1Ce diagnostic a permis de réaliser cinq sondages sur la place du Couvent et un au chevet, dont l’implantation a été conditionnée par diverses contraintes (fig. 1).
Fig. 1 – Plan général de l’intervention
Topographie : P. Neury ; DAO : J. Cayrol (Inrap).
2De plan trapézoïdal, la place du Couvent est affectée d’une pente est-ouest de 5 %. Le terrain naturel se compose de plusieurs types de colluvions anciennes argilo-limoneuses, plus ou moins riches en blocs basaltiques. Le terrain naturel apparaît entre -0,90 et -1,25 m. Au nord-est, une inversion stratigraphique, due à la solifluxion, illustre cette hétérogénéité, qui pourrait être la cause de l’instabilité des constructions signalée au xie s. Ces formations accusent, en surface, un pendage est-ouest de 3,6 %, dont la relative faiblesse par rapport au versant qu’occupe le bourg, suggère qu’un nivellement ait pu avoir lieu au Moyen Âge, pour l’installation de l’ensemble conventuel.
3L’essentiel des formations anthropiques recouvrant le terrain naturel est constitué de dépôts sédimentaires argilo-limoneux très pauvres en mobilier archéologique, en dehors de nodules de terre cuite architecturale et d’un unique tesson moderne. Ils évoquent un espace ouvert, de type jardin, qui aurait été occupé dans un large intervalle, médiéval à moderne.
4Deux maçonneries perturbées, vraisemblablement est-ouest, larges et longues d’environ un mètre, et conservées sur, au plus, 0,45 m, entre -0,30 à -0,70 m et le substrat, sont les seules structures antérieures au xviiie s. Elles se situent dans le sondage le plus à l’ouest (fig. 2), comme cela avait déjà été le cas pour l’un des deux diagnostics de 1999. Ces vestiges portent des traces de récupération survenues lors du chantier de construction de 1752 (aile conventuelle est). Dans le même sondage, la fonction primaire d’une fosse comblée de matériaux liés à ce chantier pourrait être la récupération d’une structure plus ancienne. Une telle fosse avait aussi été repérée en 1999 au sud-est et pourrait former un autre indice de récupération. Ces données plaident en faveur d’un nivellement important, intervenu lors de la campagne de 1752.
Fig. 2 – Sondage 2 : vue générale vers le nord-ouest
Cliché : Inrap.
5Un autre diagnostic, mené en 1999 à l’intérieur de l’aile moderne, avait montré qu’un probable mur de terrasse nord-sud avait été arasé lors de la construction, permettant ainsi de gagner, grâce à un terrassement, l’espace nécessaire vers l’est. Cette hypothèse expliquerait les difficultés à identifier l’emplacement exact du cloître médiéval. Une démarche comparable semble avoir aussi concerné le chevet gothique.
6Deux sondages, dont le sondage occidental, livrent une solide canalisation en pierre, de longueur restituable de 22 m, large et profonde de 0,40 m, recouverte de dalles, qui est attribuable à la campagne moderne. Deux conduits comparables, vraisemblablement postérieurs, ont aussi été mis au jour, au sud-est de la place et au chevet.
7Le sondage ouest contient, enfin, les restes d’un bassin, dont le fond, en blocs basaltiques et mortier hydraulique, s’appuie sur une couche d’étanchéité argileuse. Il appartenait à une fontaine moderne, qui semble avoir occupé sensiblement le même emplacement que l’actuel calvaire (1839), au centre exact de la place, rues comprises.
8Au centre-nord de l’emprise, trois sépultures ont été simplement repérées (fig. 3), à partir de -0,65 à -0,90 m, dans un secteur où une tombe du bas Moyen Âge était déjà recensée. Elles comprennent des calages périphériques, peut-être destinés à retenir des parois putrescibles. L’une livre deux tessons des xvie-xviiie s. ; une datation radiocarbone porte sur une autre. La zone sépulcrale est apparemment peu dense, assez limitée, et caractérisée par l’absence de recoupements, l’absence de tombes à l’est. Ses contours restent imprécis dans les autres directions. Si l’on admet qu’elle occupait le jardin du cloître, son existence suggère que l’aile claustrale nord pouvait se situer plus au nord.
Fig. 3 – Sondage 5 : vue générale vers l’ouest – nord-ouest
Cliché : J. Cayrol (Inrap).
9Au chevet, le sondage pratiqué le long du mur gouttereau de la chapelle sud-est montre que son élévation était masquée par un drain et des remblais, jusqu’à -2,60 m au moins. Le terrassement a été interrompu avant les fondations, mais la cote atteinte est très proche de celle du sol de la chapelle, dans l’église. Ces remblais résultent d’un apport volontaire postérieur à 1832, destiné à aménager une rue présentant une forte pente nord-sud.