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AccueilRégionsCorse20202A – Corse-du-SudTavera – I Casteddi

2020
2A – Corse-du-Sud

Tavera – I Casteddi

Programme d’analyses (2020)
Responsable d’opération : Hélène Paolini-Saez

Entrées d’index

Année de l'opération :

2020

Numéro d’opération :

082092

Nature de l'opération :

programme d'analyses
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Laboratoire régional d’archéologie (Corse)

Texte intégral

1Le site d’I Casteddi fait l’objet d’opérations programmées depuis 2014 : sondages en 2014, fouilles annuelles en 2015 et 2016 et fouille triennale de 2017 à 2019. L’année 2020 a été l’occasion de finaliser les inventaires et d’amorcer ou poursuivre des études et travaux sur le mobilier archéologique.

2En particulier, sur ce dernier point, nous avons débuté une étude pétrographique sur les céramiques et torchis des collections de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer. Sensibilisée par cette problématique dans le cadre d’un mémoire universitaire soutenu en 2002, nous avons voulu reprendre ces travaux afin de compléter le premier référentiel pétrographique réalisé pour la céramique des Néolithique ancien et moyen. Pour cela, nous avons échantillonné les unités stratigraphiques (US) de référence des cinq phases d’occupation qui s’échelonnent sur 1 500 ans. La problématique repose sur l’approvisionnement des argiles, leur localisation, leur composition, leur représentativité et leur traitement, cela sur le temps long. L’ensemble de ces points renvoie aux habitudes et aux savoir-faire des potiers et de la communauté vivant sur le site. L’absence d’étude de ce type, à notre connaissance, sur le mobilier corse des âges des métaux réduit nos connaissances sur les notions d’acquisition et de gestion des matières premières argileuses à ces périodes. L’opportunité de disposer d’un large corpus de céramiques (7 500 tessons) et de torchis (3 800 fragments) permet d’amorcer ce type d’analyse en mettant en parallèle deux productions utilisant le même matériau. Ce travail a été fait en collaboration avec l’Université de Corse et le laboratoire Thin Section Lab. Ce sont 29 lames minces de céramiques et 13 lames minces de torchis qui ont été réalisées, ainsi que cinq caractérisations par DRX pour les céramiques et six pour les torchis.

3Les résultats montrent que les matières argileuses locales sont majoritairement employées. Nous avons toutefois mis en évidence une gestion différentielle de ces matériaux entre les deux périodes puisque, outre les quartz, plagioclases et biotites, les amphiboles sont nettement représentées pour les productions céramiques de l’âge du Fer. Cela peut correspondre à un prélèvement spécifique dont les causes sont multiples : nouvelles habitudes, nouvelles opportunités, épuisement de la ressource exploitée à l’âge du Bronze, etc.

4En parallèle, nous avons remarqué, pour les deux périodes, le rajout de fragments de chamotte dans la préparation argileuse. Cet acte, profondément volontaire et culturel, révèle les habitudes des potiers. Les grains semblent plus nombreux à l’âge du Bronze mais sont toujours attestés à l’âge du Fer. Par ailleurs, des vases réalisés avec une matière extérieure au contexte géologique local sont présents sur le site. Cette matière argileuse est composée de minéraux et fragments de roche fibreux provenant de contextes métamorphiques. Elle renvoie à l’apport de vases comme contenants pour un contenu indéterminé, ces derniers ayant été laissés sur place.

5On retrouve de rares grains de chamotte pour certains torchis de l’âge du Bronze. La comparaison évidente des lames minces de ces torchis avec celles de céramiques, provenant des mêmes niveaux archéologiques, indique que la projection de terre crue sur l’armature en bois de la maison a été faite avec la même préparation argileuse que celle destinée à la réalisation des vases. Cette information, inédite à notre connaissance, indique une récupération des matériaux et l’absence d’une préparation particulière à l’âge du Bronze. À l’âge du Fer, la préparation de la terre destinée à l’architecture est plus grossière et la matrice argileuse, peu visible. Le fond de pâte est différent et renvoie à une préparation singulière. Par ailleurs, les minéraux et fragments de roche ont subi moins d’altération, témoins d’une chauffe moins forte ou d’une exposition à la chaleur moins longue. Il y aurait ainsi deux gestions différentes des matériaux destinés à la construction. Ceci restera à confirmer en multipliant les lectures microscopiques.

6Concernant les sources d’approvisionnement de provenance locale, il est difficile pour le moment de déterminer où elles se situent exactement : sur le site ou dans les environs immédiats ? Les interrogations sont identiques pour les matières exogènes : Corse alpine ou enclaves géologiques métamorphiques plus proches ?

7Les travaux vont se poursuivre en 2021 par une campagne de prospection et des prélèvements de roche et de terre à proximité immédiate du site et dans les environs. De la même façon, des prélèvements du sol au sein même des remplissages archéologiques devront être réalisés. La confection de lames minces, des analyses DRX, voire des analyses au MEB de ces échantillons seront poursuivies. Un prélèvement dans le filon d’argile sablo-limoneuse situé à quelques centaines de mètres du site devra également être fait afin de compléter nos informations. Ces premiers travaux pourraient être à l’origine d’un PCR afin de créer une argilothèque/matériauthèque sous la forme d’une base de données de lames minces et de fédérer les acteurs de la recherche en céramologie et en terre cuite architecturale à la Pré-/Protohistoire.

8Les autres travaux et études concernent :

  • la poursuite d’un travail universitaire sur les carporestes par T. Camagny (master 2 Préhistoire, Paléoenvironnement et Archéoscience [PPA] sous la direction de C. Delhon [Cepam-UMR 7264 du CNRS], université Côte d’Azur) ;
  • l’amorce d’un travail universitaire sur les soles foyères du Bronze moyen par M.-A. Orlandetti (master 1 Archéologie, Sciences pour l’Archéologie sous la direction de P. Ruby [UMR 8215-Trajectoires], université Paris 1 Panthéon Sorbonne) ;
  • la mise en place d’un protocole de prélèvement pour connaître la composition d’objets en alliage cuivreux (travaux réalisés par C. Le Carlier [UMR 6566 CReAAH], université de Rennes).
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Pour citer cet article

Référence électronique

Hélène Paolini-Saez, « Tavera – I Casteddi » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 18 mars 2024, consulté le 17 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/155922

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Auteur

Hélène Paolini-Saez

Laboratoire régional d’archéologie (Corse)

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Responsable d’opération

Hélène Paolini-Saez

Laboratoire régional d’archéologie (Corse)

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