1Le relevé Lidar réalisé en 2021 a permis de prendre la mesure du site qui désormais doit être envisagé comme un espace d’environ 10 ha où sont établis une trentaine de cellules, des voies d’accès et des chenaux fossiles s’articulant entre eux. Il pourrait s’agir d’un habitat villageois agrégé au site de La Regardière ou de structures antérieures ou postérieures aux occupations mise en évidence. La réflexion doit désormais porter sur une plus grande échelle et cibler la période d’occupation de cet ensemble par des sondages, ou une fouille, qui ne pourront se faire dans le cadre de la présente triennale. L’étude palynologique, engagée en 2022, devrait permettre également de dresser un tableau paléoenvironnemental du versant nord de la montagne de Courreau.
2Sur le site abordé par la campagne triennale, le potentiel archéologique est au rendez-vous : densité stratigraphique, bâti et niveaux d’occupation en place. Les fouilles permettent de recueillir une documentation structurelle importante liée à l’implantation des bâtiments et leur chronologie relative. De plus, les datations 14C des niveaux de sols permettent de caractériser deux séquences d’occupation, qui s’établissent aux environs de l’An Mil et durant le premier tiers du xiiie s., en cohérence avec les rares sources archivistiques évoquant La Regardière.
3Les éléments documentés permettent d’attester d’une implantation importante au caractère parfois ostentatoire aux environs de l’An Mil. Celle-ci relève probablement d’une volonté affirmée de contrôle et d’exploitation d’un territoire et de ses ressources (eau, bois, pâturages, route d’accès aux plateaux). Un tel établissement nécessite la mobilisation d’une main-d’œuvre importante et une maîtrise foncière certaine, ce qui nous interroge quant au statut du détenteur. Sommes-nous en présence du chef-lieu d’une seigneurie naissante aux mains d’une petite lignée identifiée par les textes ? S’agit-il d’une tête de pont érigée par les seigneurs de Couzan ou les comtes de Forez afin de borner un territoire disputé ?
4La réoccupation du site au xiiie s. pourrait correspondre à la reprise en main de La Regardière par les moines de La Bénisson-Dieu, évoquée par un texte contemporain. La documentation archéologique ne permet cependant pas de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse plausible.
5Enfin, il n’existe aucun site régional permettant d’établir des comparaisons qui affineraient la compréhension de cette implantation établie à 1 250 m d’altitude. Quant au mobilier, seul le site de Couzan, au contexte élitaire et castral et distant d’une dizaine de kilomètres, fait office de corpus de référence.
Fig. 1 – Vue aérienne
Cliché : équipe de fouille.
Fig. 2 – Proposition de restitution du site (bâtiments B1, B2 et B3)
Relevés : C. Mathevot (La Diana) ; DAO : L. Harispe, M. Machon, C. Margoto.