fosses isolées dans le secteur est de l’emprise, probablement des fosses latérales d’habitations écrêtées. Les quelques formes céramiques représentées dans les quatre fosses permettent une datation au groupe de Villeneuve-Saint-Germain. Cette petite occupation s’ajoute aux données du Néolithique ancien déjà abondantes dans le secteur de l’interfluve Seine-Yonne sur les communes de Marolles et Barbey (fouilles Augereau 1995, Séguier 1995 et Renaud et Gouge 1992).
3La nécropole de l’âge du Bronze comprend 13 enclos circulaires auxquels sont associés des sépultures à inhumation, au nombre de 9 et 32 incinérations.
4Les enclos sont de dimensions variables – entre 8 et 28 m de diamètre – trois d’entre eux se distinguant par leur taille imposante, avec des diamètres extérieurs de 25 à 28 m. Ces monuments funéraires se différencient les uns des autres par leur morphologie (avec ou sans entrée) et par leurs liens avec les sépultures. En effet, quatre enclos sont à fossé interrompu (enclos 4, 15, 60 et 93) ce qui permet un accès direct à l’aire interne. Les entrées se localisent au nord-est et au sud-est, orientation typique des « portes » pour les enclos de la Bassée, qui en majorité s’ouvrent à l’est : au sud-est 57 % du total, au nord-est 16 %.
5Quatre enclos montrent une association directe avec les sépultures à inhumation : l’inhumation 1 se trouve au centre de l’enclos 4, l’inhumation 30 se trouve dans l’aire interne de l’enclos 31 et l’inhumation 104 se trouve dans le fossé de l’enclos 60. L’attribution chronologique des neuf sépultures à inhumation reste problématique, car une seule, la structure 104, a fourni du matériel archéologique, à savoir un ensemble de lames et d’éclats de silex probablement rassemblés dans un étui en matière périssable.
6Pour combler le manque d’éléments datant, deux inhumations ont fait l’objet d’une analyse par 14C, dont les résultats sont fort intéressants. La sépulture 30 localisée dans l’aire interne de l’enclos 31 a fourni une datation de HBP 3545 ± 60 BP, 2024 – 1713 cal BC (Ly-8279) – Bronze ancien. La sépulture 104 localisée dans le fossé de l’enclos 60 a fourni une datation de HBP 2865 ± 50 BP, soit 1200 – 913 cal BC (Ly-8278) – Bronze final IIb-III.
7Parmi les 32 incinérations seules 8 ont fourni assez d’informations archéologiques pour avancer une datation précise au Bronze final IIa et au Bronze final IIb – IIIa (Rhin-Suisse-France Orientale).
8Le groupe central d’incinérations comprend 14 dépôts en pleine terre et 6 en urne simple. Les incinérations en pleine terre représentent le dépôt sous sa forme la plus simple : l’amas osseux sans urne funéraire ni mobilier d’accompagnement. Cependant, il est possible que l’amas osseux était rassemblé dans un contenant en matière périssable (cuir, bois, vannerie ou textile), dont la trace n’a pas été détectée à la fouille. Mêlés aux incinérations en pleine terre, les dépôts en urne simple se caractérisent par la présence d’un unique vase funéraire contenant l’amas osseux. Aucune céramique n’est intacte, d’où le problème d’attribution chronologique de ces ensembles.
9Les incinérations du Bronze final IIa se localisent dans un secteur au nord-est de l’emprise à proximité des enclos 15 et 31 (une incinération se trouve au centre de l’enclos 15). Ces dépôts sont constitués d’une ou plusieurs coupelles en céramique à décor cannelé, associées à des objets de parure en alliage cuivreux brûlés ou non – notamment une épingle de type de Courtavant dans la structure 80 – et des éléments en os travaillé. Hormis l’utilisation de blocs de grès comme couverture dans quelques dépôts du groupe central, une seule sépulture peut réellement être qualifiée de construite. Il s’agit de l’incinération 61 dont le fond est tapissé d’un pavement de blocs de grès et de calcaire de Brie. Malheureusement très arasée, elle n’a livrée qu’une vingtaine de grammes d’os incinéré, mais dans sa composition, elle peut être rapprochée la sépulture construite de Marolles-sur-Seine « Le Tureau des Gardes » localisée à quelques centaines de mètres (inc. 3, enclos 6, fouille Gouge 1994).
10Les cinq incinérations du Bronze final IIb – IIIa sont les dépôts les plus spectaculaires du site et comprennent l’urne funéraire (contenant l’amas osseux), accompagnée d’un ensemble de vases accessoires (jusqu’à sept), ainsi que des éléments de parure en alliage cuivreux, notamment un bracelet ouvert placé dans l’urne funéraire sur l’amas osseux de l’incinération 48 et des éléments de faune.
11L’étude anthropologique de ces restes incinérés montre qu’il est impossible de déterminer des pratiques funéraires propres à l’un ou l’autre des groupes chronologiques. Elle définit surtout la diversité des gestes qui traversent les différentes catégories de dépôt. Le traitement du corps et des fragments osseux avant leur enfouissement souligne une pratique constante pour la grande majorité des incinérations : une crémation homogène et constante du corps, suivi par le lavage, tri ou tamisage des fragments osseux – aucun dépôt ne comprend des éléments du bûcher funéraire (charbon de bois, etc.) – aboutissant à une sélection des esquilles ensevelies. Ces sépultures concernent toutes les tranches d’âge de la population – enfants, adolescents et adultes – l’association adulte-immature est confirmée dans 3 sépultures doubles (structures 43, 48 et 80).
12Les datations 141C fournissent une fourchette chronologique précise de l’utilisation de la nécropole, en situant sa fondation dans le Bronze ancien et son abandon au Bronze final IIIb. La pratique de l’incinération n’a duré que deux siècles entre 1200 et 1000 BC et ces dépôts sont probablement antérieurs à l’inhumation 104. Pour l’instant, il est impossible de définir si l’utilisation de la nécropole a été continue ou s’il s’agit d’une occupation ponctuée de phases d’abandon et de réutilisation successives. Pour répondre à cette question, il faudrait procéder à des analyses 14C plus complètes sur toutes les sépultures à inhumation de la nécropole.
13L’occupation du haut Moyen Âge se développe sur un petit secteur de 250 m2 à l’ouest de l’emprise. S’étendant au-delà des limites actuelles de la carrière, l’habitat est constitué d’un bâtiment sur poteaux, de trois fonds de cabane et de quelques fosses éparpillées. Une inhumation isolée localisée à une vingtaine de mètres au sud de l’habitat date probablement de la même époque. Deux périodes y sont représentées, avec un hiatus chronologique évident ; la majorité des structures sont attribuables à la période mérovingienne (vie – viie s.), tandis que trois seulement – dont un fond de cabane (ST 78) et un silo (ST 71) – représentent la période carolingienne (xe – xie s.).
Fig. 1 – Incinération 53
Bronze final IIb-IIIa
Cliché : N. Ameye (Afan)
Table des illustrations
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| Titre | Fig. 1 – Incinération 53 |
| Légende | Bronze final IIb-IIIa |
| Crédits | Cliché : N. Ameye (Afan) |
| URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/145938/img-1.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 566k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Rebecca Peake, Valérie Delattre, Anne Augereau et Nadine Mahé, « Marolles-sur-Seine – La Croix de la Mission (carrière SSM) » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 13 novembre 2023, consulté le 11 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/145938
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