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2023
74 – Haute-Savoie

Les stations palafittiques du Bronze final du lac d’Annecy

Prospection thématique (2023)
Responsable d’opération : Yves Billaud

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture

Billaud Y. 2024 : Les stations palafittiques du Bronze final du lac d’Annecy (Haute-Savoie) : Sévrier : le Crêt de Chatillon, Veyrier-du-Lac : sous les Guerres, Annecy-le-Vieux : le petit Port 2, rapport de prospection thématique subaquatique 2023, Marseille, Drassm.

Texte intégral

1Les opérations sur les sites du Bronze final du lac d’Annecy ont été initiées en 2017, suite aux premières campagnes de suivi des palafittes inscrits en 2011 au patrimoine mondial par l’Unesco. Le constat de départ est un déficit de documentation en regard de celui obtenu ces dernières années sur les sites du Bronze final du lac du Bourget.

2Afin de progresser dans la connaissance du Bronze final du lac d’Annecy, il a été retenu d’articuler chaque campagne autour d’un site principal, le Crêt de Chatillon, tout en ciblant d’autres sites afin de moduler les interventions en fonction des conditions locales ainsi que des équipes et des moyens disponibles. En effet, en 2023, l’opération de terrain a concerné le Crêt de Chatillon, ainsi que, pour une première reconnaissance, le Roselet et Ruphy. Mais il n’a pas été possible d’intervenir sur le site du Petit Port 2. D’autre part, des analyses par le radiocarbone ont pu être réalisées sur des échantillons du site de Sous les Guerres, levant l’incertitude sur sa datation, et permettant de l’exclure de la liste des sites du Bronze final.

Sévrier, le Crêt de Chatillon

3Le Crêt de Chatillon est l’un des rares sites insulaires des lacs savoyards. Implanté sur un haut-fond à 800 m de la rive actuelle, il a été repéré en 1856 et a fait l’objet de pêches aux antiquités lacustres. Raymond Laurent y mène des travaux précurseurs à la fin des années 1960. Le « four de Sévrier » alors découvert est, en 1974, récupéré, sans grande méthode, pour être exposé au Musée Château. De 1980 à 2001, le CNRAS (Centre national des recherches archéologiques subaquatiques) puis le Drassm, auquel le CNRAS est intégré à partir de 1997, y mènent différents travaux, mais les rapports manquent pour ces travaux.

4En 2015 et 2016, le site est revu sous notre responsabilité dans le cadre du suivi des palafittes inscrits par l’Unesco. Une partie des repères des opérations antérieures est retrouvée et rattachée topographiquement. Les observations faites motivent une opération de topographie dès 2017.

5En 2023, à l’issue de la septième campagne, 88 % des 6 750 m2 de l’emprise du site sont couverts, avec 5 780 pieux et piquets. Bien que, sur la partie haute du site, les couches archéologiques soient très érodées et affectées de ramassages et pillages anciens, du mobilier métallique est encore présent. Sur le flanc ouest du haut-fond, une concentration d’épingles en bronze, avec une vingtaine d’exemplaires de types variés, pose la question d’une fonction particulière de ce secteur. Un nouveau galet à cannelure périphérique a été découvert. Avec maintenant dix exemplaires, le corpus de ces objets particuliers est l’un des plus importants découverts en contexte pour les palafittes des lacs alpins.

6D’autre part, un décapage des limons superficiels a été réalisé sur le flanc est du haut-fond, dans la zone présumée de la découverte du four. Sur 10 m2, de nombreux tessons ont été mis au jour, ainsi que de nouveaux petits fragments de four. Au moins l’un d’eux pourrait remonter sur la cheminée du four éponyme. La présence de tessons surcuits et de fragments de tore pose à nouveau la question de la fonction du four. L’hypothèse d’une zone de rejet suite à un incendie est également envisageable.

7D’autre part, une nouvelle série d’échantillons a été prélevée sur des pieux pour une analyse dendrochronologique, les abattages déterminés à ce jour, autour de -1050 et sur à peine une quinzaine d’années, de -915 à -900, ne pouvant rendre compte à eux seuls de la densité élevée de pieux. Enfin, une couverture photographique par drone a été réalisée.

Fig. 1 – Le Crêt de Chatillon : vue verticale

Fig. 1 – Le Crêt de Chatillon : vue verticale

Le nord est en haut à droite.

Cliché (drone) : E. Berry (Drassm).

