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Année de l'opération :
2021Numéro d’opération :
082231Nature de l'opération :
fouille programméeTexte intégral
1Le site de Poggio di Mezzana est une sépulture collective du premier âge du Fer. L’étude de la salle inférieure a fourni, lors des deux campagnes menées en 2021, un certain nombre d’informations sur l’aménagement de la cavité, sur la période d’occupation et sur le déroulement des pratiques funéraires ; par ailleurs, la fouille a bien établi qu’il s’agissait d’un site intact au sein d’une vaste zone funéraire, qualifiable de nécropole, largement dévastée par les fouilles clandestines.
2L’aménagement de l’abri a consisté à rapporter de l’extérieur un important volume de blocs et de dalles qui ont été utilisés pour bâtir à la fois des séparations internes, un dallage inférieur servant de support aux dépôts des restes osseux et du mobilier, et un empierrement supérieur tenant lieu de condamnation de la sépulture. Les ouvertures naturelles de l’abri ont été retaillées et aménagées de manière à faciliter les allées et venues des officiants. La fermeture intégrale de l’abri après la fréquentation funéraire est supposée par analogie avec d’autres sites insulaires, mais n’est pas affirmable dans ce cas avec certitude. Des blocs d’un volume très conséquent ont été employés dans l’aménagement ; ils permettent notamment de créer des séparations entre différentes zones articulées autour de l’espace central où ont eu lieu les dépôts ; ces blocs de taille très massive auraient éventuellement été prélevés sur place, en déroctant les parois naturelles de l’abri.
3L’étude anthropologique, encore à un stade préliminaire, a révélé la présence d’au moins cinq individus, adultes et enfant, a priori incomplets. La majorité des restes osseux sont brûlés et relèvent d’une exposition au feu peu poussée (moins de 300-350°C). Une petite proportion des os n’est cependant pas brûlée et permet de concevoir la présence des deux rites – inhumation et incinération – au sein du même complexe funéraire. Nous ignorons si les restes non brûlés, tous déconnectés, proviennent de corps ramenés entiers dans l’abri ou de dépôts secondaires d’os erratiques préalablement sélectionnés.
4Les opérations d’incinération ont eu lieu dans la zone centrale : le fait est démontré par la grande quantité de restes osseux brûlés et en particulier de très nombreuses et minuscules esquilles réduites par le feu, la présence de foyers (faits FY1 et FY2) et l’abondance des fragments de charbons. La découverte de connexions partielles d’une part, d’éléments particulièrement labiles (épiphyses de phalanges non soudées, os hyoïde, sésamoïdes) d’autre part, semble attester que ce sont des corps entiers qui ont été déposés et brûlés sur place, et non des os isolés. La présence de multiples conglomérats de terre crue, plus ou moins fragmentaires, et brûlés secondairement suggère l’hypothèse d’aires de crémation mobiles montées sur des supports en argile et en bois. Cette zone centrale, la seule à comporter un dallage inférieur très structuré, correspond donc à la zone sépulcrale stricto sensu.
5Alentour, les zones périphériques sont plus pauvres en restes osseux, et il ne peut s’agir d’espaces dédiés à des dépôts secondaires : les esquilles et les restes labiles – dents, épiphyses, petits os des extrémités – y sont trop parcimonieux pour envisager la présence de corps placés à cet endroit – ou alors, de façon très provisoire, sans leur laisser le temps de se décomposer ; ces restes ont bien plus probablement été distraits de la zone des crémations, que ce soit par prélèvement volontaire, comme c’est probablement le cas dans un compartiment adjacent riche en ossements disjoints, ou par le jeu des bioturbations et du fluage sédimentaire.
6Les objets métalliques sont retrouvés au contact des restes osseux mais jamais en position fonctionnelle, et, moins souvent, dispersés dans les espaces périphériques. Les éléments de collier – pendeloques, tubes spiralés – et de chaînette sont largement dissociés au sein de la zone sépulcrale. Deux bracelets entiers ont été découverts associés, peut-être enserrés l’un dans l’autre, dans ce cas de façon intentionnelle. Deux anneaux coulés et plusieurs ornements tubulaires complètent cette série.
7Les tessons de céramique sont retrouvés dans les mêmes conditions, à cela près que la plupart se trouvent hors de la zone des crémations. Les vases n’ont probablement pas été déposés dans ces lieux, car aucune portion suffisamment complète n’a été mise au jour ; par contre, ils ont subi, pour la majorité d’entre eux, l’exposition à la crémation, ce qui expliquerait leur état fragmentaire – dans l’hypothèse où ils ont été introduits entiers ; le dépôt intentionnel de vases fragmentés, cependant, est envisageable dans un cas au moins, sous la forme de deux fonds brûlés comportant une partie de la paroi, découverts emboîtés, et probablement distraits de la zone des crémations pour être déposés à l’écart (fait DP1).
8Au vu des différentes séries mobilières, la datation semble relativement serrée et tout entière comprise entre la fin du viie et la fin du vie s. av. J.-C., confirmant la contemporanéité de cette tombe avec une des occupations du site voisin de Cozza Torta. On relève néanmoins l’absence de tout élément d’importation.
9Les perspectives pour 2022 sont d’achever la fouille de la plateforme inférieure, où ne subsistent désormais que des zones témoins, puis de sonder les diverticules annexes et – si les conditions le permettent – la petite salle en surplomb, qui a révélé également la présence de mobilier et de structures.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Zone centrale : plan général de la couche sépulcrale Us 03 |
Légende | Le foyer FY1 est à droite sur l’image, le foyer FY2 à gauche. |
Crédits | DAO : J.-L. Milanini. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/156222/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 937k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Jean-Louis Milanini, « Porto-Vecchio – Poggio di Mezzana » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 18 mars 2024, consulté le 23 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/156222
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