1Ce diagnostic archéologique préventif intervient dans le cadre du projet de construction d’une maison individuelle à Menthon-Saint-Bernard (Haute-Savoie), dans le quartier de Bouverat.

2L’emprise étudiée concerne une surface de 1 664 m², située entre 454,50 et 457 m d’altitude au pied du versant septentrional du Roc de Chère, à 180 m de la rive orientale du lac d’Annecy.

3Six tranchées ont été creusées du 30 janvier au 2 février 2023, dans un secteur situé à environ 200 m du site connu sous le nom des « thermes » ou des « bains romains » de La Muraz (dans le parc du Palace Hôtel), et à 100 m de la source du Var (square des Bains). Ces sondages n’ont pas révélé de vestiges témoins directs d’occupations anciennes.

4La stratigraphie est néanmoins complexe. Si une migration nord-sud du ruisseau des Bottières longeant actuellement la limite méridionale de l’emprise peut être décelée par trois séquences successives, la dernière séquence, de chronologie, semble-t-il, historique (post ii^e-iii^e s.), est plurielle. Un paléoru fonctionne avant cette période dans un chenal profond localement de 2,30 m, mais s’atterrit progressivement à cette période et postérieurement.

5En effet, au milieu de ruissellements plus ou moins actifs, dont les dépôts contiennent tous des fragments de tuiles romaines, un paléosol a été « miraculeusement » préservé dans un des sondages, sous la forme d’un sol organique marécageux. La couche, représentative, par les six petits tessons de céramique qu’elle contient et son statut de pédosol, témoigne d’une fréquentation des lieux à la fin du ii^e ou au début du iii^e s. Elle est enfouie sous 1,75 m d’alluvions puis de colluvions. Les artefacts et charbons observés dans ces couches et dans le pédosol proviennent probablement du site dit de Bouverat, mis au jour en 1992 en amont, 15 m à l’est, à l’occasion de la construction d’une piscine privée. Les vestiges alors découverts correspondaient à une partie très restreinte d’un bâtiment comportant un dispositif de chauffage (hypocauste et praefurnium).

6La parcelle étudiée cette année borde au nord le ruisseau canalisé des Bottières, dont la mappe sarde, dressée dans les années 1730, nous apprend qu’il formait, avant la création des communes françaises, la frontière entre les territoires de Talloires et de Menthon.

7Les « thermes » et la source de Menthon se trouvaient donc à l’époque moderne sur le territoire du prieuré, devenu abbaye de Talloires, ce qui peut expliquer certaines confusions rencontrées dans la bibliographie à propos de la localisation des découvertes archéologiques faites anciennement dans les environs.

Fig. 1 – Plan détaillé des sondages

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Topographie : P. Neury ; DAO : L. Kuntz (Inrap).

Fig. 2 – Vue du chantier avec, à l’arrière-plan, le palace des thermes au pied du Roc de Chère

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Depuis le nord-est.

Cliché : N. Chaudey (Agence 580 Rive Est).

Fig. 3 – Le mobilier de l’US 19 dans le sondage 3

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Cliché : C. Landry (Inrap).