Lacapelle-del-Fraisse – L’aurière gauloise de la Camp del Puech
Entrées d’index
Année de l'opération :
2018Numéro d’opération :
038517Sujets :
archéologie industrielle, site d'extraction, mine, minerai, or, quartz, arsenic, mineur, fosse, outil, métallurgie, macroreste végétal, charbon de boisNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Université de Toulouse Jean-Jaurès
Hubert É. 2019 : Aurières de la Châtaigneraie : district aurifère de Prunet (Sud Aurillac, Cantal) : rapport de sondage 2018. Aurière de La Camp du Puech, Lacapelle-del-Fraisse (Cantal).
Texte intégral
1Dans le cadre d’une recherche de thèse de doctorat, une opération de sondage archéologique a été réalisée dans le Cantal, dans la commune de Lacapelle-del-Fraisse, sur un site minier supposé pour or à ciel ouvert. Cette opération fait suite aux prospections thématiques lancées en 2017 sur le district minier aurifère de Prunet au sud d’Aurillac. Les résultats de ces opérations 2017 ont fait l’objet d’une publication dans la Revue de la Haute-Auvergne en 2018.
2Ce sondage, d’une durée de quinze jours, a été ouvert sur l’aurière de la Camp du Puech, et a permis de dégager la moitié sud de la plus petite fosse située en tête du chantier minier (site composé de deux fosses accolées et alignées).
3Afin de répondre à la question de la chronologie du site, nous avons procédé au décapage des haldes est, au nettoyage des parois du bed-rock schisteux, et, enfin, à la fouille de la fosse elle-même afin d’atteindre le fond rocheux.
4Le comblement de la minière est principalement composé de déblais miniers stériles, meubles, secs et aérés, avec des inclusions de plaques de schistes en quantité et en taille parfois importantes. Le replat fouillé situé sous le niveau de haldes a livré un paléosol malheureusement stérile, lui aussi, de tout mobilier archéologique. De la même manière, il n’a pas livré non plus de structures liées au traitement du minerai (ateliers minéralurgiques et/ou métallurgiques).
5Cependant, plusieurs autres éléments ont été découverts :
6Des charbons de bois présents dans le comblement de la minière ont été prélevés en différents points de hauteur de la stratigraphie ainsi que sur la zone de replat dégagée sous les haldes. Trois charbons de bois, sélectionnés et triés par l’anthracologue J. Vaschalde, ont fait l’objet de datations 14C au laboratoire de Poznan (Pologne). Deux datations synchrones pour le second âge du Fer montrent une activité extractive pour cette période, avec un pic au cours des iie-ier s. av. J.-C. Les charbons de bois datés de cette période se trouvaient à deux emplacements différents mais pertinents dans la stratigraphie et se font écho : l’un en bord de fosse et sous les déblais miniers, l’autre dans la fosse et assez profondément dans le comblement (fig. 1). Une dernière datation remontant à la période gallo-romaine provient d’un charbon de bois ramassé dans la stratigraphie dressée pour les relevés en coupe. Nous supposons que cette datation est à vérifier à cause d’un risque de pollution depuis un foyer en rejet secondaire et qui était situé au-dessus de cette stratigraphie, et donc postérieur à la phase d’activité minière (pollution possible au cours du décapage mécanique du comblement interne de la fosse). Il s’agirait donc plutôt de la phase d’abandon et de comblement du site. Cette dernière hypothèse de pollution doit encore être validée par de nouvelles datations 14C des charbons de bois provenant de ce foyer.
Fig. 1 – Stratigraphie nord St2 montrant en coupe l’ensemble minier avec sa fosse et ses haldes

L’US 4 (niveau de paléosol mis au jour sous les haldes) a livré des charbons de bois plus au sud et datés de manière parfaitement synchrone avec l’échantillon CH4 découvert dans l’US11, pour le second âge du Fer.
Topographie : B. Cauuet, É. Hubert, E. Meunier, J. Turpin ; DAO : B. Cauuet, É. Hubert (Traces).
7Un reliquat de filon de quartz encore en place et visible en saillie au fond de la fosse sur la paroi est a été découvert. Des traces d’abattage à l’outil de type pointerolle lui sont associées. La forme de la fosse ainsi que la saignée dégagée au fond dans le prolongement de l’emplacement de ce filon démontrent que ce dernier a bien été suivi par les mineurs (fig. 2). L’échantillonnage et l’analyse de quartz au MEB/microsonde par ALS laboratory (Espagne) permettent de confirmer la nature du minerai aurifère. En effet, les analyses ont montré une bonne corrélation Or-Arsenic, l’arsenic étant accompagnateur des minéralisations aurifères du Massif central français.
Fig. 2 – Vue sur le fond de la fosse et la paroi schisteuse à l’est

