1Ce diagnostic archéologique préventif intervient dans le cadre du projet de construction d’immeubles de logements collectifs et de services à Sciez (Haute-Savoie) à proximité des anciens hameaux de Bonnatrait et d’Excuvilly. L’emprise étudiée concerne une surface de 16 250 m², située entre 400 et 405,50 m d’altitude, au bord de l’ancienne RN 5, actuelle avenue de Bonnatrait.

2Quinze tranchées ont été creusées du 17 au 21 avril 2023. La stratigraphie du site est intéressante pour la variété des substrats mis au jour et des milieux dont ils témoignent. Deux phases de transgression lacustre du lac Léman semblent identifiables. L’une, du fait de dépôts indiquant une relative profondeur, suppose un rivage plus au sud de l’emprise. L’autre, par ses dépôts littoraux sableux, indique un probable rivage au nord de l’emprise. Les cotes atteintes par ces deux rivages indiquent, d’après les recherches antérieures, une chronologie fini- à tardiglaciaire. Ces hypothèses sont à évoquer avec la plus grande prudence, car nos recherches sont limitées par des observations très ponctuelles. Ensuite, des dépôts morainiques peu épais indiquent une réavancée glaciaire ponctuelle. Après son retrait, le paysage, désormais terrestre, est progressivement colonisé par la végétation durant le réchauffement climatique holocène et évolue sur lui-même. Les processus colluviaux issus de l’érosion des versants recouvrent les substrats sur près d’un mètre d’épaisseur sous influence anthropique, comme en témoignent les quelques fragments de terre cuite architecturale et de charbons trouvés en leur sein.

3Les sondages n’ont pas révélé de vestiges témoins d’occupations anciennes. Cette absence autorise à voir le secteur comme un espace intercalaire aux époques pré- et protohistoriques, tandis qu’elle incite à circonscrire l’occupation antique d’Excuvilly, dont l’extension n’atteint donc pas les présentes parcelles sondées au nord du hameau. Le faible taux d’exploration en bordure de l’avenue de Bonnatrait ne condamne pas totalement les possibilités d’implantations antiques et médiévales proches de cet axe de circulation moderne.

4Enfin, les terrains sont des champs cultivés entre le xviii^e s. et le xix^e s., moment où est construite la ferme qui a été démolie préalablement à notre intervention, sans évaluation d’ordre patrimonial.