Duingt, le Roselet et Ruphy

8Tout comme le Crêt de Chatillon, le Roselet a la particularité d’être implanté sur un haut-fond. Celui-ci est situé à la limite entre le Grand Lac et le Petit Lac, dans le prolongement de la presqu’île de Ruphy. Le site est repéré dès 1856, et, comme nombre de palafittes, il subit l’action des pêcheurs d’antiquités lacustres, qui, en 1884, vont jusqu’à mettre en œuvre une drague à vapeur. Après-guerre, le site fait l’objet de ramassages désordonnés par les premiers plongeurs sportifs. En 1984, le CNRAS prélève une série d’échantillons pour la constitution des premières références dendrochronologiques des lacs alpins. Deux périodes d’abattages sont mises en évidence : d’une part entre -1058 et -1033, et, d’autre part, entre -979 et -879.

9Suite aux résultats obtenus en 1992 à Ruphy, avec un sondage sur des niveaux du Bronze final exceptionnellement conservés, une opération est réalisée en 1995 pour rechercher des éléments de comparaison. Plusieurs axes sont implantés et une bathymétrie est relevée. Le haut-fond est une bande étroite longue de 125 m, pour une largeur maximale de 30 m. La profondeur est réduite, de moins d’un mètre sur le point haut. Comme le Crêt, le site est très érodé. La densité de pieux est remarquablement élevée, pouvant atteindre 3,5 pieux/m2.

10En 2023, une bathymétrie détaillée a été réalisée par la société annécienne Latitude Drone. Comme pour le Crêt de Chatillon, elle constitue le fond du système d’information géographique mis en place pour le site.

11Nos prospections ont permis de retrouver la plupart des repères de 1995 et de les positionner grâce à un GPS différentiel de haute précision. Les relevés antérieurs ont ainsi pu être géoréférencés. Il en est de même pour une série de repères de 1980, permettant ainsi de remettre en contexte au moins une partie des premiers échantillons datés.

12D’autre part, face au constat de l’importante fréquentation touristique du site avec l’amarrage de bateaux et le piétinement par des baigneurs, un bilan sanitaire a été initié.

13Enfin, comme pour le Crêt, une documentation photographique par drone a pu être réalisée lors d’une courte fenêtre météo, mais avec une transparence réduite de l’eau suite à une période pluvieuse.

Fig. 2 – Duingt, le Roselet : topographie au récepteur GNSS

Fig. 2 – Duingt, le Roselet : topographie au récepteur GNSS

Cliché : S. Gadat (Drassm).

Fig. 3 – Duingt, le Roselet : bord sud du site avec une forte densité de pieux dont certains traversés d’une mortaise

Fig. 3 – Duingt, le Roselet : bord sud du site avec une forte densité de pieux dont certains traversés d’une mortaise

Cliché : Y. Billaud (Drassm).

Veyrier-du-Lac, Sous les Guerres

14Ce site est connu dès le xixe s., mais il est retrouvé en 1979, seulement. En 1990, le CNRAS procède à une topographie partielle des pieux et à un échantillonnage de bois. Par l’étude dendrochronologique, une datation est proposée, avec réserve, avec des abattages de -963 à -937. Mais ce résultat pose problème, car il s’agit d’une période de haut niveau du lac, et, dans les collections anciennes, le mobilier se rattache au Néolithique et au Bronze ancien.

15En 2019, dans le cadre de la prospection thématique, les anciens repères sont géoréférencés. Un double alignement de gros pieux de résineux est mis en évidence et de nouveaux échantillons sont prélevés pour datation.

16La dendrochronologie ne permettant pas de synchronisation correcte des séquences, deux échantillons ont été soumis à l’analyse par le radiocarbone. Les résultats ont été obtenus début 2023, avec :

  • pour un des pieux en chêne (no 504) : Ciram-6520, 2856 – 2494 cal BC, soit le Néolithique final ;
  • pour l’un des résineux du double alignement (no 480) : Ciram-6519, 336-330 et 196-46 cal BC, soit le second âge du Fer.

17Si ces résultats amènent de nouvelles interrogations sur l’occupation de cette bande littorale, en particulier au second âge du Fer, ils amènent à sortir le site de la liste de ceux concernés par la prospection thématique.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Le Crêt de Chatillon : vue verticale
Légende Le nord est en haut à droite.
Crédits Cliché (drone) : E. Berry (Drassm).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/158395/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 287k
Titre Fig. 2 – Duingt, le Roselet : topographie au récepteur GNSS
Crédits Cliché : S. Gadat (Drassm).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/158395/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Titre Fig. 3 – Duingt, le Roselet : bord sud du site avec une forte densité de pieux dont certains traversés d’une mortaise
Crédits Cliché : Y. Billaud (Drassm).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/158395/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Yves Billaud, « Les stations palafittiques du Bronze final du lac d’Annecy » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 03 juin 2024, consulté le 19 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/158395

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Auteur

Yves Billaud

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