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Année de l'opération :
2020Numéro d’opération :
082114Chronologie :
époque moderneNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1Repérable en sommet de promontoire, sur la presqu’île du Capu Rossu, près de Piana, la tour génoise de Turghiu est la plus haute de Corse. Implantée tardivement en 1608, elle est donnée à voir tout en étant dotée d’un puissant point de vue tant sur la mer que sur le littoral environnant.
2L’établissement d’une couverture orthophotographique par drone alliée à un diagnostic de bâti de quatre jours a permis de cibler le mode d’installation solide de la tour sur le socle naturel du promontoire, comme le souligne sa silhouette massive, voire trapue, mais équilibrée, soutenue par un découpage proportionné des deux constituants majeurs de la structure au moins sur la face ouest : un glacis large et taluté pour une bonne prise au sol, formant une base très stable, et un fût à l’aplomb, tous deux séparés par un cordon de dalles de pierres et chapeautés par un couronnement calibré avec parapet plein et trois bretèches.
Fig. 1 – Topographie et hypsométrie du site de la Tour de Turghiu

DAO : L. Masselin (association Explogéo).
3L’installation de la tour se fait sur un replat qui surélève celle-ci sur les trois faces (nord, est et sud) alors que la quatrième la voit redescendre au niveau du vaste plateau sud-ouest, générant ainsi un dénivelé d’entre 3 et 5 m. Ce qui se traduit par un glacis plus court, notamment à l’est où il ne dépasse pas 1,90 m de haut – on peut toucher le cordon à la main ! L’accès initial se fait par le sud-ouest, ouvrant sur une grande plateforme rocheuse mais qui se termine sur le large et peut apporter un vent terrible.
4L’ensemble est bien conservé mais a fait l’objet d’une opération de consolidation à une époque récente (1991) qui se traduit par des joints beurrés, également associés à la mise en place d’un escalier d’accès en pierre, construit à l’ancienne et avec des matériaux de récupération.
5La tour ne montre pas de failles ou fissures encore visibles dans l’appareil, si ce n’est les bretèches, qui génèrent des désordres structurels au niveau de l’ordonnancement de certains corbeaux tronqués tandis que le parapet semble décousu en arase. L’enduit qui devait totalement couvrir la tour ne survit que sous une forme fragmentaire, notamment sur le glacis et une partie du fût à l’ouest et au nord ainsi qu’au sud-est. Les parties consolidées sont bien discernables grâce à l’emploi systématique de joints beurrés.
6On pénètre dans la tour par une porte à l’étage, à hauteur de cordon, impliquant le recours à un dispositif mobile vertical pour y accéder – sans doute une échelle de bois au vu du talutage du glacis, l’escalier actuel n’étant qu’un avatar récent. Au rez-de-chaussée, l’espace disponible est partagé entre une possible réserve et une citerne voûtée, de petit calibre, installée à l’ouest et alimentée depuis la plateforme sommitale par un avaloir permettant de collecter les eaux pluviales, essentielles à la survie. Dans celle-ci, on relève la présence exceptionnelle sur le mur opposé à l’accès d’une inscription surmontée d’un blason gravé dans l’enduit hydraulique. Il s’agit d’un texte épigraphique attestant de la date de la construction de la tour en 1608 mais aussi de l’identité de son constructeur par le dessin des armes d’Anton Giovani Sarrola, militaire devenu maître d’œuvre et représentant d’« Au-delà des Monts ».
Fig. 2 – Inscriptions découvertes lors du diagnostic dans la citerne de la tour de Turghiu : armes d’Anton Giovanni Sarrola et texte épigraphique situé sous les armes de Sarrola

DAO : J.-B. Mary (université Lumière Lyon 2/Collectivité de Corse).
7Un sol dallé, repris récemment mais dont un fragment initial survit sur l’entrée, vient asseoir l’unique étage, pièce de vie, comme le dessinent les éléments engagés dans l’enveloppe du fût : puisard, niche, cheminée, placard et meurtrière.
8L’accès à la plateforme sommitale se fait par un petit escalier engagé initial, inscrit dans l’appareil pour la desservir : son tracé zigzague légèrement, avec des marches parfois très hautes, tout en étant couvert par une courte voûte, partiellement reprise, ainsi que certaines marches.
9Au sortir de l’escalier, une sorte de guérite ou guardiole doit abriter la zone au contact du dehors par un édicule assez aplati et allongé pour faire glisser le vent impétueux sans l’emporter, vraisemblablement totalement repris en 1991.
10Enfin, la périphérie de la tour a été prospectée pour retrouver l’éventuelle enceinte (ravellino) mentionnée sur l’un des plans anciens et associée à trois bâtiments annexes : un four, une poudrière et une chapelle. La poudrière a vraisemblablement été mise au jour lors de la présente opération mais l’emplacement des autres éléments demeure hypothétique.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Topographie et hypsométrie du site de la Tour de Turghiu |
Crédits | DAO : L. Masselin (association Explogéo). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155877/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,2M |
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Titre | Fig. 2 – Inscriptions découvertes lors du diagnostic dans la citerne de la tour de Turghiu : armes d’Anton Giovanni Sarrola et texte épigraphique situé sous les armes de Sarrola |
Crédits | DAO : J.-B. Mary (université Lumière Lyon 2/Collectivité de Corse). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155877/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 479k |
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Titre | Fig. 3 – Dessin à la plume, encre sépia et aquarellé, intitulé Modello della Torre di Cavi Rossi et réalisé entre 1608 et 1610 |
Crédits | ASG Corsica no 886. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/155877/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 738k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Astrid Huser, « Piana – Tour de Turghju » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 18 mars 2024, consulté le 07 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/155877
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