1L’opération de diagnostic qui s’est déroulée place de la Poterie à Montluçon, en amont des travaux de revitalisation du centre historique (piétonnisation et végétalisation de l’espace urbain) projetés par la municipalité, a livré des résultats intéressants. En dépit de la faible surface sondée (moins de 4 % de la surface prescrite, en raison de la présence assez dense de réseaux enterrés actifs), le cimetière paroissial dépendant de l’église Saint-Pierre a pu être mis en évidence.

2En effet, toutes les tranchées archéologiques ont livré des sépultures en concentration variable (fig. 1), confirmant la présence d’une nécropole utilisée sur le temps long. Dans les deux tranchées occidentales (T3 et T4), la maçonnerie mise au jour (F309-F410) pourrait être assimilée au mur de clôture du cimetière, ou du moins à un cloisonnement de l’espace interne. S’il n’est pas certain qu’il ait été présent lors de la première phase d’inhumation, il fonctionne avec quelques niveaux de sépultures, puisque l’orientation de l’une d’elle est conditionnée par celle du mur (SP412, fig. 2). Cependant, ce secteur a été perturbé à plusieurs reprises par l’implantation de réseaux (gaz et eau), ce qui ne permet pas une bonne vision d’ensemble.

Fig. 1 – Localisation des sondages archéologiques, des structures mises au jour et des logs dans l’emprise prescrite

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Échelle : 1/200.

Topographie : S. Dohr ; DAO : B. Oury (Inrap).

Fig. 2 – Vue oblique de la sépulture SP412 associée au mur F410 et au drain F411

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Tranchée 4.

Cliché : B. Oury (Inrap).

3Dans les tranchées orientales (T5, T6 et T7), un empilement plus dense de sépultures a été observé. Globalement orientées vers l’est (tête à l’ouest), elles regroupent des adultes comme des immatures, ainsi que des réductions. Cinq niveaux différents, plus ou moins perturbés par les inhumations postérieures, ont été mis en évidence.

4Parmi le mobilier récolté, beaucoup d’éléments de cercueil ont été observés (clous, poignées, etc.). Ils appartiennent aux sépultures les plus récentes (époque moderne). Un des défunts (SP507), probablement inhumé au xvii^e s. ou au début du xviii^e s., compte tenu de sa position haute, était accompagné d’un bracelet en perles de pâte de verre, dont certaines sont taillées (fig. 3). La plupart des sépultures livrent des épingles en alliage cuivreux, probablement employées pour fermer les linceuls ou les vêtements, et quelques-unes contiennent des embouts métalliques de cordon. À cela s’ajoutent, dans les niveaux d’inhumation intermédiaires, des petites bouteilles, des petites cruches ou des tirelires en céramique, globalement datées des xiii^e-xiv^e s., reflet de pratique de dépôts funéraires bien attestée pour cette période en Bourbonnais.

Fig. 3 – Sépultures SP 507 et SP 508

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Tranchée 5.

Cliché : (Inrap).

5Si la date d’abandon du cimetière est relativement bien documentée, puisque les registres municipaux du xviii^e s. font état de son déplacement effectif à l’extérieur de la ville autour de 1780, la période de mise en place des premières sépultures n’était pas connue. La céramique associée à certaines tombes nous permet de la placer dans le courant du xiii^e s., ce que les datations ¹⁴C confirment et précisent. En effet, le niveau d’inhumation le plus profond, remarqué dans le substrat argileux, juste au niveau de la nappe phréatique (SP517), a été daté de la fin du xii^e s. au début du xiii^e s.

6Cette période est légèrement postérieure à la construction de l’église Saint-Pierre, dont le chœur est daté du xii^e s. Le niveau de sépultures immédiatement supérieur est, lui, daté de la fin du xiii^e s. au début du xiv^e s., ce qui est cohérent avec les céramiques qui y ont été retrouvées.

7L’enchaînement de ces niveaux d’inhumation, sur près d’1,80 m de profondeur et observé sur de petites emprises, montre un cimetière utilisé sans interruption de la fin du xii^e s. à la fin du xviii^e s. et laisse entrevoir une grande concentration de sépultures sur toute l’emprise de la place.