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Année de l'opération :
2021Numéro d’opération :
082254Chronologie :
Préhistoire, Néolithique, Néolithique récent, Protohistoire, âge du Bronze, Bronze ancien, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Antiquité tardive, époque médiévale, époque moderne, époque contemporaineNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1En préalable à un projet d’extension d’un parcours de golf (association GIGA Golf), un diagnostic archéologique a été réalisé au lieu-dit A Seghia à Bastelicaccia en Corse-du-Sud. Les parcelles concernées sont D 1129, D 1133, D 1134, D 1135 et D 1136.
2Cette opération est motivée par la proximité de nombreuses entités archéologiques enregistrées dans la CAN.
3En outre, l’emprise de la prescription prend place sur deux contextes environnementaux distincts liés au fleuve Prunelli, à savoir la plaine alluviale, d’une part, et des collines granitiques appartenant à son bassin versant nord, d’autre part. Cette position permet de documenter l’évolution de ce paysage par l’étude géomorphologique. En raison de zones fortement végétalisées ainsi que de la présence de réseaux enfouis, la surface accessible au moment de l’opération est réduite de 32,9 %, soit 59 918 m2.
4Quatre-vingts tranchées-sondages ont été réparties de manière raisonnée sur les zones disponibles et permettent des observations sur 7 455 m2, soit 12,94 % de la surface accessible.
5Cette opération a permis de mettre en lumière et de documenter des vestiges enfouis relevant d’occupations humaines depuis le Néolithique récent jusqu’à nos jours. Ceux-ci apparaissent à des profondeurs variables selon la topographie des parcelles.
6Une seule occurrence de la période du Néolithique récent a pu être identifiée. Il s’agit d’une fosse située au sud-est de la parcelle D 1134 qui ne permet pas de caractériser le type d’occupation. Elle est le seul témoin de la plus ancienne fréquentation humaine identifiée sur cette zone.
7La période du Bronze ancien est essentiellement observée dans huit tranchées-sondages de la moitié nord de la parcelle D 1129 ainsi que dans une tranchée-sondage de la partie ouest de la parcelle D 1133, soit sur environ 3 645 m2. Ces vestiges, principalement des fosses, des fossés palissadés et des trous de poteau, sont parfois très arasés et difficilement lisibles. Leur organisation spatiale ne permet pas de caractériser avec certitude le type d’occupation mais suggère la proximité d’un habitat.
8Des vestiges protohistoriques, dont un possible fond de cabane étrusque, ont été observés au sein de la parcelle D 1134. De plus, la concentration de mobilier étrusque et protohistorique dans des niveaux de colluvionnement d’un paléovallon de la parcelle D 1129 laisse pressentir la présence d’autres vestiges de cette période. Les vestiges attribués à l’Antiquité sont localisés au sein des parcelles D 1129 et D 1134. Ils ont été observés dans une douzaine de tranchées-sondages. La majeure partie des datations les concernant se rapporte principalement à l’Antiquité tardive, et plus précisément entre le ive et le ve s. apr. J.-C. Par leur nombre, leur variété et leur état de conservation, ils forment le plus important corpus représenté sur l’emprise du diagnostic.
9L’opération a ainsi mis en évidence un réseau conséquent de voies composé d’un axe principal nord-sud reconnu dans deux tranchées et dont la longueur estimée est de 165 m, auquel viennent s’ajouter deux axes est-ouest respectivement observés sur 38 m et 42 m de longueur.
10Chacune de ces voies est équipée de fossés bordiers parallèles.
11À ceci s’ajoute la présence de cinq structures bâties, dont trois sont maçonnées de pierres. Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire de 111 m2 dont l’étude de l’espace intérieur a révélé la présence d’un niveau de tuiles effondrées surmonté d’un niveau d’effondrement de mur. Un second niveau d’effondrement de tuiles est attesté, à l’extérieur, directement au contact du mur nord. Les deux autres structures bâties, de forme similaire, ont un mur sud linéaire et un mur ouest hémicirculaire. Leurs murs nord et est n’ont pas été reconnus. Le premier bâtiment, d’une superficie avoisinant 38 m2, a été observé sur 9 m de longueur et 7,50 m de largeur environ, tandis que le second a été identifié sur près de 15,50 m de longueur et 10,40 m de largeur pour une superficie de 43 m2.
12Deux bâtiments sur poteaux porteurs, probablement réalisés en matériau périssable, ont été reconnus. L’un est identifiable par un ensemble de trous de poteau, de trous de piquet et d’un foyer observé sur une surface de 17 m2. Le second est caractérisé par un plan légèrement rectangulaire formé de six trous de poteau. Il mesure 3,80 m de longueur pour 3,20 m de largeur, soit 11 m2 environ.
13À ceci s’ajoutent deux structures funéraires avérées, avec couverture en bâtière et couverture de dalles, et trois structures funéraires hypothétiques, sous la forme de fosses oblongues.
14La répartition de ces vestiges permet d’entrevoir un habitat rural antique concentré sur le versant sud des collines bordant la plaine inondable, doté d’un espace funéraire et organisé autour d’un réseau de voies permettant à la fois de circuler sur les collines vers l’ouest et la mer et de relier les basses vallées du Prunelli et de la Gravone.
15Deux occurrences de la période médiévale ont également été mises en évidence. Il s’agit, d’une part, d’un épais niveau charbonneux qui vient sceller une structure d’époque antérieure dans la parcelle D 1133 – une datation radiocarbone révèle que sa mise en place est survenue entre 668 et 776 apr. J.-C. ; et d’autre part, d’un fossé venant border le sud d’une partie de la voie dans la parcelle D 1135, daté par le radiocarbone d’entre 951 et 1041 apr. J.-C.
16Bien que peu nombreux, ces éléments montrent une pérennité de l’occupation humaine dans cet environnement jusqu’à la première moitié du xie s. L’absence d’aménagements supplémentaires suggère un territoire ouvert, peut-être dévolu à l’agriculture ou au pastoralisme, s’étendant de part et d’autre de la voie.
17En dernier lieu, l’occupation contemporaine est caractérisée par la présence d’un casedu ruiné encore visible dans le paysage de la parcelle D 1133. De plan carré et d’une superficie de 21 m2, il est constitué de murs de pierres sèches. L’importante quantité de fragments de tuiles canal présentes dans son niveau d’effondrement suggère une couverture avec ce matériau. Le cadastre de 1867 et une photographie aérienne de 1952 permettent de circonscrire son abandon entre ces deux dates.
18Sa présence et l’absence de traces agraires évoquent une utilisation de ce territoire à des fins pastorales ou d’agriculture peu invasive de type maraîchage. Ceci fait écho à l’utilisation récente de ces terres pour la pâture, le fourrage et le jardin, soulignée par la présence sur la parcelle D 1136 d’une bergerie abandonnée depuis peu.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Vue oblique d’une portion de la couche d’effondrement de tuiles US 1174 au sein du bâtiment BAT1355 |
Légende | Tranchée TR.52 ; parcelle D 1129. |
Crédits | Cliché : M.-L. Mizaël (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/156157/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
Pour citer cet article
Référence électronique
Guillem Boneu-Pouquet, « Bastelicaccia – A Seghia » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 18 mars 2024, consulté le 29 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/156157
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