Avec un reliquat de filon de quartz aurifère laissé en place par les mineurs, ainsi qu’une saignée le prolongeant et marquant l’ancien emplacement du filon exploité.
Cliché : B. Cauuet ; DAO : É. Hubert (Traces).
8Enfin, des traces d’outils ont également été mises au jour sur d’autres zones de la paroi rocheuse verticale est, ainsi que de probables encoches à boisages taillées dans le schiste. Ces dernières ont pu accueillir des étais en bois, afin d’assurer un maintien des parois entre elles et prévenir les risques d’éboulement (fig. 3).
Fig. 3 – Vue sur un front de taille du fond de la fosse dégagée

La paroi schisteuse comporte une association d’encoches à boisages et de traces d’outils ayant exploité le filon.
Cliché et DAO : É. Hubert (Traces).
9Bien que le sondage n’ait pas permis de découvrir de mobiliers ou de structures autres que la fosse elle-même, il faut néanmoins relativiser cela, avec les résultats encourageants obtenus en termes de datations et de confirmation de la nature du minerai. Ces données prolongent les connaissances acquises par ailleurs en Limousin et dans l’ouest du Puy-de-Dôme (Combrailles), où nous savons que les aurières en roche en présence ont été exploitées à la Protohistoire, avec une intensification de la production d’or au cours de La Tène moyenne à finale. Cela confirme par ailleurs le caractère typique de ces mines d’or particulières (fosses en roche à profil en U/V bordées de déblais miniers sur leurs bords supérieurs), à ce jour toujours associées à des chronologies anciennes. Par ailleurs, et plus spécifiquement pour l’espace Châtaigneraie dans le sud-ouest du Cantal, ces connaissances inédites amènent à nous interroger sur la localisation de l’habitat des mineurs, mais aussi sur toute l’occupation humaine sous-jacente que cela suppose. Cette recherche archéologique minière dans le Cantal pour les périodes laténiennes invite à la découverte d’un territoire économique désormais à prendre en compte dans les cartes archéologiques de l’âge du Fer. En effet, l’aurière datée fait partie d’un ensemble minier plus vaste (district) comportant plus de 130 fosses et réparties surtout sur les communes de Prunet, Lafeuillade-en-Vézie et Lacapelle-del-Fraisse.
Table des illustrations
![]() |
|
---|---|
Titre | Fig. 1 – Stratigraphie nord St2 montrant en coupe l’ensemble minier avec sa fosse et ses haldes |
Légende | L’US 4 (niveau de paléosol mis au jour sous les haldes) a livré des charbons de bois plus au sud et datés de manière parfaitement synchrone avec l’échantillon CH4 découvert dans l’US11, pour le second âge du Fer. |
Crédits | Topographie : B. Cauuet, É. Hubert, E. Meunier, J. Turpin ; DAO : B. Cauuet, É. Hubert (Traces). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155515/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 524k |
![]() |
|
Titre | Fig. 2 – Vue sur le fond de la fosse et la paroi schisteuse à l’est |
Légende | Avec un reliquat de filon de quartz aurifère laissé en place par les mineurs, ainsi qu’une saignée le prolongeant et marquant l’ancien emplacement du filon exploité. |
Crédits | Cliché : B. Cauuet ; DAO : É. Hubert (Traces). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155515/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 599k |
![]() |
|
Titre | Fig. 3 – Vue sur un front de taille du fond de la fosse dégagée |
Légende | La paroi schisteuse comporte une association d’encoches à boisages et de traces d’outils ayant exploité le filon. |
Crédits | Cliché et DAO : É. Hubert (Traces). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155515/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 425k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Élodie Hubert, « Lacapelle-del-Fraisse – L’aurière gauloise de la Camp del Puech » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 22 février 2024, consulté le 18 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/155515
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page