1Le projet de construction d’une villa particulière sur la parcelle cadastrale BZ 317, au 15 rue de la Machinette, à Saint-Paul-Trois-Châteaux, a donné lieu à un diagnostic archéologique (fig. 1).
Fig. 1 – Plan général des sondages
Échelle : 1/500.
Levés topographiques et DAO : P. Conjard-Réthoré, N. Saadi (Inrap).
2La ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux, implantée dans la vallée du Rhône, au nord d’Orange, est connue par différents textes antiques et figure sur la Table de Peutinger. Cette ville, ancien oppidum des Tricastini, a été accaparée avec son territoire, lors de la conquête romaine au ier s. av. J.-C., en lien avec la création de la colonie d’Orange et de sa centuriation. Elle fait partie des oppida latina de la liste de Pline, mentionnée sous le nom d’Augusta Tricastinorum (Pline, III, 4, 36). Cette petite agglomération secondaire prend le statut de colonie, colonia Flavia Tricastinorum, au moins à l’époque flavienne, si l’on en juge par les termes de sa titulature indiquée sur une inscription épigraphique retrouvée à Vaison-la-Romaine (Lert et al. 2009, p. 45 et 47-48).
3Si de nombreux vestiges de maisons d’habitation, dont beaucoup avec sols mosaïqués, ont été mis au jour dans le sous-sol de la ville, celle-ci dispose des attributs généralement accordés aux cités romaines d’importance : elle possède un forum, reconnu récemment au quartier du Courreau (Isnard 2021), un probable amphithéâtre au quartier du Pialon (Lert et al. 2009, p. 172). L’existence d’un théâtre et de temples est plus discutable, car, même si leur présence paraît évidente dans une cité romaine de ce type, ils n’ont, à ce jour, jamais été retrouvés. En revanche, elle a été dotée d’un rempart, dont le tracé est attesté sur de longs segments. De forme grossièrement trapézoïdale, avec une excroissance au niveau de la colline du château, la courtine de ce rempart suit l’axe du quatrième cardo du cadastre B d’Orange et oblique au sud, au croisement des rues de la Machinette et des Sablières (Lert et al. 2009, p. 123-124 et 160).
4Dans ce contexte général, la parcelle objet du présent diagnostic se situe hors de l’emprise reconnue de la ville antique. Néanmoins, cette parcelle a pu accueillir différents types de vestiges en lien avec la cité : villa suburbaine, structures funéraires longeant une voie d’accès au sud du rempart, structures artisanales, etc.
5Par ailleurs, des sondages de diagnostics réalisés sur une parcelle située un peu plus au sud-est, au 7 rue du Serre Blanc, ont livré les vestiges d’une occupation datée d’époque carolingienne, ainsi que des xiie et xive s. (Isnard 2018). Enfin, allée des Rosiers, plus au sud, du mobilier céramique et lithique daté de l’âge du Fer a été retrouvé lors d’un diagnostic (Ferber 2019).
6Au cours de ce nouveau diagnostic, la présence d’un mur de direction nord-est – sud-ouest, construit en moellons de petit appareil sur un de ses parements, a été aperçu au fond d’un des sondages, sous 1,78 m de recouvrement (fig. 2).
Fig. 2 – Vue générale, depuis le sud, du sondage 3 et du mur M1 en fond de sondage
Cliché : P. Conjard-Réthoré (Inrap).
7Aucun artefact n’a permis sa datation. Seule la présence d’un tesson de céramique commune, probablement antique, retrouvé dans les colluvions le recouvrant, ainsi que son mode de construction, pourraient éventuellement suggérer une telle datation, sans grande certitude. Toutefois, ces moellons peuvent aussi être des remplois du Moyen Âge. Cette nouvelle observation viendrait alors, avec beaucoup de réserve, renforcer l’occupation d’époque carolingienne ou des xiie et xive s. reconnue lors du diagnostic, au 7 rue du Serre Blanc. Il pourrait s’agir d’une construction en podium, tout au moins surélevée, éventuellement d’une largeur de 8 m, si l’on tient compte de l’actuel dénivelé qui caractérise la limite ouest de la parcelle.