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Année de l'opération :
2021Numéro d’opération :
082115Chronologie :
époque moderneNature de l'opération :
opération de diagnosticPlan
Haut de pageNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1Une mission complémentaire à la fouille et l’étude du bâti du fortin de Girolata de 2016 s’est déroulée en deux phases entre 2020 et 2021, comprenant l’analyse de l’enveloppe extérieure des deux tours embrochées grâce à un échafaudage en prévision de leur réhabilitation, la fouille de deux sépultures connexes avec trois individus, repérées dans la cour en 2016 (C. Rigeade, anthropologue Inrap), la fouille du chemin de ronde initial contre la fortification transversale sud-est ainsi qu’un sondage dans la cour au sud-ouest. L’ensemble des données issues de ces interventions autorise désormais de tracer un scénario vérifié de l’exceptionnel destin de ce monument.
2Le fortin de Girolata est un complexe défensif initié dès 1551 par l’ingénieur génois Geronimo da Levanto à la demande de l’Office de Saint-Georges, puissante institution financière génoise qui prend le contrôle de la Corse devenue un point stratégique dans le nouvel échiquier méditerranéen. Cette reprise de pouvoir ligure se matérialise par un vaste programme de fortifications, avec l’avènement novateur des citadelles et l’élaboration progressive d’un cordon de tours ceinturant le littoral. Le génie militaire génois va alors trouver ses lettres de noblesse, transformant l’île en un véritable terrain d’expérimentation et donnant naissance à un paysage défensif structuré, à la pointe des techniques de fortification occidentales de l’époque.
Un complexe militaire défensif inédit dès sa conception
3Seul golfe, entre Calvi et Ajaccio, abrité des vents par les massifs environnants et disposant d’une source d’eau douce essentielle à la survie, le site de Girolata bénéficie naturellement d’une position stratégique dans la navigation depuis l’Antiquité en qualité de mouillage et d’escale commerciale… ou barbaresque !
4La conception initiale du fortin met en scène une tour carrée isolée d’esprit médiéval, flanquée de son « ravellino », bastion étoilé à trois branches et principe novateur. Cette solution, totalement inédite, offre un double système de défense pour la tour à partir de son terre-plein bastionné, officiant comme terrasse défensive.
5Son emplacement sur un promontoire naturel et l’utilisation de son éperon comme périmètre extérieur protégé à partir d’une première enceinte transversale rendent compte d’une planification militaire d’emblée complexe.
6La mise au jour du chemin de ronde le long de celle-ci est éloquente et inscrit un véritable dispositif défensif rectangulaire, fermé par une muraille parallèle à la fortification. L’espace ainsi enclos est rythmé par le découpage de la pente abrupte en trois paliers portant chacun trois meurtrières en batterie. L’important décrochement obtenu est compensé par un escalier continu, très mal conservé mais dont certaines marches en briques ou en moellons prolongées par des empreintes dans le rocher en permettent la restitution partielle. Mais surtout, la base de la zone est associée à une porte en briques prise dans cette muraille et qui contrôle la circulation à partir d’un unique chemin bas longeant le rocher et remontant vers le promontoire.
7La fouille réalisée révèle ainsi la dynamique planifiée de cet espace primitivement barré, s’avérant investi et complexe. Ainsi, défendue par son éperon fortifié et tourné vers la mer, la tour carrée loge en bonne logique sa porte d’accès sur cette face, retrouvée dans l’un des plis de sa terrasse bastionnée et défendue par des meurtrières en batterie avec échauguette. Tandis qu’elle-même accueille citerne en fond, cuisine avec four, évier et cheminée au premier étage et chambre avec latrines au second, terminée par une terrasse d’artillerie bordée de mâchicoulis.
8On assiste dès lors à une mise en place initiale de la tour isolée orientée vers la mer (sud), à l’inverse de celle postérieurement montée en fortin et tournée vers la terre (nord).
Fig. 1 – Relevé du chemin de ronde initial contre la muraille transversale de l’éperon barré

DAO : A. Huser, S. Bonnaud (Inrap).
Un fortin secondaire sur le modèle d’une petite citadelle
9L’organisation d’une véritable ligne de fortification à l’orée du xviie s. (1610) est tardive et due à Anton Giovanni Sarrola, ancien militaire génois devenu architecte.
10Choisissant d’intervenir sur la face opposée de la tour par un fort remblaiement de la zone en rattrapage de la pente naturelle et impliquant des techniques de drainage et de confortement adéquats, il dégage une vaste cour fortifiée avec petite chapelle et four à chaux, introduite par une barbacane sur l’ancien accès et magistralement terminée par deux bastions avec échauguettes, parachevant la conception militaire du fortin sur le modèle d’une petite citadelle.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Relevé du chemin de ronde initial contre la muraille transversale de l’éperon barré |
Crédits | DAO : A. Huser, S. Bonnaud (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/156207/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 533k |
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Titre | Fig. 2 – Orthophotographie de la porte d’accès et de la meurtrière avec solin mises au jour sur la face est de la terrasse bastionnée initiale de la tour de Girolata |
Crédits | Topographie et clichés : M. Inisan ; DAO : S. Bonnaud (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/156207/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,1M |
Pour citer cet article
Référence électronique
Astrid Huser, « Osani – Fortin de Girolata » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 18 mars 2024, consulté le 18 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/156207
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