1Le site était en terre ferme en 1985. Vers 1993, la rivière a rouvert un paléochenal qui a dégagé les pieux. Depuis, celui-ci s’est fermé et il se trouve à présent dans un bras mort de l’Allier en phase d’envasement.

2Le dispositif comportait quinze pieux lors de son signalement en 2016. En 2023, il n’en compte plus que neuf, illustrant, de ce fait, la fragilité de ces bois découverts par les eaux, et qui disparaissent en quelques années. Les bois sont issus de la ripisylve locale, ronds et non taillés, avec un diamètre moyen de 11 cm. Ils sont sommairement alignés, tous les mètres, nord-ouest – sud-est sur une longueur restante de 7,75 m, formant deux lignes irrégulièrement écartées l’une de l’autre de 1,50 m au plus étroit, à 2,60 m au plus large. Une datation ¹⁴C donne une fourchette bien ciblée à 2 sigma, entre 1222-1300 apr. J.-C.

3La vallée était autrefois parcourue par un réseau de tresses fluviales sur une largeur de 1 925 m et le paysage, jusqu’à l’époque contemporaine, était parsemé d’îles, parfois exploitées. Dans les premiers documents cartographiques disponibles au xvii^e s., figurent un port des Jarraux et un passage de la rivière. Les ports de l’Allier sont généralement des ouvrages modestes, en raison des changements fréquents de l’emplacement du lit de la rivière. Un passage par bac a perduré jusqu’au xix^e s. Enfin, au Moyen Âge, le sire de Busset a des droits de péage sur les bateaux circulant sur l’Allier, aux Jarraux, dépendant de Saint-Yorre.

4L’ouvrage pourrait être destiné à un franchissement modeste au regard de la section des pieux, des bois blancs non travaillés de bord de rivière et des alignements peu soignés. Ce type de passerelle existe dans les zones de tresses et d’îles fluviales et peut avoir un usage purement domestique, comme un accès à des parcelles agricoles. Sa fragilité ne permet toutefois que le passage par homme.

5Il pourrait aussi, au regard de l’existence possible d’une zone de rupture de charge signalée par une carte de 1692 et existant encore au xix^e s., constituer un appontement d’accès pour l’abordage d’un bac ou encore destiné à l’abordage de bateaux comme point de perception de péage. Un péage fluvial est actif aux Jarraux au Moyen Âge. Les archives le signalent au xv^e s. et il persiste jusqu’à sa suppression en 1733.

6La longueur restante et l’écart faible des pieux ne permettent pas l’implantation d’une telle structure en eau courante et n’y est surtout pas nécessaire. L’abordage habituel peut se faire normalement sur une berge suffisamment abrupte pour l’accès des bateaux. Le tirant d’eau des bateaux de Loire étant de 80 cm chargés, il semble que la berge ait été en pente trop douce par rapport à la rive, sans doute dans un recul, nom donné à un bras de rivière accessible par l’aval, mais en partie colmaté en amont, et qu’il ait été nécessaire d’avancer l’appontement jusqu’à une zone plus profonde.

Fig. 1 – État du site lors de son signalement en 2016 : quinze pieux étaient alors visibles

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Au moins douze le sont sur la photographie.

Cliché : équipe.

Fig. 2 – En 2023, neuf pieux seulement sont conservés

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Cliché : équipe.