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2020
2A – Corse-du-Sud

Cuttoli-Corticchiato – Monti di a Torra

Fouille programmée (2020)
Responsable d’opération : Hélène Paolini-Saez

Entrées d’index

Année de l'opération :

2020

Numéro d’opération :

082021

Nature de l'opération :

fouille programmée
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Laboratoire régional d’archéologie (Corse)

Texte intégral

1La campagne de fouille programmée en 2020 à Monti di a Torra vient clôturer quatre années de terrain sur l’éperon. Cette campagne a été consacrée exclusivement à la poursuite et la fin de la fouille du secteur 3, à savoir celui de l’effondrement d’un monument en pierres. L’important empierrement a nécessité le dégagement de près de 70 m3 de pierres sur plus de 60 m2 afin de disposer d’une surface de lecture convenable avant de poursuivre la fouille planimétrique. Le dégagement des pierres a permis de mettre en évidence un aménagement insoupçonné en deux terrasses principales dont la terrasse sommitale est soutenue par un mur de près de 12 m de long, venant s’articuler avec le substrat rocheux au sud-ouest et à l’ouest. Un autre mur, très court, achève l’aménagement en venant stabiliser le nivellement de la seconde terrasse, plus basse. L’ensemble de ces constructions participe de l’installation d’une construction sur cette partie de l’éperon qui a une forte déclivité et un substrat rocheux très diaclasé.

2Le toponyme du site « Monti di a Torra » trahissait la présence d’une tour. Les premières photos aériennes prises en 2017 semblaient confirmer cette forme circulaire tandis que la fouille de 2018 laissait apparaître un premier tronçon de mur courbé. L’opération de 2020 n’a fait que confirmer nos premières impressions. La limite ouest de la construction est matérialisée par un mur formé de pierres plantées et juxtaposées qui s’organisent en un léger arc de cercle venant buter à ses extrémités sur du substrat rocheux à l’est et à l’ouest sur lequel d’autres murs ont été élevés. L’ensemble forme une structure circulaire de 3,5 m de diamètre confortée à l’intérieur par huit poteaux en bois qui s’appuient contre le mur. Certains calages ont la particularité de disposer de longues pierres de plus de 50 cm dont certaines sont à pédoncule (simple ou double) et permettent le positionnement d’un possible plancher à l’intérieur de la structure. Le mobilier n’évoque pas un habitat tant il est disparate. Toutefois, il reflète les contacts avec les marchands méditerranéens depuis le Proche-Orient (parure en verre) jusqu’aux côtes italiques (amphore vinaire et vaisselle) au second âge du Fer. La vaisselle modelée locale décorée au peigne, incisée ou pourvue de cordons accompagne ce mobilier ainsi que des objets métalliques qui évoquent l’équipement de communautés militaires (maillons de chaînettes et anneaux), mais n’exclut pas du mobilier domestique (objet tubulaire, tige). Aucun aménagement domestique n’est perceptible à l’intérieur de la structure. Ces éléments ne plaident pas pour y voir un habitat mais plutôt un espace secondaire destiné à l’observation dont la population était d’un haut niveau social, puisqu’elle était en contact avec les marchands de Méditerranée durant le dernier quart du Ier millénaire.

3Les principaux apports de ce secteur reposent sur plusieurs points :

  • la construction du mur de soutènement de la terrasse sommitale différant de celle des murs de terrassement, attribuée à l’âge du Bronze, sur les flancs nord, ce qui renvoie à une typologie des murs spécifique d’ordre chronologique ;
  • une construction atypique circulaire de petites dimensions qui se démarque d’un habitat. Cette construction pourrait être en lien avec une ou des habitations contemporaines qui restent à identifier précisément sur l’éperon. De type turriforme, elle pourrait s’apparenter aux pineti sardes de par une construction mixte de pierres et de bois et jouer un rôle d’observation et de surveillance ;
  • des éléments de parure en verre de forme tubulaire à décor de plume, retrouvés dans les niveaux du second âge du Fer mais attribués, par leur technique de fabrication et leur composition, à des productions de l’Antiquité tardive et qui soulèvent la question de la réoccupation du site ;
  • la présence d’un probable dépôt intentionnel localisé sous une meule de l’âge du Bronze en remploi intégrée à la base du mur ouest. Le lot est composé de mobilier métallique non ferreux dont un clou, une amphore gréco-italique et un vase de production locale. Ce dépôt pourrait renvoyer aux croyances de protection de la construction, voire à des événements passés ou à anticiper. La nature même du monument, dont la fonction est liée à l’observation et le contrôle du territoire, pourrait être en lien avec un dépôt permettant d’accentuer le pouvoir qu’on a voulu lui donner.

4La présence de cette construction circulaire, sur le sommet de l’éperon dont l’emprise est de 2 ha, nécessairement en connexion avec des habitations à proximité directe ou non, participe d’un réseau d’occupations contemporaines. Monti di a Torra est un lieu privilégié au sein de la vallée de la Gravona de par sa position défensive naturelle, une visibilité jusqu’aux rivages du golfe d’Ajaccio, la covisibilité avec d’autres occupations et sa proximité des axes de communication. Ces éléments reflètent la volonté maîtrisée d’une emprise territoriale qui renvoie au pouvoir. Véritable expression de la force, l’autorité du chef est assurée ici par la domination sur le territoire. Les travaux à venir, en lien avec les prospections des communes voisines et les fouilles programmées d’I Casteddi (Tavera) et I Castiddà (Cuttoli-Corticchiato), permettront de réfléchir à des schémas de circulation via les chemins traditionnels de transhumance et d’établir le lien entre les occupations de moyenne altitude et celles de la plaine.

Fig. 1 – Perle en verre à décor de plume

Fig. 1 – Perle en verre à décor de plume

US 3006/3035.

Clichés et DAO: H. Paolini-Saez (LRA).

Fig. 2 – Perle en verre à décor de plume

Fig. 2 – Perle en verre à décor de plume

US 3035.

Clichés et DAO: H. Paolini-Saez (LRA).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Perle en verre à décor de plume
Légende US 3006/3035.
Crédits Clichés et DAO: H. Paolini-Saez (LRA).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155872/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 400k
Titre Fig. 2 – Perle en verre à décor de plume
Légende US 3035.
Crédits Clichés et DAO: H. Paolini-Saez (LRA).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155872/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 270k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Hélène Paolini-Saez, « Cuttoli-Corticchiato – Monti di a Torra » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 18 mars 2024, consulté le 12 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/155872

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Auteur

Hélène Paolini-Saez

Laboratoire régional d’archéologie (Corse)

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Responsable d’opération

Hélène Paolini-Saez

Laboratoire régional d’archéologie (Corse)

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